Présidentielle américaine : qu'est-ce que Polymarket, cette plateforme autoproclamée "plus grand site de prédiction au monde", qui a annoncé la victoire de Donald Trump ?

"Le gagnant de l'élection présidentielle américaine", "qui va remporter l'Arizona ?", "Trump va-t-il gagner tous les États clés ?"... Voici un exemple des questions en une du site Polymarket. Le résultat incertain de l'élection américaine a fait les affaires de cette plateforme de marchés prédictifs.

Elle attire des milliers de parieurs qui peuvent miser de la cryptomonnaie sur l'issue d'une multitude d'événéments, et donc, notamment, le ou la gagnante de la présidentielle. Or, depuis plusieurs heures, le site connaît une notoriété soudaine auprès du très grand public : le site a "prédit" la victoire revendiquée par Donald Trump.

Concrètement, Polymarket ressemble aux sites de paris "classiques". Sauf qu'ici, pour parier, les utilisateurs doivent acheter des actions qu'ils règlent en USD Coin, une cryptomonnaie stable rattachée au dollar. Plus de 3,2 milliards de dollars ont ainsi été misés sur l'élection américaine, selon Le journal du Coin, site spécialisé en cryptomonnaies.

Un Français mise 28 millions de dollars sur une victoire de Trump

Le marché intitulé "Presidential Election Winner 2024", qui a "prédit" la victoire du candidat républicain, est le plus populaire sur Polymarket. Concrètement, les internautes parient en achetant des actions pour Donald Trump ou Kamala Harris. Jusqu'aux résultats, le prix de l'action varie en fonction des probabilités de victoire de chaque candidat. Plus un événement a de chance d’arriver selon les parieurs, plus les actions qui vont dans ce sens valent cher.

Ainsi, l’action tend vers zéro si la probabilité de victoire est nulle, et se rapprocher d'un dollar si le candidat a de grandes chances de gagner, précise BFMTV. Le pari est arrêté une fois que trois sources, en l'occurrence NBC, Fox News et AP News, publient le résultat du scrutin. À la fin, les propriétaires des actions gagnantes empochent l’argent des actions perdantes.

Parmi ces parieurs, un Français, anonyme, s'est démarqué, selon le New York Times. Il a créé quatre comptes qui détiennent à eux tous plus de 28 millions de dollars d'actions misant sur la victoire de Donald Trump face à Kamala Harris. Ces quatre comptes sont parmi les cinq profils les plus gros à miser sur la victoire du candidat républicain.

Interprétations biaisées

La plateforme Polymarket suscite la controverse dans la mesure où elle peut mener à des interprétations biaisées. En effet, plus un parieur achète d'actions, plus son avis va peser sur le marché. Et, l'évolution des actions de chaque camp étant affichée sous forme de pourcentage et de graphiques, ceux-ci peuvent laisser croire, à tort, qu'il s'agit d'un sondage, ce dont se défend la plateforme.

Malgré l'engouement que Polymarket suscite, le site n'est pas autorisé aux États-Unis. Les parieurs sont donc théoriquement extérieurs au pays, à moins de contourner cette interdiction, via un VPN par exemple. Il existe dans le pays un flou juridique autour des paris électoraux. C'est une des raisons du flou juridique qui existe autour des paris électoraux aux États-Unis.

Leurs détracteurs s'inquiètent des risques de corruption et de ludification du système politique. Jusqu'à récemment, les jeux d'argents y étaient donc interdits, mais une décision de justice de début octobre a autorisé Kalshi, une autre plateforme de paris politiques, à accepter les mises d'Américains. Cela pourrait ouvrir la voie à d'autres sites, comme Polymarket.