Conférence de presse de Hollande : ce qu'il faut retenir
François Hollande a démarré avec 10 petites minutes de retard cette conférence de rentrée, la quatrième et pour l’heure la plus complexe de son quinquennat, puisqu’il est au plus bas dans les sondages. "Le monde, l’Europe, la France ", voilà dans quel ordre le chef de l'Etat a choisi d'aborder les grands thèmes de son discours, pour livrer "la conception de son devoir jusqu'à la fin de son mandat ".
Le président a commencé en endossant en quelque sorte un costume de chef de guerre, abordant les sujets internationaux. Il a d’abord évoqué la question du terrorisme, "la sécurité de la France ". "Le monde est menacé gravement par un terrorisme qui a changé de dimension et qui n'a jamais disposé d'autant de moyens financiers, militaires, humains. Un terrorisme qui prétend prendre la place des Etats. C'est en Irak et en Syrie que le danger est le plus grand. Le mouvement Daech [Etat islamique] a prospéré parce que la communauté internationale est restée inerte ", a-t-il dit.
Annonce d'un soutien aérien de la France en Irak
Le chef de l'Etat a décrit un groupe qui "massacre toutes celles tous ceux qui lui résistent, chasse les minorités, notamment chrétiennes, décapitent les journalistes, crucifient même ses opposants, enlèvent des femmes ". Il a également évoqué l'embrigadement de Français dans ce combat terroriste : "Près de 1.000 français ou résidants en France ont rejoint ce groupe en Syrie et en Irak. Des jeunes endoctrinés, embrigadés, souvent même mineurs et qui peuvent revenir avec les pires projets dans la tête ", évoquant notamment Medhi Nemmouche. "36 sont morts " a-t-il ajouté.
Le chef de l'Etat est revenu sur la place de la France sur le conflit en Irak : en août il avait autorisé la livraison d'armes, il s'est rendu en Irak vendredi dernier où les autorités lui ont demandé "une seule chose, en plus de l'aide humanitaire, l’appui de la France pour des opérations de protection aérienne, je leur ai indiqué ma disponibilité " a-t-il dit, précisant que la France n'irait pas au-delà, pas de troupe au sol. Le Premier ministre soumettra ce soutien aérien au Parlement la semaine prochaine. Ces frappes se feront dans un délai "court" a précisé le chef de l'Etat.
Ebola : installation d'un hôpital militaire français en Guinée forestière
François Hollande a ensuite abordé la question du virus Ebola et notamment du premier cas français une femme de MSF qui doit être rapatriée en France. La France "va également agir " a-t-il dit : "Je viens de décider d’installer un hôpital militaire en Guinée forestière, là où se situe le foyer principal de l’épidémie ". "Là encore il s’agit de sauver des vies ", dit-il.
Sur la Russie, le chef de l'Etat a également indiqué que les navires Mistral pourraient être livrés à la Russie "si le cessez-le-feu est respecté " en Ukraine et "si le processus de règlement est achevé ", ajoutant aussitôt que "nous n'en sommes pas là ".
Europe : mise en garde contre un "scénario de fin de croissance"
L'Europe est à l'heure de choix cruciaux, a-t-il dit. "Nous commençons à être entendu ", a ajouté François Hollande. "Le danger, c'est l'enlisement des économies européennes dans la stagnation, c'est-à-dire un scénario de fin de croissance, l'austérité budgétaire se conjuguant avec un niveau élevé de l'euro et la faible inflation s'ajoutant à la faible croissance ", a déclaré le chef de l'État, qui plaide pour une "réorientation de l'Europe " vers une "véritable politique de croissance et d'emploi ".
La France souhaite prendre de nouvelles initiatives avec l'Allemagne afin d'aller plus loin dans l'intégration européenne, notamment sur la transition énergétique, le numérique ou les infrastructures, et est prête à voir émerger une Europe à plusieurs vitesses. François Hollande a dit qu'il allait engager la "négociation ", notamment avec l'Allemagne, pour faire accepter un report à 2017, au lieu de 2015, du retour du déficit public français au seuil de 3% du produit intérieur brut.
"L'Europe doit être une protection et elle ne l'est pas aujourd'hui"
"Si le projet européen se dilue, la voie est ouverte aux égoïsmes, aux populismes, aux séparatismes, voilà ce qui se produit en ce moment. Après un demi-siècle de construction européenne nous rentrons dans un projet de déconstruction, et des Etats eux-mêmes et de la sécurité" . François Hollande mentionne notamment le référendum écossais qui se tient ce jeudi : "Qui peut dire encore ce que sera le résultat du référendum en Ecosse, qui peut décider de l'avenir du Royaume-Uni mais aussi de celui de l'Europe ? "
La France "ne fera pas davantage" que 50 milliards d'économies
Lors de cette conférence de presse, le chef de l'Etat a également répété ses "choix " pour la France. "Mon seul objectif c'est que la France retrouve toute sa force pour aller de l'avant et que les Français qui souffrent, qui s'inquiètent, se battent, qui luttent, et parfois attendent des résultats qui ne viennent pas, vivent mieux à la fin de mon quiquennat et c'est pour cela que j'ai fait des choix ", a-t-il indiqué.
