Montebourg et Mittal, histoire d'un désamour
Le ministre du Redressement productif a confié lundi aux "Echos" qu'il travaillait sur un projet de "nationalisation transitoire" du géant de l'acier propriétaire du site de Florange.
FLORANGE - ArcelorMittal, le géant mondial de l'acier propriétaire du site de Florange (Moselle), n'est plus le bienvenu en France. C'est ce qu'a déclaré le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, dans une interview aux Echos datée du lundi 26 novembre. "Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu'ils n'ont pas respecté la France", justifie Arnaud Montebourg.
"Les mensonges de Mittal depuis 2006 sont accablants", poursuit-il, soulignant que l'entreprise "n'a jamais tenu ses engagements" vis-à-vis de l'Etat français. Le ministre a confirmé aux Echos travailler à un projet de "nationalisation transitoire" de Florange. Selon le quotidien, "l'idée serait une association avec un opérateur industriel, minoritaire dans le capital le temps de stabiliser l'activité". Interrogés par Le Monde, les membres de la famille Mittal se sont dits "extrêmement choqués" par les propos d'Arnaud Montebourg. Le PDG du groupe, Lakshmi Mittal, sera reçu mardi 27 novembre à l'Elysée par François Hollande.
Ce n'est pas la première fois que le ministre du Redressement productif s'en prend au groupe ArcelorMittal. Pour lui, il s'agit d'un dossier crucial : "S'il perd la bataille de Florange, il va être réduit au ministre qui va jeter quelques bouées de secours", explique le député de l'Essonne Malek Boutih, l'un de ses proches. Retour en trois actes sur la passe d'armes qui oppose Mittal à Montebourg depuis son arrivée au gouvernement.
Acte 1 : un été sous haute tension
Au lendemain de l'élection de François Hollande, le ministre du Redressement productif est sur tous les fronts. "Depuis son entrée en politique, la stratégie de communication de cet ancien avocat reconverti en trublion professionnel n'a pas varié d’un iota : provoquer, lancer le débat avec des propositions iconoclastes, qu'il enchaîne désormais", note en juillet Le Parisien. Dans le viseur d'Arnaud Montebourg : PSA, Sanofi, Doux, Alcatel ...et bien sûr Mittal.
Alors que les rumeurs de fermeture des deux hauts-fourneaux de Florange enflent, Arnaud Montebourg demande le 4 juin à ArcelorMittal "de ne procéder à aucune décision qui remettrait en cause la viabilité du site, de manière à ce que le gouvernement puisse (...) désigner une mission d'expertise indépendante sur les perspectives industrielles du site de Florange". Cette annonce est lancée sur le perron de l'Elysée, après une rencontre entre François Hollande et les représentants syndicaux du groupe. La mission d'expertise conclut dans un rapport remis au ministre le 27 juillet que le site de Florange est "viable".
Acte 2 : septembre, le début du "bras de fer"
Le jour de l'annonce de la fermeture de deux hauts-fourneaux dans la presse, le 26 septembre, la réponse du ministre du Redressement productif ne se fait pas attendre : "Nous sommes aujourd'hui dans un bras de fer qui commence, et nous allons le mener ensemble", déclare-t-il devant les salariés du site de Florange, essuyant quelques sifflets. Sans certitude de réussite, il promet aux salariés de contacter "tous les aciéristes du monde" pour venir au secours de Florange. ArcelorMittal "portera seul la lourde responsabilité de l'avenir", avance également Arnaud Montebourg.
Le 1er octobre, le géant mondial de l'acier annonce officiellement l'arrêt définitif des hauts-fourneaux et accepte de donner deux mois à l'Etat pour trouver un repreneur.
Acte 3 : la "défaillance de Mittal"
Depuis le 22 novembre, Arnaud Montebourg est monté au créneau en évoquant au Sénat "l'éventualité d'un contrôle public, même temporaire" du site ArcelorMittal de Florange (Moselle). Face au refus de Mittal de céder l'intégralité du site, Arnaud Montebourg brandit la menace d'un contrôle public temporaire. Le but : faciliter une éventuelle reprise du site, alors que le gouvernement a reçu deux offres, "sur un périmètre plus large que les hauts-fourneaux et l'aciérie". Dans son argumentaire, le ministre n'hésite pas à s'en prendre au groupe Mittal, "redevable aux yeux de l'administration fiscale française d'une dette fiscale que nous considérons comme astronomique". Et il affirme sans vergogne : "Le problème des hauts-fourneaux de Florange, ce n'est pas la défaillance des hauts-fourneaux de Florange, c'est la défaillance de Mittal."
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