Mennucci veut une enquête sur le rachat des titres Hersant par Tapie
Le député des Bouches-du-Rhône a adressé une lettre au président du groupe socialiste à l'Assemblée, où il fait part de ses doutes quant aux conditions de la transaction.
"Je dis qu'il y a une odeur de carambouille dans cette affaire." Le député PS des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci persiste et signe, lundi 24 décembre sur i-Télé. Il demande une enquête parlementaire pour déterminer si Bernard Tapie a acquis dans des conditions loyales les journaux du groupe Hersant dans le sud de la France.
Dans une lettre adressée au président du groupe socialiste à l'Assemblée, Bruno Leroux, dont l'AFP a eu copie, l'homme fait part de ses doutes quant aux conditions du rachat des titres par Bernard Tapie, à parité avec la famille Hersant. "Cette prise de contrôle suscite bien des questions sur les conditions dans lesquelles cette transaction a pu avoir lieu", écrit-il.
Philippe Hersant, millionnaire endetté ?
Le député et maire du 1er secteur de Marseille fait notamment allusion à la situation financière de Groupe Hersant Médias (GHM), qui s'apprête à investir 25 millions d'euros dans ce rachat, par ailleurs soumis à un accord entre le groupe, les repreneurs et les 17 banques créancières, menées par BNP Paribas, à qui GHM doit déjà 215 millions d'euros.
"Dans quelles conditions (…) GHM a pu atteindre un endettement aussi important auprès de 17 banques ? (…) Comment est-il possible que ces prêts aient pu être consentis sans qu'aucune garantie n'ait été prise sur les biens personnels des membres de la famille Hersant, par ailleurs richissime ?" s'interroge-t-il.
"Avoir des millions en Suisse et faire payer aux banques françaises et aux contribuables ses déficits, je trouve que ça fait beaucoup", a ajouté l'élu sur i-Télé.
Bernard Tapie, repreneur privilégié ?
Selon Patrick Mennucci, les groupes ayant fait des offres concurrentes, dont le belge Rossel, auraient été désavantagés, Bernard Tapie ayant pu disposer "d'informations privilégiées". "D'après ce que disent ces groupes, ils n'ont pas eu accès à beaucoup de documents et donc ça me semble aussi un élément que l'Assemblée nationale doit vérifier parce qu'elle est comptable aussi de la liberté de commerce", a ajouté le député.
Il se demande si "l'ensemble des groupes qui se sont intéressés à la reprise de GHM ont été traités également par l'administrateur judiciaire, monsieur Thévenot", ajoutant que "des articles de presse laissent penser qu'il serait lié à maître Lantourne, l'avocat de Bernard Tapie et de GHM".
La mairie de Marseille en toile de fond
Patrick Mennucci affirme que sa demande a reçu un "accueil positif" de Bruno Leroux. Il estime par ailleurs que la commission devrait se pencher sur d'éventuelles manœuvres qui "limitant la concurrence, ont fait diminuer le prix d'acquisition". En conclusion de sa lettre, le député des Bouches-du-Rhône, qui vise la mairie de Marseille en 2014, affirme que cette proposition "fera œuvre utile pour la liberté de la presse et la clarté des transactions devant les tribunaux".
L'élu fait partie de ceux qui disaient déjà, immédiatement après l'annonce de la reprise des titres par Bernard Tapie, leur inquiétude de voir l'ancien président du club de foot de l'OM revenir aux affaires à Marseille. Malgré ses dénégations, l'homme d'affaires est soupçonné de vouloir se servir de ces journaux pour revenir en politique à l'occasion des municipales de 2014.
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