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Etats-Unis : cinq preuves que la campagne de Donald Trump a du plomb dans l'aile

Certains dirigeants républicains, outrés par les provocations de leur candidat à la Maison Blanche, commencent à se désolidariser du magnat de l'immobilier. Et cela pourrait lui coûter très cher.

Article rédigé par Kocila Makdeche
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Donald Trump, le 12 août 2016, à Erie (Pennsylvanie, Etats-Unis).  (ERIC THAYER / REUTERS)

Pour battre Hillary Clinton dans la course à la Maison Blanche, Donald Trump est prêt à tout. Depuis quelques semaines, le candidat républicain à la présidentielle multiplie les provocations à l'encontre de son adversaire démocrate ou de Barack Obama.

Dernier fait en date : l'homme d'affaires a accusé l'actuel président américain d'avoir "fondé" l'organisation Etat islamique (EI). Mais ces violentes attaques commencent à décrédibiliser dangereusement le candidat. Francetv info donne cinq preuves qui montrent que la campagne de Donald Trump devient de plus en plus laborieuse.

1Ses provocations passent de moins en moins

Barack Obama "est le fondateur de l'EI. Il est le fondateur de l'EI, OK ? Il est le fondateur. Il a fondé l'EI. Et je dirais qu'Hillary Clinton est sa cofondatrice tordue", a martelé, mercredi 10 août, Donald Trump pendant un meeting en Floride. Une accusation pour le moins grossière, au point que CNN a choisi de ne pas seulement rapporter ces propos, mais de les contester directement dans son bandeau d'actualité. "Trump qualifie Obama de fondateur de l'Etat islamique (il ne l'est pas)", pouvait-on lire à l'antenne de la chaîne d'information.

Donald Trump a fini par revenir sur ces propos en affirmant qu'ils étaient "sarcastiques". Mais cette accusation continue de décrédibiliser la candidature du magnat de l'immobilier, critiqué quelques jours plus tôt pour ses propos contre une mère d'un soldat américain musulman mort en Irak.

Plusieurs personnalités, comme l'acteur Robert De Niro, ont condamné le comportement du candidat républicain. "Ce qu'il raconte est totalement fou, ridicule. Il est complètement cinglé", a lancé l'acteur américain, lors de l'ouverture du festival du film de Sarajevo (Bosnie-Herzégovine), le 13 août. Il a aussi comparé la personnalité de Donald Trump à celle du personnage de Travis Bickle, l'antihéros qu'il a interprété il y a quarante ans dans Taxi Driver. Dans le film, ce vétéran de la guerre du Vietnam, devenu chauffeur de taxi, sombre peu à peu dans la schizophrénie et la paranoïa. 

2Il ne cesse de reculer dans les sondages

Ces déclarations polémiques semblent désormais peser dans les sondages : l'homme d'affaires ne cesse de s'enfoncer dans les enquêtes d'opinion. Il est désormais distancé par Hillary Clinton de 11 points en moyenne dans le Colorado, de 9 points en Pennsylvanie, de 8 points en Virginie et de 7 points dans le New Hampshire, comme le note Le Figaro

Plus grave, Donald Trump est aussi donné perdant (dans des proportions moindres) dans des Etat traditionnellement acquis aux Républicains comme l'Arizona, la Caroline du Nord ou la Géorgie, note le quotidien. 

3Son directeur de campagne est accusé de corruption en lien avec les Ukrainiens pro-russes

Autre coup dur pour le camp Trump : les relations douteuses qu'entretiendrait son directeur de campagne avec le parti pro-russe de l'ancien président ukrainien, Viktor Ianoukovitch. Le New York Times (en anglais) a révélé que le nom de Paul Manafort, stratège républicain de longue date, figure sur des livres de comptes secrets actuellement aux mains d'enquêteurs gouvernementaux ukrainiens. 

Cette comptabilité du parti de l'ex-président Viktor Ianoukovitch, chassé du pouvoir en 2014, fait figurer Paul Manafort comme le destinataire de versements illégaux d'un montant de 12,7 millions de dollars (soit 11,35 millions d'euros). S'il n'y a aucune preuve que le directeur de campagne de Donald Trump ait bien touché cet argent, le lobbyiste a admis que sa société avait œuvré en Ukraine jusqu'aux élections parlementaires d'octobre 2014.

Cette affaire relance le débat sur les connections entre l'équipe de Donald Trump et le Kremlin. En juillet, WikiLeaks a publié des milliers d'e-mails de responsables démocrates, interceptés, selon l'entourage d'Hillary Clinton, par des hackers russes agissant sur ordre du Kremlin. Le chef de campagne de la candidate démocrate, Robby Mook, avait alors accusé Moscou de vouloir déstabiliser son camp pour faire le jeu de Donald Trump. Sur Twitter, l'homme d'affaires avait affirmé n'avoir aucun lien avec la Russie, mais il avait loué, à plusieurs reprises, les qualités de Vladimir Poutine, qui lui avait renvoyé l'ascenseur dans des déclarations publiques.

4Son camp ne croit plus en la victoire et se désolidarise

Ces différentes critiques sur la campagne de Donald Trump divisent le parti républicain. "Considérant le bilan de sa campagne, il n'y a aucune chance qu'il gagne. Il perd plusieurs groupes de personnes qu'il ne pourra plus rejoindre", a confié à AP (en anglais) l'ancienne conseillère stratégique de George W. Bush, Sara Fagen.

Dans un éditorial daté du dimanche 14 août, le Wall Street Journal (article payant, en anglais) s'est adressé à Donald Trump. "Il doit cesser de critiquer tout le monde et décider s'il veut se conduire comme quelqu'un qui veut être président – ou passer la candidature à Mike Pence [le vice-président de Donald Trump]", écrit le quotidien, dont le conseil éditorial soutient en général le camp républicain.

Dans un entretien au Time, cité par le Figaro, l'homme d'affaires balaie les remontrances venant de son camp. "J'écoute des gens qui me disent d'être moins agressif, plus gentil, moins brutal. OK, je veux bien. Mais personnellement, je ne suis pas sûr que ce soit ce que veut le pays", affirme-t-il.

5Il risque de ne plus être financé

Ecœurés par la campagne présidentielle, une centaine d'élus républicains influents ont signé une lettre ouverte adressé au président du comité national du parti, Reince Priebus, pour lui demander de couper le financement de Donald Trump. "Tout dollar dépensé sur Donald Trump est un dollar gaspillé en faveur d'un candidat qui affaiblit le Grand Old Party [le surnom du parti républicain]", écrivent-ils.

Ces derniers supplient ainsi la direction du parti de réorienter l'argent et la logistique vers d'autres enjeux du scrutin du 8 novembre – comme le renouvellement de la Chambre des représentants, d'une partie du Sénat et de certains postes de gouverneurs – que les républicains peuvent encore remporter, contrairement à la présidentielle, selon eux. D'après le quotidien du Congrès, The Hill (en anglais), qui cite le stratège républicain Ron Bonjean, Donald Trump a jusqu'au 5 septembre, le jour de la Fête du travail, pour redresser sa campagne. Sinon, le parti républicain finira par le laisser tomber.

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