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Primaire écologiste : pourquoi Cécile Duflot a été éliminée dès le premier tour

A la surprise générale, Yannick Jadot et Michèle Rivasi se sont qualifiés pour le second tour. Au grand dam de l'ancienne ministre du Logement, éliminée, alors qu'elle était la grande favorite.

Article rédigé par franceinfo
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L'ancienne ministre Cécile Duflot participe à une manifestation le 8 octobre 2016 contre le projet de construction d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

Un an qu'elle se préparait, paraît-il. En vain. A la surprise générale, Cécile Duflot n'a pas franchi le premier tour de la primaire écologiste, mercredi 19 octobre. Avec 24,41% des suffrages, l'ex-patronne des Verts a été éliminée par les eurodéputés Yannick Jadot (35,61%) et Michèle Rivasi (30,16%). Franceinfo vous explique pourquoi l'ancienne ministre du Logement a subi un tel camouflet.

Elle a participé au gouvernement... et l'a quitté

Pour Yannick Jadot, interrogé sur franceinfo jeudi matin, Cécile Duflot "paye très injustement sa participation au gouvernement, d'avoir assumé des responsabilités". Car "ce quinquennat est incontestablement un gâchis". Autrement dit, certains militants semblent lui en avoir voulu d'avoir contribué, pendant plusieurs mois, à la politique mise en place par François Hollande.

Mais auprès d'une autre fraction du parti écologiste, c'est à l'inverse son départ du gouvernement qu'elle pourrait avoir payé. C'est, en tout cas, ce qu'estime la secrétaire d'Etat à la Biodiversité, Barbara Pompili. Avec sa stratégie, Cécile Duflot "a saccagé l'écologie politique", estime sur LCI l'ancienne députée. Or, "quand on a une stratégie d'isolement, on finit seule", ajoute celle qui a quitté EELV en 2015, avec d'autres aspirants aux fonctions ministérielles comme l'actuel secrétaire d'Etat à la réforme d'Etat, Jean-Vincent Placé, ou le député François de Rugy.

Elle incarnait une forme d'opportunisme

Parfois étroits et parfois lâches, les liens à géométrie variable qu'a entretenus Cécile Duflot avec François Hollande incarnent, aux yeux de ses opposants, une certaine forme d'opportunisme. Et une stratégie qu'elle aurait déployée pendant des années à la tête des Verts puis d'Europe Ecologie. Tantôt heureuse de négocier des circonscriptions avec le PS et de s'assurer un fauteuil doré dans la capitale, tantôt heureuse d'accepter un poste de ministre, tantôt prônant une sortie unilatérale du gouvernement, tantôt se rapprochant de Jean-Luc Mélenchon, tantôt le fustigeant, tantôt critiquant l'organisation d'une primaire écolo, tantôt s'y ralliant…

Pour l'ancien eurodéputé Daniel Cohn-Bendit, interrogé sur Europe 1, les électeurs de la primaire "lui ont fait payer son 'moi, moi, moi'".

Cécile Duflot a certainement fait plus de politique que d'écologie.

Daniel Cohn-Bendit

sur Europe 1

"Ce qu'elle paye aussi et surtout, c'est son attitude en général. Ambitieuse, politicienne, opportuniste, sans foi ni loi par moment, partage l'éditorialiste Alba Ventura sur RTLLa leçon pour elle aujourd'hui, c'est que lorsqu'on met en avant ses ambitions plus que ses convictions, et qu'à cela s'ajoute de l'amertume, on ne construit pas une bonne offre politique."

Trop attentive à ses manœuvres et ses stratégies, Cécile Duflot a semblé parler trop peu d'écologie. "Elle est jugée trop politicienne, trop calculatrice, plus soucieuse de sa préservation politique que de celle de la planète", estime l'éditorialiste Michel Urvoy dans Ouest-France"Pour les militants écolos associatifs (...), Duflot apparaît comme une apparatchik, trop politicienne, acquiesce le journaliste Maël Thierry dans L'Obs. L'ex-patronne d'EELV paie une stratégie jugée, y compris au sein de son parti, trop personnelle ou tacticienne, et pas facilement lisible."

Les électeurs voulaient du renouveau

Comme d'autres, Yannick Jadot voit également à travers les résultats de cette primaire "un besoin de renouvellement, dont Cécile Duflot a pu être victime". "Au sein du parti, son nom rime avec 'passé' (...). Ils sont nombreux à vouloir définitivement tourner la page", estime le journaliste Rachid Laïreche dans Libération.

Daniel Cohn-Bendit y voit, d'ailleurs, un avertissement valable pour les anciens chefs de partis et autres apparatchiks : "Aussi bien Nicolas Sarkozy, que Hollande ou Valls devraient le méditer, il ne sert à rien dans une primaire, qu'elle soit petite ou grande, d'avoir dans la main l'appareil du parti. (...) L'appareil ne fait pas les électeurs".

Le "renouveau", c'est d'ailleurs ce qu'ont prôné tout au long de la campagne les trois concurrents de Cécile Duflot. Sur sa page Facebook, l'intéressée ne dit guère autre chose quand elle écrit avoir "entendu dans cette primaire la volonté d’écrire une nouvelle page de l’écologie politique, une écologie positive, une écologie populaire, une écologie qui entre dans une nouvelle dimension".

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