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Agression d'un manifestant par Alexandre Benalla, un collaborateur de l'Elysée : ce que l'on sait de l'affaire qui embarrasse Emmanuel Macron

Selon les informations du "Monde", dévoilées mercredi, un collaborateur d'Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, a frappé à plusieurs reprises un homme à terre, lors de la manifestation du 1er-Mai à Paris. Franceinfo fait le point sur ces révélations. 

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Emmanuel Macron et Alexandre Benalla (à droite), responsable de la sécurité du candidat pendant sa campagne, lors d'une visite au Salon de l'agriculture, le 1er mars 2017 à Paris.  (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Son identité est finalement révélée, plus de deux mois après les faits. Dans un article publié mercredi 18 juillet, Le Monde révèle avoir identifié Alexandre Benalla, chargé de mission à l'Elysée auprès du chef de cabinet François-Xavier Lauch, comme étant l'auteur de violences sur un manifestant, le 1er mai dernier, dans le 5e arrondissement de Paris. 

>>Agression d'un manifestant par Alexandre Benalla : suivez toutes les réactions et les infos dans notre direct

Une vidéo, tournée et diffusée sur les réseaux sociaux ce jour-là, montre Alexandre Benalla, muni d'un casque de policier, en train de frapper plusieurs fois un manifestant à terre, place de la Contrescarpe. Ce collaborateur d'Emmanuel Macron a été mis à pied pendant deux semaines, puis réintégré pour des fonctions administratives à l'Elysée, révèle Le Monde. Que s'est-il passé exactement ? Qui est ce conseiller ? Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de cette affaire. 

Que s'est-il passé ce jour-là ?

Les faits se sont déroulés en fin de journée, mardi 1er mai, lors d'un rassemblement à l'issue des manifestations de la journée, dans le Quartier latin de Paris. Selon le quotidien, moins de 100 personnes sont alors assises par terre place de la Contrescarpe, pour un "apéro" initié par le Comité d'action inter-lycéen, rejoint par le syndicat étudiant Unef et La France insoumise

"Assez vite, une trentaine de CRS sont arrivés et ont bouclé la place. A ce moment-là, ça a rapidement dégénéré", témoigne auprès de Libération Taha Bouhafs, militant et auteur de la vidéo montrant les actes d'Alexandre Benalla. Ses images montrent le collaborateur d'Emmanuel Macron, vêtu d'un sweat-shirt gris clair, en train de tirer une jeune manifestante par le cou. Il agresse ensuite un jeune homme à terre, sous le regard des forces de l'ordre présentes sur place. 

Il arrive en courant, il attrape par le cou le gars qui est déjà à terre entouré de CRS. Il l’étrangle et lui met plusieurs coups de poing par derrière, c’est un tabassage en règle.

Taha Bouhafs

à "Libération"

Le jeune homme agressé lui demande d'arrêter, lui criant "je vais vous expliquer". "La victime a du mal à respirer, se touche le ventre. On crie tous plusieurs fois d’arrêter, c’est hyper violent", relate auprès de Libération Taha Bouhafs. Quand le militant s'approche d'Alexandre Benalla pour mieux filmer son visage, ce dernier quitte les lieux, craignant d'être identifié. 

Contacté par Le Monde, Patrick Strzoda, directeur de cabinet du chef de l'Etat, a confirmé qu'Alexandre Benalla était bien l'auteur de ces violences. 

Qui est Alexandre Benalla ?

Ce collaborateur de l'Elysée, adjoint au chef de cabinet de l'Elysée, François-Xavier Lauch, a été chargé de la sécurité d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, rapporte Le Monde. Lors de la précédente campagne, en 2011 et 2012, Alexandre Benella avait été responsable de la sécurité de Martine Aubry puis avait intégré le service d'ordre chargé de la protection du candidat socialiste à l'élection présidentielle, François Hollande. 

Il a également travaillé brièvement pour Arnaud Montebourg, qui l'a très rapidement remercié, poursuit Le Monde. "Je m'en suis séparé au bout d'une semaine après une faute professionnelle d'une première gravité : il avait provoqué un accident de voiture en ma présence et voulait prendre la fuite", confie l'ancien ministre de l'Economie au quotidien. 

