Allocution d'Emmanuel Macron : une prise de parole aux accents de discours de campagne
Lors de son intervention télévisée, mardi soir, le chef de l'Etat a annoncé des mesures d'ordre sanitaire. Mais il a surtout défendu son bilan et esquissé des réformes pour l'avenir.
Une allocution de près d'une demi-heure. Emmanuel Macron s'est adressé aux Français, mardi 9 novembre, pour doper le rappel vaccinal face au rebond de l'épidémie de Covid-19 en Europe. Mais il a surtout consacré les deux tiers de son discours à vanter son bilan, à se projeter dans l'avenir et à défendre ses valeurs. Trois axes développés par un président presque en campagne.
Un discours de président ou de candidat ? L'ambiguïté a fait vivement réagir plusieurs opposants, dont le candidat de La France insoumise pour 2022, Jean-Luc Mélenchon : "Macron est président-candidat et candidat-président. Il met en cause la loyauté de l'élection présidentielle. Est-ce qu'on discute d'un bilan ou d'un programme pour le futur ?"
Un éloge de son bilan présidentiel
Une fois expédié le message sur le rappel vaccinal contre le Covid, le chef de l'Etat a longuement expliqué comment il avait "protégé" le pays pendant la pandémie. "Notre nation s'est toujours attachée à protéger chacun de nous, sur le plan éducatif, économique et social", a-t-il dit, avant de récapituler les mesures prises pour la jeunesse. Et d'abord pour les "enfants", parce que "nous avons été l'un des pays du monde qui a le plus ouvert ses écoles". Puis pour "les étudiants" qui ont bénéficié de "repas à 1 euro" et d'"aides spécifiques pour les boursiers".
Il a ensuite déclaré avoir évité, grâce aux aides versées pendant l'épidémie, "à près d'un demi-million de nos compatriotes de basculer dans la pauvreté". Et il a insisté sur le "chômage partiel", les prêts garantis par l'Etat et les aides qui ont accompagné "artistes, artisans, indépendants, salariés, entrepreneurs", ou encore les soignants "augmentés de 200 à 400 euros net par mois en moyenne".
Le chef de l'Etat a terminé par un panégyrique plus général sur la situation économique française. "Notre croissance dépasse les 6%. La France est en tête des grandes économies européennes", a-t-il déclaré. Et d'ajouter : "Le chômage est au plus bas depuis près de quinze ans, et nous sommes l'un des seuls pays du monde où le pouvoir d'achat a continué à progresser, en moyenne, et où la pauvreté n'a pas augmenté. Nous avons réussi cela en maîtrisant nos dépenses publiques, puisque notre déficit sera inférieur à 5% de notre produit intérieur brut dès cette année."
Des promesses pour la fin du quinquennat… et au-delà
Emmanuel Macron a ensuite pris des engagements pour les prochains mois, au-delà même de l'élection présidentielle, prévue les 10 et 24 avril 2022. "Nous continuons et continuerons d'adapter nos réponses en fonction des besoins. C'est pourquoi, par exemple, les prêts garantis par l'Etat seront prolongés jusqu'en juin 2022", a-t-il ainsi promis. Il a aussi rappelé qu'il venait d'annoncer "le lancement pour le 1er mars 2022' du "Contrat engagement jeune pour les 500 000 jeunes sans emploi et les moins qualifiés" .
Mais c'est sur le dossier des retraites qu'il s'est le plus clairement projeté dans un second quinquennat. "Les conditions ne sont pas réunies pour relancer aujourd'hui ce chantier", a-t-il déclaré, en ajoutant que ce n'était que partie remise : "Dès 2022, a-t-il asséné, "il faudra, pour préserver les pensions de nos retraités et la solidarité entre nos générations, prendre des décisions claires (…) Travailler plus longtemps en repoussant l'âge légal", supprimer les "régimes spéciaux" et harmoniser "public et privé". Soit les grandes lignes de la réforme que son ex-Premier ministre Edouard Philippe avait dû abandonner au printemps 2020 devant l'urgence de la crise sanitaire.
Autre annonce qui enjambe allègrement l'élection présidentielle : la relance, "pour la première fois depuis des décennies", de la construction de réacteurs nucléaires sur le sol français.
Travail, Europe : des valeurs réaffirmées
Le discours d'Emmanuel Macron a pris davantage encore la forme d'une harangue de campagne lorsqu'il a souligné les valeurs qui le guidaient. Il a ainsi mis en avant "le travail" comme "le fil rouge" de son "action" pour justifier sa réforme de l'assurance-chômage. De la même façon, il a déclaré qu'il faudrait "travailler davantage" dans le cadre d'une future réforme des retraites.
Il s'est aussi posé en défenseur de l'Union européenne, dont la France prendra la présidence tournante en janvier 2022. "Seule une entente européenne, solidaire et volontaire, peut apporter à chacun de nos pays européens un relais et une force de frappe. Il suffit d'ouvrir les yeux pour mesurer combien nos intérêts se rencontrent et s'accordent", a-t-il proclamé. Une réponse aux discours d'extrême droite, portés notamment par deux de ses principaux concurrents potentiels, Marine Le Pen et Eric Zemmour : "N'ayons pas peur ! Croyons en une France qui reste elle-même (…) forte de son esprit de résistance (…) à la soumission, aux dogmes, aux obscurantismes, au retour du nationalisme."
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