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Batho limogée : les trois dangers de la décision de Hollande

Sortir l'ancienne ministre de l'Ecologie du gouvernement expose le président aux critiques. Mais l'impact est limité. Explications.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
François Hollande avant un discours sur les emplois d'avenir, à Lanester (Morbihan), le 1er juillet 2013. (FRED TANNEAU / AFP)

Coup de tonnerre au gouvernement. La ministre de l'EcologieDelphine Batho, a été limogée mardi 2 juillet, après avoir critiqué publiquement le projet de budget pour son ministère, en recul de 7%. Une décision périlleuse pour François Hollande, mais pas insurmontable. Francetv info vous dit pourquoi.

1Il se montre "sans sentiments" 

François Hollande a fait tomber, selon L'Express, "le masque de la jovialité", révélant "un homme sans sentiments". L'hebdomadaire ne manque pas de rappeler qu'en cinq ans, Nicolas Sarkozy n'a pas écarté "le plus petit secrétaire d'Etat". Sans compter que le locataire de l'Elysée prête le flanc à la critique en s'en prenant à une ministre peu populaire, peu soutenue au sein du gouvernement, qualifiée de "maillon faible" par Europe 1. La députée UMP de l'Essonne, Nathalie Kosciusko-Morizetaccuse ainsi le chef de l'Etat d'être "fort avec les faibles et faible avec les forts".

NKM dénonce le limogeage de Batho (Europe 1)

Sauf que… Cela permet à François Hollande de brisesr son image de président mou, hésitant, expert de la synthèse. Début avril, il avait prévenu : "Aucun ministre ne peut remettre en cause la politique qui est conduite." Et ajouté qu'aucun membre du gouvernement n'était protégé. "Cette fois, on ne rigole plus, c'est du sérieux ; on vient d'avoir la confirmation que François Hollande a de l'autorité. Il peut couper des têtes", constate Europe 1.

2Il se met à dos les écolos

Quel avenir pour les relations entre le gouvernement et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ? En réduisant de 7% le budget du ministère de l'Environnement, l'exécutif montre qu'il ne considère pas l'écologie comme une solution à la crise, reléguant la transition écologique à plus tard.

Du coup, l'engagement d'EELV au sein de la majorité est prêt à imploser. "Nous attendons du président et du Premier ministre des engagements clairs et des actes, pour que l'écologie soit définitivement prise en compte dès le budget 2014", a déclaré, mardi soir, Pascal Durand, le secrétaire national d'EELV sur France Info. Et d'avertir : "Nous jugerons à la rentrée les engagements de ce gouvernement."

Sauf que les écologistes ont décidé de rester dans l'exécutif. Une décision annoncée à l'issue d'une réunion des cadres d'EELV, organisée en urgence peu après l'annonce de l'éviction de Delphine Batho, chez la ministre du Logement, Cécile Duflot. Un choix qui les transforme en "papier peint vert", estime mercredi l'éditorialiste politique de France inter.

Reste que le chef de l'Etat a assuré que l'environnement demeurait une "priorité du gouvernement, qui se retrouve dans les choix, les actes et des budgets qui ne se résument pas au seul périmètre de la mission écologie", a expliqué mercredi Najat Vallaud-Belkacem lors de son point presse à la sortie du Conseil des ministres. Un refrain repris en chœur par d'autres ministres, à l'instar de Stéphane Le Foll, qui insiste sur France Inter : "L'écologie, c'est pas seulement un budget."

3Il renoncerait à la parité

En écartant Delphine Batho du gouvernement et en la remplaçant par Philippe Martin, le président mettrait fin à la répartition égalitaire entre hommes et femmes au sein du gouvernement. La mise en œuvre de cette promesse de campagne avait été saluée par la presse en mai 2012. Ce nouveau déséquilibre n'est pas un détail, dans la mesure où 76% des Français se disaient attachés, après l'élection de François Hollande, à ce que la parité soit respectée au sein du gouvernement, selon une enquête TNS Sofres parue à l'époque.

Résultat, plusieurs personnalités politiques, comme Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) ou l'eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit ont laissé entendre que ce limogeage serait purement sexiste, voire "machiste". Sur Twitter, l'ancienne ministre du Budget, Valérie Pécresse, a critiqué le timing de cette décision.

Sauf que "La parité est respectée au gouvernement. Avec 18 femmes et 19 hommes comme avec 19 femmes et 18 hommes auparavant, la parité est respectée", a rétorqué Najat Vallaud-Belkacem.

"La parité est respectée au gouvernement" (France 2)

La porte-parole du gouvernement a également contesté l'idée selon laquelle le limogeage de Delphine Batho serait lié au fait qu'elle est une femme. "Si hier il a été mis fin aux fonctions de Delphine Batho, ce n'est certainement pas parce que c'est une femme", a assuré Najat Vallaud-Belkacem. "Il a été mis fin à ses fonctions car en sa qualité de ministre de l'Ecologie, elle a publiquement contesté un arbitrage rendu par le Premier ministre, mettant à mal la cohérence gouvernementale et portant préjudice au message que nous adressons aux Français, point."

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