Assaut du Capitole : le "chaman" lié à QAnon condamné à près de trois ans et demi de prison
Jacob Chansley est l'un des visages les plus connus de cette attaque du siège du Congrès. En septembre, il avait plaidé coupable d'entrave à une procédure officielle, devant un tribunal fédéral de Washington.
Un militant pro-Trump complotiste, devenu avec sa coiffe aux cornes de bison un des visages de l'attaque du Capitole le 6 janvier, a été condamné à près de trois ans et demi de prison par un tribunal de Washington, mercredi 17 novembre. Jacob Chansley, 34 ans, "est devenu l'image même" de cette journée de chaos qui a fait trembler la démocratie américaine, a souligné le juge Royce Lamberth en prononçant une sentence de 41 mois d'emprisonnement. "Ce que vous avez fait est terrible", a-t-il ajouté, tout en prenant en compte les "remords" de l'accusé.
Armé d'une lance et torse nu, ce "chaman" autoproclamé et adepte des théories du complot de la nébuleuse QAnon avait participé à l'envahissement du Congrès avec des centaines de partisans de Donald Trump, pour empêcher les élus de valider la victoire du démocrate Joe Biden à l'élection présidentielle. Il avait pénétré dans l'hémicycle du Sénat, s'était assis sur la chaise réservée au vice-président Mike Pence et avait laissé une note disant : "Ce n'est qu'une question de temps, la justice arrive !"
"Je suis un homme bon qui a enfreint la loi"
L'homme, originaire de Phoenix, dans l'Arizona, avait été arrêté quelques jours après les faits et est en détention depuis dix mois. En septembre, il avait plaidé coupable d'entrave à une procédure officielle, devant un tribunal fédéral de Washington. Le 10 novembre, l'accusation avait réclamé 51 mois de prison, ce qui aurait été la plus lourde peine prononcée contre un participant à l'assaut du 6 janvier, même si les charges de violences ont été abandonnées.
Cette peine sévère "suffira à dissuader à jamais tout acte criminel de ce genre, a expliqué la procureure Kimberly Paschall. La justice ne restera pas les bras croisés alors que vous attaquez le transfert pacifique du pouvoir." Pour expliquer sa sévérité, elle a rappelé que Jacob Chansley avait posté des "messages au vitriol" sur les réseaux sociaux contre "les 'responsables politiques corrompus' et les 'traîtres' au sein du gouvernement" bien avant les événements du 6 janvier.
"Une foule à l'assaut du Capitole avec pour but de perturber les activités des parlementaires n'est pas pacifique, c'est une entrave criminelle."
Kimberly Paschall, procureurelors du procès de Jacob Chansley
S'adressant au juge, Jacob Chansley a affirmé n'être "pas un dangereux criminel" mais souffrir de "troubles de la personnalité" qu'il veut soigner pour devenir un "homme meilleur". "Je ne suis pas un homme violent, ni un insurgé et certainement pas un terroriste. Je suis juste un homme bon qui a enfreint la loi", a-t-il expliqué. Placé à l'isolement en prison, il dit avoir eu le temps de se regarder dans un miroir pour se dire : "Mec, tu as vraiment déconné." Avant son jugement, son avocat Albert Watkins avait assuré que Jacob Chansley avait répudié la mouvance QAnon et s'était dit "déçu" par Donald Trump.
>> Comment la mouvance conspirationniste QAnon s’est infiltrée en France
Au total, 664 personnes ont été inculpées à des degrés divers pour leur participation à l'assaut meurtrier, selon le programme de recherche spécialisé dans l'extrémisme à l'université George-Washington (en anglais). Cinq personnes sont mortes pendant ou peu après l'attaque, dont un policier et une manifestante tuée par un agent à l'intérieur du bâtiment. En outre, deux agents de police se sont suicidés dans les jours et les semaines suivantes, sans qu'un lien direct ait pu être établi.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.