: Vidéo Bygmalion : le déjeuner secret où François Fillon a demandé à "taper vite" pour abattre Nicolas Sarkozy, selon le secrétaire général de l'Elysée
Dans "Le secret qui a fait exploser la droite", un document sur le scandale Bygmalion diffusé le 11 mars 2021, "Complément d'enquête" revient sur un déjeuner dont l'existence n'était pas censée être révélée. Nous sommes en 2014, et la rivalité entre Nicolas Sarkozy et François Fillon tourne à la guerre fratricide...
C'est un déjeuner qui a fait scandale, et qui "n'était pas une bonne idée", selon Patrick Stefanini (il dirigera plus tard la campagne de François Fillon pour l'élection présidentielle de 2017) : "On ne va pas déjeuner avec le premier collaborateur du président de la République contre lequel on envisage de se présenter."
C'est pourtant ce que fait François Fillon le 24 juin 2014. Dans le plus grand secret, il déjeune au restaurant Ledoyen avec le secrétaire général de l'Elysée de François Hollande, Jean-Pierre Jouyet. Une tentative de pacte avec l'ennemi, d'après le haut fonctionnaire du pouvoir socialiste. Celui-ci l'avait racontée aux journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, lors d'une interview accordée en 2014.
A ce moment-là, François Fillon s’interroge sur la légalité des pénalités payées par l'UMP après le rejet des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. La justice a fini par être saisie, et François Fillon semble prêt à tout pour abattre son rival. Même à demander au secrétaire général de l'Elysée d'accélérer les procédures judiciaires contre l'ancien président ?
"Jean-Pierre, tu as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir !"
Lors de ce déjeuner, François Fillon se serait montré "très choqué" – du scandale Bygmalion, et surtout de cette affaire de pénalités payées par le Sarkothon. "Tu te rends compte, Jean-Pierre, c'est de l'abus de bien social !" aurait-il dit "texto". Persuadé, selon Jean-Pierre Jouyet, "que l'Elysée a toujours une main invisible sur la justice" (un "cabinet noir", ce que dément "bien sûr" le président de la République d'alors, François Hollande, dans cet extrait), il aurait exhorté le camp adverse à intervenir, en ces termes : "Tapez vite ! Agissez !", "Jean-Pierre, tu as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir !"
Lorsque les journalistes font écouter ces révélations enregistrées à des membres de l'UMP proches de l'ex-président, c'est à leur tour de se montrer choqués. A commencer par Claude Guéant. L'ancien ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy juge que "ça ne se fait pas", qu'il y a "une volonté de destruction personnelle". Quant au principal intéressé, "il était fou de rage", rapporte Jean-François Copé.
François Fillon a toujours démenti avoir tenu ces propos. François Hollande, lui, se souvient de cette étrange demande rapportée par le secrétaire de l'Elysée. Nicolas Sarkozy, finalement, sortira blanchi de cette procédure du Sarkothon.
Extrait de "Le secret qui a fait exploser la droite", un document de Tristan Waleckx, Fabrice Lhomme et Gérard Davet (La Feelgood Company) à voir dans "Complément d'enquête" le 11 mars 2021.
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