Affaire Karachi : six personnes renvoyées en correctionnelle
Ziad Takieddine, Renaud Donnedieu de Vabres, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert comparaîtront notamment devant la justice.
Le financement de la campagne présidentielle de 1995 d'Edouard Balladur, aussi appelé volet financier de l'affaire Karachi, donnera lieu à un procès pénal. Les juges ont en effet ordonné, jeudi 12 juin, le renvoi en correctionnelle de six personnes, dont les principaux protagonistes de l'affaire. Ils respectent ainsi les récentes réquisitions du parquet, qui avait demandé la tenue d'un procès.
Qui est renvoyé devant le tribunal ?
Parmi les personnes renvoyées en correctionnelle figurent l'ancien ministre Renaud Donnedieu de Vabres, homme de confiance d'Edouard Balladur et François Léotard, ainsi que l'homme d'affaires Ziad Takieddine, seul à avoir été placé en détention provisoire. Son associé, Abdul Rahman El-Assir, vivant en Suisse, est également renvoyé.
Deux proches d'Edouard Balladur prendront aussi place sur le banc des prévenus : Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, également proche de Nicolas Sarkozy. Il leur est reproché des faits de "recel d'abus de biens sociaux". La sixième personne renvoyée est l'ancien PDG de la branche internationale de la Direction des constructions navales (DCN-I).
Edouard Balladur et François Léotard seront, eux, absents, mais pourraient être amenés à s'expliquer devant la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à enquêter sur les faits commis par des ministres dans l'exercice de leur fonction. Une décision sur ce point est attendue d'ici un mois.
Que pensent les juges ?
Au terme de plus de trois ans d'investigations internationales, les magistrats Renaud Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire ont acquis une conviction : 327 millions d'euros de commissions "indues" et "exorbitantes" sur des contrats d'armement ont été versés à un réseau d'"intermédiaires affairistes" qui n'était d'"aucune utilité", affirment des sources judiciaires.
D'après elles, ce "réseau K" (pour "King", allusion au roi saoudien) aurait été imposé à la fin du processus, alors que tout était réglé. Les juges le soupçonnent d'avoir servi au financement "occulte de politiques français", sous forme de "rétrocommissions". De l'argent qui aurait permis de payer une partie de la campagne d'Edouard Balladur, alors candidat à la présidentielle de 1995, et dont aurait aussi bénéficié François Léotard, à la tête du Parti républicain, alors en pleine déconfiture financière.
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