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Pourquoi les Verts passent à l'attaque après l'affaire Cahuzac

Lettre ouverte, proposition de lois... Depuis les aveux de l'ex-ministre du Budget, les élus écologistes font pression sur le gouvernement pour qu'il adopte leurs propositions.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Les députés écologistes François de Rugy et Barbara Pompili, le 19 mars 2013 à l'Assemblée nationale. ( PIERRE LE MASSON / LA VOIX DU NORD / MAXPPP)

"Un drame pour la démocratie", "un mensonge d'Etat", une affaire "bien pire qu'une simple erreur individuelle". Ces propos très critiques sur l'affaire Cahuzac et sa gestion par le gouvernement ne sont pas ceux de Jean-Luc Mélenchon, opposant de l'exécutif à gauche. Non, ce sont ceux d'un membre de la majorité, le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Pascal Durand.

La critique n'est pas simplement verbale. Depuis les aveux de l'ancien ministre du Budget, les écologistes multiplient les initiatives : lettre ouverte à tous les partis politiques pour "une véritable réforme institutionnelle" ; mise en ligne des déclarations de patrimoine des ministres EELV ainsi que des présidents de groupe au Parlement ; dépôt, mardi 9 avril, de deux propositions de loi sur la moralisation de la vie politique et les paradis fiscaux.

Pourquoi un tel activisme de la part d'un parti membre du gouvernement ? Eléments de réponse.

Les conflits d'intérêts, vieux cheval de bataille des Verts

Au-delà du compte suisse de l'ancien ministre du Budget, c'est la question des conflits d'intérêts posée par son parcours – conseiller ministériel sur le médicament puis consultant privé pour l'industrie pharmaceutique – qui interpelle les écologistes. "Le problème Cahuzac est un problème beaucoup plus large que la fraude fiscale, explique à francetv info Michèle Rivasi, députée européenne EELV. Il existe tout un système de liens incestueux entre les lobbys et le pouvoir politique. Il faut couper le cordon."

Sur ce sujet, le parti peut se prévaloir d'une certaine constance. "Nous nous intéressons beaucoup aux problèmes de santé et d'environnement, nous avons donc souvent ressenti le poids des lobbys dans les décisions publiques", estime Michèle Rivasi. "Nous n'avons pas découvert le problème avec l'affaire Cahuzac", martèle le coprésident du groupe EELV à l'Assemblée, François de Rugy, lors du point presse hebdomadaire.

Représenté par une ancienne juge d'instruction, Eva Joly, pendant la campagne présidentielle 2012, EELV souhaite alors "lutter contre les conflits d'intérêts" en garantissant "la transparence des rémunérations et des déclarations d'intérêts des élus, ministres et membres de cabinet, magistrats, fonctions de direction dans l'Etat et les entreprises du secteur public". Le programme d'Eva Joly propose également de porter à dix ans la peine d'inéligibilité pour les élus condamnés pour corruption.

La fenêtre de tir idéale pour faire bouger les choses

Les élus écologistes entendent bien profiter des mensonges de Jérôme Cahuzac pour imposer leurs idées. "La fenêtre politique nous permettra peut-être d'obtenir les avancées que nous voulons", explique, lors du même point presse, Barbara Pompili, coprésidente du groupe EELV à l'Assemblée. "Nous avons prêché dans le désert pendant longtemps sur ces questions", regrette François de Rugy.

Le député de Loire-Atlantique rappelle que les mesures portées dans la proposition de loi sur la moralisation de la vie politique – création d'une nouvelle autorité indépendante de contrôle ; publication des déclarations d'intérêts, de patrimoine, de rémunérations et de la réserve parlementaire des élus ; allongement de la peine complémentaire d'inéligibilité à dix ans – s'inspirent de propositions de lois défendues sous le précédent quinquennat.

Cette fois-ci, ils espèrent être entendus. "La réponse du président de la République avant son déplacement au Maroc était extrêmement faible. J'espère qu'elle sera plus forte mercredi", veut croire Jean-Vincent Placé, président des sénateurs EELV, exceptionnellement présent ce mardi à l'Assemblée avec ses collègues. Il souhaiterait, par exemple, que le non-cumul des mandats des élus, renvoyé à 2017, soit appliqué immédiatement.

Une manière de répondre au Front de gauche

Ces initiatives ne permettent pas seulement de mettre la pression sur François Hollande. Elles sont également une réponse à Jean-Luc Mélenchon. Le coprésident du Parti de gauche a appelé à manifester le 5 mai pour la "VIe République", une rénovation des institutions également défendue par les écologistes (voir iciici et ). Eva Joly, l'ancienne candidate écologiste à la présidentielle, y participera. Pas les cadres de son parti. 

"Mélenchon a décidé de faire un pot-pourri, une manifestation fourre-tout", justifie François de Rugy, qui goûte peu "le coup de balai" réclamé par Jean-Luc Mélenchon. Face à la contestation portée par le Front de gauche, les deux propositions de loi et la publication des déclarations de patrimoine permettent aux Verts de s'afficher en force de proposition constructive. "Nous ne voyons pas l'intérêt d'aller dans la rue. Il faut prendre des décisions, vite", attaque Barbara Pompili. "La révolution, nous avons l'intention de la faire dans les institutions", résume Jean-Vincent Placé, avant d'ajouter : "Le changement, c'est cette semaine."

Le gouvernement doit en effet détailler mercredi, en Conseil des ministres, de nouvelles mesures pour moraliser la vie politique. Les présidents des groupes parlementaires seront ensuite reçus, jeudi, par le Premier ministre pour des consultations. Que feront les élus écologistes si leurs propositions ne sont pas reprises ? "On est là pour pousser le gouvernement le plus loin possible, lance François de Rugy. S'il ne comprend pas la gravité de la situation avec un cas comme ça, alors..."

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