Blocages étudiants, élections européennes, Jeux olympiques... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron dans "La Tribune dimanche"

Le président de la République estime notamment que les actions propalestiniennes à Sciences Po et dans de nombreuses universités françaises "empêchent le débat".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Emmanuel Macron à l'Elysée, à Paris, le 3 mai 2024. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

De la condamnation des blocages étudiants propalestiniens à la campagne des élections européennes qui bat son plein, en passant par son désir de voir Kylian Mbappé participer aux Jeux olympiques de Paris 2024 avec l'équipe de France de football, Emmanuel Macron s'exprime sur les sujets brûlants du moment. Dans un entretien accordé à La Provence et La Tribune dimanche, publiée samedi 4 mai, le président de la République a également exclu toute candidature aux municipales de Marseille en 2026. A passage, il questionne la limitation de deux mandats présidentiels successifs, tout en rappelant sa constitutionnalité. Franceinfo vous résume ce qu'il faut retenir de cette interview présidentielle. 

Sur les blocages étudiants propalestiniens

Le président de la République condamne "avec la plus grande fermeté" les blocages à Sciences Po et dans les universités menés par des manifestants propalestiniens. Des actions qui, selon lui, "empêchent le débat".

"Je comprends très bien que ce qui se passe aujourd'hui en particulier à Gaza bouleverse – la France appelle d'ailleurs à un cessez-le-feu immédiat – mais empêcher le débat n'a jamais aidé à la résolution d'un conflit."

Emmanuel Macron

dans "La Tribune du dimanche"

Emmanuel Macron trouve "tout à fait légitime et même sain et rassurant que notre jeunesse puisse dire que l'actualité internationale la touche et qu'elle en débatte". Mais "intimer l'ordre à un établissement d'avoir telle ou telle politique par la force et le blocage, empêcher d'autres étudiants d'accéder à un amphithéâtre sous prétexte qu'ils sont juifs, ce n'est pas la République", martèle celui qui est "favorable" à l'évacuation par les forces de l'ordre des universités bloquées "à la demande des établissements".

Le chef de l'Etat dénonce par ailleurs une récupération politique de ces événements par le parti politique de Jean-Luc Mélenchon. "Certaines formations, comme La France insoumise, ont considéré que c'était une manière pertinente de mener le combat. Il est simplement contreproductif et inacceptable qu'au nom de leurs combats, ils empêchent le débat", lâche-t-il.

Sur les élections européennes

Dans cette interview, Emmanuel Macron déclare aussi souhaiter que le Premier ministre Gabriel Attal "s'engage au maximum dans la campagne" des élections européennes, "en faisant des débats, des meetings, en allant sur le terrain". "C'est ce que je lui ai demandé, comme aussi à l'ensemble du gouvernement", insiste le président de la République. Cet appel intervient à un peu plus d'un mois du scrutin, alors que la tête de liste de la majorité, Valérie Hayer, est à la peine dans les sondages, loin derrière Jordan Bardella (Rassemblement national) et Raphaël Glucksmann (PS-Place publique).

Au passage, le président de la République tacle le parti d'extrême droite, en tête dans les intentions de vote. "Il est haut parce qu'il ne gouverne pas et qu'il ne dit rien", qu'il "s'adapte à l'esprit du moment", estime Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat dénonce un parti "perclu d'incohérences", qui "change de visage en permanence" : "Un jour le Frexit. Un autre le maintien dans l'Union".

"Agréger les colères, ce n'est jamais proposer un programme ou dessiner un avenir:"

Emmanuel Macron

dans "La Tribune dimanche"

Alors que le Rassemblement national martèle qu'il demandera une dissolution s'il gagne le scrutin du 9 juin prochain, Emmanuel Macron n'entend, lui, pas en tirer de conclusions nationales : "C'est l'élection des députés européens. La conclusion sera donc d'abord européenne", tranche-t-il.

Sur de possibles réformes institutionnelles

Introduire "une part de proportionnelle" aux élections législatives "serait bon pour la démocratie", estime encore Emmanuel Macron dans cet entretien. Pourrait-il la mettre en place avant la fin de son mandat ? "Si une majorité se dégage pour introduire une part de proportionnelle, oui. C'est l'engagement que j'ai pris. Je pense que ce serait bon pour la démocratie", répond le chef de l'Etat, qui en avait fait une promesse en 2017.

Lors de la campagne de 2022, le président s'était de nouveau dit favorable à la proportionnelle, ouvrant même la porte à une proportionnelle intégrale, avec un nombre de sièges proportionnel au total des suffrages obtenus. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet a d'ailleurs lancé des concertations sur le sujet. Mais le camp présidentiel est divisé : le chef des députés Renaissance Sylvain Maillard est contre, tout comme la ministre des Relations avec le Parlement Marie Lebec. Les alliés du MoDem, eux, militent de longue date en faveur de ce mode de scrutin.

Emmanuel Macron évoque aussi la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels successifs. Cette règle "est là et je ne vais pas changer la Constitution", mais "si vous me demandez mon avis personnel : je pense que c'est toujours mieux quand on laisse le choix aux électeurs", estime-t-il. "Je ne suis pas forcément en train de vous dire que j'aurais aimé être candidat à un troisième mandat", poursuit-il. Le chef de l'Etat estime toutefois que "quand on met des interdictions dans la loi, on capture en quelque sorte une part de la liberté des électeurs qui sont souverains".

Sur son éventuelle candidature à Marseille

Emmanuel Macron exclut également toute candidature aux municipales de 2026. "Une rumeur court : vous pourriez être candidat aux élections municipales en 2026, même en position non éligible", interrogent les journalistes. "Certains ont peut-être regardé cette possibilité, mais je ne serai pas candidat – à quoi que ce soit", répond le chef de l'Etat.

En septembre 2021, le président avait lancé lors d'une visite dans la cité phocéenne le plan "Marseille en grand", entre autres pour rénover des écoles primaires et désenclaver les quartiers pauvres du nord de la ville. Pour régler ces problèmes, "il faut que tous les acteurs améliorent l'esprit de collaboration, qui n'est pas suffisant", juge le président, alors que la mairie est dirigée par Benoît Payan (divers gauche) et la métropole par Martine Vassal (droite).

Alors qu'il a annoncé un renforcement début janvier des opérations de lutte contre les trafics de drogue, baptisées "place nette XXL", dans une ville où 49 personnes ont été tuées en 2023 dans les guerres entre narcotrafiquants, le chef de l'Etat explique avoir voulu "taper très fort sur les questions de sécurité". "J'en ai assez que l'on parle toujours de cette ville de manière négative. Cette ville est formidable", salue-t-il.

Sur la participation de Mbappé aux JO

Alors que la participation de Kylian Mbappé aux Jeux olympiques de Paris 2024 est incertaine, Emmanuel Macron confie avoir échangé avec le père de la star, la semaine dernière, lors d'un match de gala organisé au profit des Pièces Jaunes. "Il m'a dit : 'Il a envie de les faire'. J'espère vraiment que tous les clubs européens vont laisser cette liberté à leurs joueurs. Je me félicite que tous les clubs français le fassent et j'espère que les autres suivront", lance-t-il à destination du futur club de Kylian Mbappé. L'attaquant français a en effet officialisé son départ du PSG et est fortement pressenti au Real Madrid pour la prochaine saison.

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