Littérature, racisme, Trump... Les six séquences à retenir de l'interview de Barack Obama sur France 2
L'ancien président des Etats-Unis était l'invité exceptionnel du journaliste François Busnel lors d'une interview diffusée mardi soir, à l'occasion de la sortie du premier tome de ses mémoires.
Une exclusivité. A l'occasion de la sortie en France du premier tome de ses mémoires, Une terre promise (Editions Fayard), l'ancien président des Etats-Unis Barack Obama a accordé une interview diffusée sur France 2, mardi 17 novembre. Voici les principales séquences à retenir de cet entretien avec le journaliste et animateur de l'émission La grande librairie, François Busnel.
>> REPLAY. Retrouvez l'interview exclusive de Barack Obama sur France 2
Avec Joe Biden, "un retour" à la normale
"Ce pays est divisé, constate Barack Obama. Cela ne date pas de Donald Trump, mais cela a certainement été accéléré par sa présidence. Je crois que Joe Biden [le nouveau président élu des Etats-Unis] et Kamala Harris [sa vice-présidente] représentent un retour à certaines normes (...). Je pense que le combat des idées va devoir continuer. Je crois qu'un examen de la façon dont nous pensons nos démocraties et dont nous les réformons est un projet à long terme", poursuit-il, en prenant acte d'une fracture durable.
Donald Trump a parlé aux gens persuadés que leur Amérique "n'existait plus"
L'ancien président décrit la politique comme un "combat d"histoires concurrentes", notamment entre perdants et gagnants de la mondialisation. "Quand je suis parti [de la Maison Blanche], j'avais une assez bonne réputation auprès du peuple américain (...). Mais ce qui était clair, c'était les divisions dues aux réactions de la mondialisation, le fait que les habitants des zones urbaines avaient mieux réussi économiquement et qu'ils avaient adopté un point de vue plus cosmopolite, qu'ils acceptaient et encourageaient la diversité. Tout cela a laissé à beaucoup de gens qui vivent dans les zones rurales, le sentiment d'avoir perdu leur statut".
Donald Trump, selon lui, a su exploiter cela, à l'aide de certains médias. "Je pense que les médias de droite ont attisé tous ces ressentiments et ont encouragé les gens à penser, d'une certaine manière, que l'Amérique dont ils se souvenaient n'existait plus. Et ça, c'est très puissant. Le politique (...) ce n'est pas seulement une question matérielle. C'est souvent une question d'histoires concurrentes pour dire qui nous sommes, ce que signifie notre vie, notre identité. La majorité des Américains a adopté l'histoire que je leur ai racontée, mais un grand nombre ne l'a pas fait et Donald Trump a certainement reflété cela".
"Nicolas Sarkozy parlait constamment"
Barack Obama évoque aussi l'ancien président de la République français, Nicolas Sarkozy, avec qui il a été fréquemment en contact après la crise financière de 2008. "J'ai trouvé que le président Sarkozy était un partenaire important au côté d'Angela Merkel à l'époque où nous traitions beaucoup de questions difficiles".
Il ajoute : "Nicolas, c'est quelqu'un qui est constamment en mouvement, qui parlait constamment, qui aimait qu'on fasse attention à lui. Cette énergie et ce charme, associés à Angela Merkel, qui était une personne beaucoup plus sobre, réfléchie, ont fini par former une bonne combinaison", s'amuse-t-il. Il rappelle que cette "relation transatlantique" lui "tient à cœur", avant de regretter "l'affaiblissement" de cette relation "au cours des quatre dernières années".
"Il y aura toujours un fossé entre l'image publique et la fonction présidentielle"
Il tient aussi à expliquer qu'il était important "de démystifier la fonction présidentielle". "Ceux qui accèdent à des postes de pouvoir sont encore des êtres humains, avec des craintes, des doutes", déclare-t-il. "Il y aura toujours un fossé entre l'image publique et la fonction présidentielle avec ses aspects iconiques comme voler à bord de l'avion Air Force One (...). Mais jusqu'en 2008, j'étais quelqu'un qui lavait sa voiture, qui faisait ses courses avec ses filles et devait s'inquiéter de payer ses factures. Raconter cela me paraît utile pour démystifier la fonction et expliquer que c'est un emploi (...). Ce que je veux dire aux jeunes, pas seulement des Etats-Unis, mais du monde entier, c'est qu'eux aussi ont une voix".
Toni Morrison, la romancière qui l'a "aidé à apprendre à écrire"
Plus littéraire que politique, Barack Obama ? Interrogé sur la romancière et prix Nobel de littérature Toni Morrison (1931-2019), il répond : "L'avantage de devenir président, c'est que vous rencontrez des gens que vous avez idolâtrés. J'ai lu pour la première fois Le chant de Salomon, Sula et L'œil le plus bleu (trois des romans de Toni Morrison) lorsque j'étais encore à l'université. Je lui ai dit, lorsque je l'ai rencontrée, qu'elle était quelqu'un qui m'a aidé à apprendre à écrire. Ses livres étaient une université où apprendre à écrire et à décrire de belle façon les questions humaines les plus fondamentales. C'était une grande joie de faire sa connaissance (...). Ce qui était merveilleux chez Toni, c'est qu'elle était à la fois majestueuse, espiègle et assez drôle. Elle avait un rire merveilleux et un sens de l'humour extraordinaire".
"On ne peut pas résoudre un problème [le racisme] en prétendant qu'il n'existe pas"
Interrogé sur la question raciale, Barack Obama assène : "On ne peut pas résoudre un problème en prétendant qu'il n'existe pas (...). Un des débats qui fait rage en Amérique, c'est : comment peut-on surmonter notre fossé racial ? L'esclavage, la ségrégation... On ne peut pas prétendre que ça n'a jamais existé, parce que ça continue à avoir une énorme influence aujourd'hui", lâche-t-il, en énumérant "les énormes écarts de richesse", de "revenu", "d'éducation et de santé". "Nous sommes en pleine pandémie, et les taux de mortalité sont nettement plus élevés chez les Noirs et les gens de couleur", cite-t-il, entre autres injustices. "Tout ça remonte au passé".
Selon lui, une écrivaine comme Toni Morrison permet de mieux "fouiller ce passé, pour le regarder d'une manière honnête". C'est ce "regard honnête", qui permettra d'assumer ce passé et de s'en "libérer", comme l'Allemagne a dû "regarder de près" son passé nazi ou l'Afrique du Sud, ce qui s'est passé pendant l'apartheid. "Les Etats-Unis d'Amérique doivent travailler davantage ces questions (...). Nous avons tous la responsabilité d'aller de l'avant sur un chemin meilleur que celui du passé".
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