Lors de la campagne d'Emmanuel Macron, cet ancien salarié d'un groupe de sécurité privée se fait repérer pour ses méthodes musclées. Selon les "Macron Leaks", cités par Le Monde, Alexandre Benalla souhaitait commander deux pistolets lançant des balles en caoutchouc, mais également des boucliers antiémeutes et un Flash-Ball pour le service de sécurité du candidat. A l'occasion d'un meeting à Caen (Calvados), en mars 2017, le responsable de la sécurité d'Emmanuel Macron avait évacué de force un photographe, estimant qu'il était trop près du candidat, poursuit Le Monde

Pourquoi était-il présent à cette manifestation ?

Dans une interview accordée au Monde, Patrick Strzoda explique qu'Alexandre Benalla "souhaitait participer à une intervention auprès de la préfecture de police, pour voir comment se gérait une grande manifestation, à l'occasion du 1er-Mai"

Il m'en a demandé l'autorisation, je la lui ai donnée, mais en précisant bien qu'il y allait en observateur.

Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron

au "Monde"

Le directeur de cabinet du chef de l'Etat affirme qu'il a été informé le 2 mai qu'Alexandre Benalla avait été identifié "en train de participer à des opérations de maintien de l'ordre". "J'ai vu les vidéos, je l'ai convoqué le jour-même", assure Patrick Strzoda. 

Comment a-t-il été sanctionné ?

"Si les faits sont avérés, il faut prendre des sanctions", a réagi selon Le Monde le président de la République, lorsqu'il a été informé des violences commises par son collaborateur. 

Après avoir reconnu les faits, Alexandre Benalla a reçu une lettre de Patrick Strzoda, dans laquelle le directeur de cabinet stipule que ses actes ont "porté atteinte à l'exemplarité qui est attendue, en toutes circonstances, des agents de la présidence de la République". Il lui annonce alors qu'il est suspendu de ses fonctions et privé de salaire pour une durée de deux semaines, jusqu'au 19 mai. En cas de récidive, Patrick Strzoda le prévient : "Je mettrai fin définitivement à votre collaboration au sein des services de la présidence de la République". 

Cette sanction est la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission à l'Elysée.

Bruno Roger-Petit, porte-parole de l'Elysée

lors d'une déclaration, jeudi 19 juillet

Lors de son allocution jeudi, Bruno Roger-Petit a précisé qu'un autre homme, Vincent Crase, avait été sanctionné dans le cadre de cette affaire. "Ce gendarme réserviste, par ailleurs employé de La République en marche, était très ponctuellement mobilisé, comme d'autres réservistes, par le commandement militaire de la présidence de la République", a précisé le porte-parole de l'Elysée. Ayant accompagné Alexandre Benalla le 1er mai, " il a été sanctionné, comme lui, par une mise à pied de 15 jours avec suspension de salaire", a-t-il ajouté. "Il a été également mis fin à toute collaboration entre lui et la présidence de la République."

Depuis son retour à l'Elysée, le 19 mai, Alexandre Benalla est toujours chargé de mission, mais désormais responsable de la sécurité d'événements ayant lieu "à l'intérieur" de l'Elysée. 

Contacté par franceinfo, le parquet de Paris annonce qu'une enquête préliminaire a été ouverte jeudi, pour "violences par personne chargée d'une mission de service public", "usurpation de fonctions" et "usurpation de signes réservés à l'autorité publique". L'enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), précise le parquet à franceinfo. 

Quelles sont les réactions politiques ?

Les révélations du journal Le Monde, mercredi, ont entraîné de vives réactions dans la classe politique française. "Je reste sans voix", a réagi sur Twitter Boris Vallaud, député et porte-parole du Parti socialiste. "Est-ce que l'Elysée a sanctionné ce collaborateur ?", a réagi de son côté Valérie Boyer, députée Les Républicains des Bouches-du-Rhône.

Eric Coquerel, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, a quant à lui annoncé qu'il demandait une commission d'enquête parlementaire sur ces violences commises le 1er mai. 

"La scène filmée est d'une grande violence", a réagi enfin Florian Philippot sur le réseau social. "Incroyable que ce type soit encore au service du président de la République", a-t-il déclaré. 

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, s'est exprimée sur ces faits jeudi matin à l'Assemblée nationale. Interpellée sur l'affaire par le député Les Républicains Eric Ciotti, la garde des Sceaux a déclaré que "les éléments qui ont été révélés par les films qui ont été diffusés témoignent effectivement de gestes absolument inadaptés". "Si cela paraît nécessaire, le procureur prendra de sa propre initiative les décisions qui s'imposent", a-t-elle ajouté.

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