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Au Venezuela, les étudiants dans la rue contre l'insécurité, la pénurie et le président Maduro

Depuis deux semaines, le pays connaît un mouvement de contestation entaché de violences.

Article rédigé par franceinfo
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Un manifestant antigouvernemental allume un feu à Caracas, le 20 février 2014. (RAUL ARBOLEDA / AFP)

Chaque nuit, depuis 15 jours, c'est la même chose. A la nuit tombée, dans les quartiers aisés de Caracas, des poubelles brûlent. Dans ce bastion de l'opposition au président vénézuélien Maduro, de jeunes protestataires s'affrontent avec les forces de l'ordre. Mais depuis quelques jours, les gaz lacrymogènes laissent place de plus en plus fréquemment à des tirs d'armes à feu. Et quatre personnes ont déjà été tuées. Francetv info vous explique ce qui se passe au Venezuela.

Pourquoi cette contestation ?

"Nous voulons que l'Etat nous donne des réponses précises à tout ce qui nous affecte, principalement l'insécurité et les problèmes économiques, la pénurie. Il y a beaucoup d'aliments que l'on trouve difficilement maintenant", explique un leader étudiant à Libération.

Le mouvement a commencé le 4 février à San Cristobal (nord-ouest, à la frontière colombienne) après la tentative de viol d'une étudiante, explique TV5 Monde. Des étudiants dénoncent l'insécurité qui gangrène le pays, l'un des plus dangereux au monde. Les revendications s'élargissent aux problèmes économiques, alors que règne la pénurie. Même les journaux ont du mal à paraître par manque de papier.

Aujourd'hui, le mouvement a été rejoint par l'opposition et s'est étendu à plusieurs villes. En réaction, les "colectivos", milices pro-gouvernementales, sont descendues dans la rue, explique le magazine américain Foreign Policy. Le pays ne sombre pas dans le chaos mais d'inquiétants hommes armés à moto se sont attaqués aux manifestants. Dans des vidéos et des tweets, signale Rue89, des étudiants accusent le gouvernement de faire appel à la milice des Tupamaros.

Qu'elle réaction a eu le gouvernement ?

Le pouvoir, fidèle à sa rhétorique bien rodée sur l'ennemi extérieur, dénonce une volonté de coup d'Etat de la "droite fasciste" appuyée par les Etats-Unis mais aussi l'ex-président conservateur colombien Alvaro Uribe ou encore le Chili. Jeudi, le ministre de l'Intérieur Miguel Rodriguez a annoncé la mobilisation d'"un bataillon de parachutistes" pour sécuriser les accès à la ville de San Cristobal. Il a accusé "des Colombiens" de venir mener "des missions paramilitaires".

Nicolas Maduro, le successeur de Hugo Chavez, s'attaque à la presse internationale. Il menace de chasser du pays la chaîne américaine d'information en continu CNN, accusée de chercher à montrer que le Venezuela se trouve en état de "guerre civile""Il faut cesser cette propagande de guerre", a-t-il affirmé. La semaine dernière, le gouvernement avait déjà interdit la chaine colombienne NTN24 pour avoir alimenté "l'angoisse" de la population en couvrant les violences ayant suivi une manifestation étudiante soutenue par l'opposition. Twitter affirme quant à lui que des photos des manifestations ont été bloquées dans le pays.

Enfin, l'opposant Leopoldo Lopez a été placé en détention provisoire dans une prison militaire. Il est accusé "d'incendie volontaire, d'incitation à la violence, de dommages sur des biens publics et d'association de malfaiteurs" lors d'une manifestation violente. Fer de lance de la mobilisation, il prône l'occupation de la rue pour obtenir la chute du gouvernement.

Crise diplomatique avec les Etats-Unis

Autre effet de ces manifestations, la crise diplomatique larvée entre les Etats-Unis et le Venezuela a repris de la vigueur. Caracas a expulsé trois agents consulaires américains accusés de "conspirer". Ils soutiendraient les groupes d'étudiants.

"Les accusations selon lesquelles les Etats-Unis aident les manifestants au Venezuela à se coordonner sont sans fondement et fausses", a rétorqué Jennifer Psaki, porte-parole du département d'Etat. "Nous soutenons les droits de l'homme et les libertés fondamentales (...) au Venezuela comme dans tous les autres pays de la planète. Mais comme nous le répétons depuis longtemps, c'est aux Vénézuéliens de décider de l'avenir politique du Venezuela."

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