"J'ai peur que Donald Trump soit de nouveau élu" : dans l'Indiana, les ouvriers qui pensaient avoir trouvé un allié ont déchanté
Dans un an jour pour jour, le nom du 46e président des États-Unis sera connu. Donald Trump est candidat à sa succession. Quel bilan les Américains tirent-ils de ces trois dernières années de présidence ? franceinfo a posé la question dans l'Indiana.
La Rust Belt, "ceinture de la rouille", est une région industrielle du nord-est des États-Unis, auparavant appelée Manufacturing Belt. Donald Trump y a raflé tous les États en 2016, dont l’Indiana. À Indianapolis, capitale de l’État, il s’était présenté comme le sauveur d’une usine menacée de délocalisation. Mais aujourd'hui, à un an du résultat de la prochaine présidentielle à laquelle Donald Trump est candidat à sa succession, les ouvriers que franceinfo a rencontrés sont désenchantés.
Fraîchement élu en décembre 2016, Donald Trump se rend à l’usine Carrier, fabricant de climatiseurs à Indianapolis. Le site allait être délocalisé au Mexique. Devant les salariés, il annonce qu’en échange d’un allégement fiscal, United Technologie et Carrier vont conserver 1 100 emplois ici, et s'en félicite. "Les ouvriers sautaient partout et pleuraient de joie ! Merci président Donald Trump ! Tout le monde pensait qu’il avait sauvé l’usine", se souvient Chuck Jones qui était à l’époque le responsable du syndicat United Steel Workers dans cette entreprise. Dès le lendemain, il découvrait que seulement 730 emplois allaient être sauvés et que 550 ouvriers allaient perdre leur travail. "C’est horrible de traiter les gens comme ca !", poursuit le syndicaliste. Franck Stamples, quatorze ans d’ancienneté à l’usine Carrier, a conservé son emploi. Mais il se sent trahi. "Il est venu ici et il a dit qu’il était le champion de l’emploi, mais il ne l’est pas !", déchante aujourd'hui l'ouvrier.
Les gens licenciés ont perdu leur maison, leur voiture. Ces ouvriers se tuaient à la tâche tous les jours ! On passait plus de temps à l’usine qu’avec nos familles, on mangeait tous ensemble autour d’une grande table.
Franck Stamples, ouvrier à l'usine Carrierà franceinfo
"Il [Donald Trump] a convaincu la classe ouvrière qu’il était leur gars. Les gens se sont dit : 'On ne croit pas Hillary Clinton alors on va lui donner sa chance'. Mais de plus en plus d’usines quittent le pays. On perd des emplois parce qu’on ne peut pas rivaliser avec les salaires au Mexique", renchérit Chuck Jones. C’est ce qui s’est passé à l’usine Rexnord, fabriquant de roulement à billes à Indianapolis où 350 ouvriers ont été licenciés en 2017. "Leur vie est détruite. Ils ont tout perdu. Certains se sont suicidés. Les gens ne réalisent pas l’effet dévastateur", lance l'ancien responsable syndical. Car un ouvrier pouvait gagner plus de 20 dollars de l’heure dans ces usines, beaucoup plus que le salaire minimum de 7,25 dollars.
Et beaucoup, embauchés dès la sortie du lycée, ne savent rien faire d’autres. C’est le cas de Franck Stamples. Il n’est pas serein pour l’avenir de son pays : "J’ai peur que Trump soit de nouveau élu pour les quatre prochaines années. Make America Great Again et dégagez Trump ! Les Américains doivent se réveiller et réaliser que ce gouvernement ne travaille pas pour les intérêts du pays. Il est temps de se soulever et de ne plus se laisser marcher dessus !"
États-Unis, un avant la présidentielle
Dans un an, on saura si Donald Trump est reconduit pour un deuxième mandat, ou bien s’il doit laisser la place à la Maison Blanche à un ou une démocrate. L'élection présidentielle aura lieu le 3 novembre 2020.
À cette occasion, franceinfo est allée à la rencontre des Américains, aux opinions, cultures, parcours différents. Retrouvez ces reportages :
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