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Moscovici fragilisé, la faute à qui ?

Laurent Fabius assure qu'il faut un "patron" à Bercy. Même s'il s'est fait recadrer, le constat est largement partagé : le ministre de l'Economie a du mal à s'imposer.

Article rédigé par Thomas Bronnec
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, le 12 avril 2013 à Dublin (Irlande). (PETER MUHLY / AFP)

Pierre Moscovici contre-attaque. Interrogé mardi 14 mai sur RFI, le ministre de l'Economie et des Finances a assuré qu'il était "fier" de sa première année à Bercy. Une façon de répondre aux critiques, celles de Ségolène Royal mais surtout celles de Laurent Fabius. Le ministre des Affaires étrangères a lancé la veille un scud, en affirmant que Bercy avait "besoin d'un patron". Sous-entendu : le navire n'a pas de capitaine. Pierre Moscovici se retrouve fragilisé, mais à qui la faute ?

La faute à Hollande ?

Lors de son accession au pouvoir, François Hollande a conservé l'idée qu'il fallait un Bercy coupé en deux. C'est Nicolas Sarkozy qui, le premier, avait décidé d'installer deux ministres de plein exercice pour casser l'influence d'un ministère jugé trop puissant et dont l'Elysée s'était, historiquement, toujours méfié.

Sarkozy avait mis face à face un ministre dédié à l'Economie et aux Finances - Christine Lagarde - et un autre au Budget - Eric Woerth. Hollande, lui, a opté pour une autre architecture, en faisant du Budget un ministère délégué sous la tutelle du ministre de l'Economie, et en mettant l'Industrie - appelée "Redressement productif" - au même niveau que l'Economie.

Résultat : Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg, les deux ministres de plein exercice, ont accumulé les couacs et leur rivalité s'est exacerbée. Mais cela n'a pas toujours été inutile à François Hollande, qui a pu profiter des deux lignes politiques incarnées par ses ministres : l'une sociale-libérale, l'autre plus interventionniste.

La faute à Montebourg ?

Sur le plan administratif, c'est bien Pierre Moscovici le vrai patron de Bercy puisque toutes les grandes directions sont placées sous son autorité. Arnaud Montebourg contrôle seulement la très petite Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services.

Et pourtant, c'est lui qu'on entend le plus. Il a su donner de la voix sur les sujets les plus médiatiques, comme Florange ou plus récemment Dailymotion, en jouant à fond la carte "anti-pensée unique". Il est même allé jusqu'à s'écharper publiquement avec le Trésor au début du quinquennat, ou défendre un concept de nationalisation temporaire, peu en cour à Bercy.

La faute à Moscovici ?

Le ministre de l'Economie est, comme il l'a avoué au Monde (article payant), passé dans "la lessiveuse" lors de l'affaire Cahuzac. Accusé d'avoir couvert les mensonges de son ministre de tutelle, il a senti le vent du boulet. Mais ses difficultés ont aussi une explication plus structurelle. "Il a composé un cabinet trop 'techno'", déplore un député PS qui est aussi l'un de ses proches. En s'entourant quasi exclusivement de personnes issues de l'administration, Pierre Moscovici semble souvent avoir un temps de retard sur le tempo médiatique. Et manque les occasions de briller.

Il a peu capitalisé sur la réforme bancaire, un projet de loi qui incarnait pourtant la lutte contre la finance - l'"ennemi sans visage" de François Hollande -, laissant la lumière aux députés PS. Ces derniers ont pris soin de gauchir le texte de Bercy, jugé trop influencé par le lobby bancaire. Un proche de François Hollande, contacté par francetv info, résume d'un euphémisme les lacunes de Pierre Moscovici : "Il pourrait être plus vocal sur sa partition."

De quoi hypothéquer ses chances de rester à Bercy même si François Hollande optait, en cas de remaniement, pour un seul ministre de plein exercice avec une escouade de secrétaires d'Etat, sur le modèle de Dominique Strauss-Kahn entre 1997 et 1999, Laurent Fabius entre 2000 et 2002 ou encore Nicolas Sarkozy en 2004.

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