Au Venezuela, les étudiants dans la rue contre l'insécurité, la pénurie et le président Maduro
Depuis deux semaines, le pays connaît un mouvement de contestation entaché de violences.
Chaque nuit, depuis 15 jours, c'est la même chose. A la nuit tombée, dans les quartiers aisés de Caracas, des poubelles brûlent. Dans ce bastion de l'opposition au président vénézuélien Maduro, de jeunes protestataires s'affrontent avec les forces de l'ordre. Mais depuis quelques jours, les gaz lacrymogènes laissent place de plus en plus fréquemment à des tirs d'armes à feu. Et quatre personnes ont déjà été tuées. Francetv info vous explique ce qui se passe au Venezuela.
Pourquoi cette contestation ?
"Nous voulons que l'Etat nous donne des réponses précises à tout ce qui nous affecte, principalement l'insécurité et les problèmes économiques, la pénurie. Il y a beaucoup d'aliments que l'on trouve difficilement maintenant", explique un leader étudiant à Libération.
Le mouvement a commencé le 4 février à San Cristobal (nord-ouest, à la frontière colombienne) après la tentative de viol d'une étudiante, explique TV5 Monde. Des étudiants dénoncent l'insécurité qui gangrène le pays, l'un des plus dangereux au monde. Les revendications s'élargissent aux problèmes économiques, alors que règne la pénurie. Même les journaux ont du mal à paraître par manque de papier.
Aujourd'hui, le mouvement a été rejoint par l'opposition et s'est étendu à plusieurs villes. En réaction, les "colectivos", milices pro-gouvernementales, sont descendues dans la rue, explique le magazine américain Foreign Policy. Le pays ne sombre pas dans le chaos mais d'inquiétants hommes armés à moto se sont attaqués aux manifestants. Dans des vidéos et des tweets, signale Rue89, des étudiants accusent le gouvernement de faire appel à la milice des Tupamaros.
Qu'elle réaction a eu le gouvernement ?
Le pouvoir, fidèle à sa rhétorique bien rodée sur l'ennemi extérieur, dénonce une volonté de coup d'Etat de la "droite fasciste" appuyée par les Etats-Unis mais aussi l'ex-président conservateur colombien Alvaro Uribe ou encore le Chili. Jeudi, le ministre de l'Intérieur Miguel Rodriguez a annoncé la mobilisation d'"un bataillon de parachutistes" pour sécuriser les accès à la ville de San Cristobal. Il a accusé "des Colombiens" de venir mener "des missions paramilitaires".
Enfin, l'opposant Leopoldo Lopez a été placé en détention provisoire dans une prison militaire. Il est accusé "d'incendie volontaire, d'incitation à la violence, de dommages sur des biens publics et d'association de malfaiteurs" lors d'une manifestation violente. Fer de lance de la mobilisation, il prône l'occupation de la rue pour obtenir la chute du gouvernement.
Crise diplomatique avec les Etats-Unis
"Les accusations selon lesquelles les Etats-Unis aident les manifestants au Venezuela à se coordonner sont sans fondement et fausses", a rétorqué Jennifer Psaki, porte-parole du département d'Etat. "Nous soutenons les droits de l'homme et les libertés fondamentales (...) au Venezuela comme dans tous les autres pays de la planète. Mais comme nous le répétons depuis longtemps, c'est aux Vénézuéliens de décider de l'avenir politique du Venezuela."
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