Le choix de la compétitivité d'abord : "soutenir les entreprises c'est soutenir ceux qui y travaillent et c'est un choix irrévocable. C'est le sens du pacte de responsabilité. C'est un cadre pour que dans les trois ans à venir chacun sache ce qu'il a à faire ". Les engagements doivent être tenus par "tous les partenaires " notamment le patronat a-t-il insisté.
François Hollande a également insisté sur ses choix "du côté des ménages ", "j'ai fait le choix de maîtriser la dépense publique ". La France "ne fera pas davantage " que 50 milliards d'économie, "ne lèvera pas des impôts supplémentaires qui risqueraient de casser la reprise et désespérer les contribuables ". Il a également indiqué que la TVA ne sera pas augmentée.
Un plan numérique généralisé, un service civique élargi
Le président a également évoqué ses choix pour l'école, et un plan numérique généralisé "dès 2016, mis en œuvre dès le collège ". Il a également confié au gouvernement un "grand engagement" sur la question du service civique, afin de l'élargir "autant qu'il est possible ", et de l'assortir de nouveaux droits, liés par exemple au permis de conduire.
Sur la transition énergétique il a indiqué que cela "va être la grande cause internationale puisque nous allons changer la façon de faire de l'industrie, du bâtiment, des transports. Nous allons être exemplaire parce que dans un an nous accueillons la conférence sur le climat et c'est l'occasion pour la France, l'Europe de réussir ce que d'autres n'ont pas obtenu, c'est-à-dire un accord ".
Thomas Thévenoud "pas digne" de rester à l'Assemblée
Les "choix de la République " enfin, a-t-il démarré. "La justice est indépendante, la presse est indépendante, nous le voyons tous les jours, en tous cas moi ", dit-il (rires dans la salle). Evoquant la transparence, François Hollande est revenu sur l'ex-secrétaire d'Etat Thomas Thévenoud, évincé pour ne pas avoir payé ses impôts, indiquant qu'il n'était "pas digne de rester à l'Assemblée nationale ".
"Les résultats tardent à venir, je le vois, ils viendront"
Face à une société "défiante, à l'égard du pouvoir mais aussi de l'avenir ", face au "sentiment d'abandon, certains trop loin de tout, d'autres trop près de tout, de l'insécurité de la pollution " le chef de l'Etat a tenté de rassurer les Français. "Les résultats, ils tardent à venir, je le sais, je le vois. Ils viendront, ils viendront si nous nous mobilisons tous ", a assuré le chef de l'Etat lors de sa conférence de presse. "J'ai conscience que cette ligne que j'ai tracée, que le cap que j'ai montré nous permettra d'avoir des résultats, j'espère avant 2017 ", a-t-il ajouté. "Mais ce qui compte dans la vie politique c'est de faire son devoir, et quelque fois on sert l'avenir plutôt que le présent ", a-t-il conclu.
"Je suis président, pas candidat"
Lors des questions de la presse ensuite, François Hollande a assuré que sa candidature en 2017 n'était pas d'actualité : "Je suis président, pas candidat, je serai président jusqu'au bout, je n'ai pas d'autre objectif, d'autre priorité, d'autre devoir que de faire tout, tout pour mon pays ". Au sujet des sondages qui lui sont défavorables, le président a estimé qu'il n'était "écrit dans la Constitution nulle part que ce serait un sondage qui ferait que le pouvoir pourrait être exercé ou pas ", invitant à attendre la fin de son mandat pour en tirer le bilan.
Egalement interrogé sur cette engagement qu'il avait pris de faire le bilan avec les Français à mi-mandat, il a répondu que si les députés n'avaient pas accordé leur confiance au Premier ministre mardi, il aurait dissous l'Assemblée nationale.
Quant à l'ombre qui planait sur cette conférence de presse, le retour imminent de Nicolas Sarkozy, François Hollande a indiqué que "ceux qui ont dirigé le pays hier " ont le droit de vouloir gouverner à nouveau.
Enfin, interrogé sur son déplacement à l'île de Sein, et pourquoi il n'avait pas pris de parapluie pour se protéger, il a indiqué : "Il y avait les enfants de soldats, des élus, qui étaient sous la pluie, trempés, qui m'attendaient et qui savaient que cette cérémonie avait quelque chose de sacré ", a-t-il expliqué. "Je pense que le président de la République, ça consistait justement à être sous les intempéries, avec les Français, avec ceux qui étaient là ". La suite dira si cette conférence de presse aura permis de calmer la tempête.
F. #Hollande sur le livre de V. Trierweiler : "Je me suis déjà exprimé. Je ne vous donnerai pas d'autres réponses"#ConfPR
— France InfoPolitique (@franceinfopol) September 18, 2014
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