Activiste à Greenpeace, cofondateur d'EELV… Six choses à savoir sur Yannick Jadot, le candidat arrivé en tête du premier tour de la primaire écologiste
L'écologiste a mené les campagnes de Greenpeace en France, ce qui lui a valu une condamnation et un espionnage, avant de se consacrer à la politique.
Cet article a été publié initialement le 19 mai 2019, lors de la campagne pour les élections européennes. Il a été réactualisé après l'annonce des résultats de la primaire écologiste en vue de l'élection présidentielle de 2022, dimanche 19 septembre 2021.
Yannick Jadot a une courte tête d'avance. L'eurodéputé a recueilli 27,70% des voix lors du premier tour de la primaire écologiste en vue de l'élection présidentielle de 2022, dimanche 19 septembre. Il devance de peu Sandrine Rousseau, qu'il affrontera lors du second tour de la primaire. Franceinfo revient sur le parcours de Yannick Jadot.
1Il a dirigé les campagnes de Greenpeace France
Yannick Jadot a fait ses armes au sein de plusieurs ONG à travers le monde. Ce diplômé d'économie a d'abord voyagé au Burkina Faso et au Bangladesh avec un groupe de solidarité internationale, puis a participé à de nombreuses manifestations pour construire le mouvement altermondialiste. En 2002, il rejoint finalement Greenpeace France. Son job ? Diriger les campagnes d'action de l'organisation écologiste. Un rêve de gosse à en croire ses souvenirs d'enfance, dans lesquels il raconte avoir accroché un poster de l'ONG au-dessus de son lit.
Ce passage à Greenpeace lui permet d'affûter ses armes médiatiques avec de nombreux coups d'éclat. Il conçoit, coordonne et participe aussi à certaines actions, comme en 2006 où il interpelle vertement, depuis un bateau, des thoniers de Marseille en conflit avec l'ONG. Signe de son implication : à son départ, en 2008, les équipes de Greenpeace lui consacrent même un libdub (oui, c'était la mode à l'époque).
2Il a été condamné pour "atteinte aux intérêts supérieurs de la Nation"
Le casier judiciaire de Yannick Jadot n'est plus vierge depuis ses années Greenpeace. Et pour cause : en 2005, il participe à "l'opération plutonium" de l'ONG contre le nucléaire. L'objectif : bloquer le transport de plutonium américain qui devait être recyclé en France pour en faire un combustible pour les centrales nucléaires. Pour cela, Greenpeace organise de nombreuses actions spectaculaires, notamment contre les bateaux américains.
Yannick Jadot participe à l'une de ces opérations antinucléaires. "Je pénètre en Zodiac dans la base de sous-marins nucléaires de l'île Longue [Finistère] pour dénoncer l'illégalité du programme d'armement nucléaire français au regard du Traité de non-prolifération. Adrénaline garantie", raconte-t-il dans son livre Entrons en dissidence (Plon). A la suite de cette action, Yannick Jadot est condamné pour "atteinte aux intérêts supérieurs de la Nation", rapporte Le Monde.
3Il a été espionné à la demande d'un cadre d'EDF
Les actions coups-de-poing de Greenpeace, menées notamment par Yannick Jadot, finissent par agacer certaines entreprises. "EDF aurait fait espionner Greenpeace", écrit Mediapart, en 2009. Plus précisément, des données confidentielles ont été piratées sur l'ordinateur de Yannick Jadot en 2006, via une entreprise privée de renseignement, Kargus Consultants, mandatée par EDF.
En 2011, Pierre-Paul François, ancien cadre d'EDF et ex-policier, a été condamné à trois ans de prison, dont 30 mois avec sursis, pour accès frauduleux à des données informatiques et recel de ce délit. Il a également dû verser 5 000 euros de dommages-intérêts à Greenpeace et 10 000 euros à Yannick Jadot. EDF, de son côté, a finalement été relaxée en 2013 par la cour d'appel de Versailles. L'entreprise avait été condamnée en première instance à 1,5 million d'euros d'amende pour complicité dans le piratage. Mais elle s'estimait victime et dénonçait le zèle de Pierre-Paul François dans cette affaire.
4Il a cofondé Europe Ecologie
Yannick Jadot arrive au premier plan politique lors du Grenelle de l'environnement, en 2007. Porte-parole de l'Alliance pour la planète, c'est lui qui est chargé des négociations. Il y rencontre aussi Pascal Durand et Jean-Paul Besset, avec qui il participera à la fondation d'Europe Ecologie, la liste d'union des écologistes qui deviendra ensuite le parti EELV. Leur coup d'éclat : réunir 16,28% des suffrages aux élections européennes de 2009. Un score historique qui permettra à Yannick Jadot d'intégrer le Parlement européen la même année.
Proche de Daniel Cohn-Bendit, dont il partage la passion du foot, l'écologiste ne sera pourtant pas toujours en bons termes avec les instances dirigeantes du parti. Un conflit l'oppose durablement à Cécile Duflot, sa rivale au sein d'EELV. Il claque aussi la porte de la campagne d'Eva Joly en 2012. Bref, Yannick Jadot ne se fait pas que des amis dans la grande famille écologiste. Loin de là. "Personne n'est fan de lui, mais personne ne le déteste non plus", lâchait Jean-Vincent Placé, ancien d'EELV, avant la campagne présidentielle de 2017. "Il est le porte-drapeau de la coupure et de la marginalisation", avait renchéri François de Rugy, parti lui aussi en 2015 d'EELV.
5Il a pris la tête de la lutte contre les traités de libre-échange
Elu au Parlement européen depuis douze ans, Yannick Jadot s'est notamment consacré à la lutte contre les projets de traités de libre-échange, comme le Tafta ou le Ceta. En octobre 2016, il mène la fronde contre le traité Europe-Canada qui favoriserait les sables bitumineux, les gaz de schiste et l'élevage intensif. Son vibrant discours à ce sujet a été vu plus de 1,8 million de fois sur sa page Facebook. Yannick Jadot parle d'un "coup de bol", mais dans son entourage, on jubile : "C'est plus qu'un discours d'Obama", se félicite-t-on auprès de franceinfo.
6Il a retiré sa candidature à la présidentielle au profit de Benoît Hamon
En 2017, la bataille de la présidentielle tourne rapidement court pour Yannick Jadot. Sorti victorieux de la primaire écologiste face à Michèle Rivasi, il a bien du mal à décoller dans les sondages. Le candidat se rallie finalement à Benoît Hamon deux mois avant le scrutin. Le deal ? L'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, la sortie du nucléaire en vingt-cinq ans, la proportionnelle et… des postes de député. L'accord se solde par un résultat très décevant : à peine plus de 6% des suffrages. Cinq ans plus tard, sa stratégie devrait être très différente.
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