Ecoutes de Sarkozy : l'UMP veut porter l'affaire devant le Parlement, Ayrault refuse
L'opposition s'interroge : comment François Hollande et la garde des Sceaux pouvaient-ils ignorer les écoutes téléphoniques dont ont fait l'objet Nicolas Sarkozy et son avocat ? François Fillon réclame une commission d'enquête parlementaire.
"Nous sommes en face d'une affaire extrêmement grave d'écoutes à grande échelle" car "tous les responsables de l'opposition en communication téléphonique avec Nicolas Sarkozy sont écoutés depuis un an." Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, s'est fait l'écho, mardi 11 mars, de "l'émoi" provoqué au sein de l'opposition par la mise sur écoute de l'ancien président de la République. Les élus veulent porter l'affaire devant le Parlement. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault refuse.
Acte 1 : François Fillon réclame une commission d'enquête parlementaire
"Je suis favorable à une commission d'enquête parlementaire, c'est la seule manière de sortir de la confrontation des positions", a affirmé l'ancien Premier ministre mardi. Il y a dans les écoutes des conversations de Nicolas Sarkozy "un problème général concernant les écoutes, la durée de ces écoutes et le fait qu'on écoute des avocats", a ajouté François Fillon.
Cette proposition intervient alors que des avocats ont protesté contre ces écoutes judiciaires des conversations entre l'ancien président de la République et son avocat Thierry Herzog, en arguant de "l'impérieuse nécessité de protéger le secret professionnel". Lundi, le Conseil national des barreaux, qui représente les avocats français, a publié un communiqué s'insurgeant "contre les pratiques illégales" des magistrats qui ont décidé ces mises sur écoute.
Acte 2 : des députés UMP demandent de réunir "en urgence" le Parlement
Lors de la réunion mardi matin du groupe UMP à l'Assemblée, les députés ont estimé que le Premier ministre devait "convoquer en urgence le Parlement et venir s'exprimer devant la représentation nationale". "S'il refuse de le faire cela veut dire qu'il y a des doutes importants sur le fonctionnement et sur le respect de nos institutions", a indiqué Christian Jacob devant la presse.
S'agissant de la suggestion de François Fillon d'une commission d'enquête parlementaire, le député-maire UMP de Provins a rappelé que le groupe UMP avait déjà usé de son droit de "tirage", qui permet à un groupe d'opposition de demander une commission d'enquête par an. Il s'agit d'une proposition de commission sur "l'exil des forces vives" de France, sur laquelle l'Assemblée se prononcera le 9 avril.
Plus globalement, l'opposition se demande comment François Hollande pouvait ignorer ces écoutes. "J'ai beaucoup de mal à imaginer que le garde des Sceaux et le Premier ministre ne soient pas informés [de ces écoutes]. A partir de là le président de la République l'est [et] l'Etat de droit est bafoué", a poursuivi Christian Jacob.
Acte 3 : Jean-Marc Ayrault leur oppose une fin de non-recevoir
"Demander au Parlement de s'occuper des affaires de justice, mais dans quelle République sommes-nous ? Demander une commission d'enquête sur une affaire judiciaire en cours, dans quelle République sommes-nous ?", a réagi le Premier ministre à la presse en sortant d'une réunion du groupe PS à l'Assemblée nationale. "A l'UMP, on veut toujours que les politiques se mêlent des affaires judiciaires : ce n'est pas notre conception", a-t-il ajouté
Quant à la connaissance que le gouvernement pouvait avoir de l'affaire, "il n'y a aucune immixtion de la garde des Sceaux [Christiane Taubira], de l'exécutif, dans le déroulement des instructions judiciaires", avait-il assuré plus tôt.
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