Présidentielle : Emmanuel Macron lève (enfin) le voile sur son programme
Le candidat d'En marche ! a détaillé ses propositions dans la presse, jeudi matin, avant de tenir une conférence de presse à Paris.
Il abat ses cartes. Accusé d'être trop vague dans ses propositions, Emmanuel Macron a dévoilé son programme, jeudi 2 mars, pour tenter de faire taire les critiques. Dans une interview au Parisien puis durant une conférence de presse, l'ancien ministre de l'Economie a détaillé son projet. Voici les principales mesures du candidat d'En marche !
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Pour les parlementaires
Dans la foulée des débats suscités par l'affaire Fillon, Emmanuel Macron propose une "grande loi" de modernisation de la vie publique, réclamée par son nouvel allié, François Bayrou. Il promet d'interdire aux parlementaires d'employer leurs proches ou les membres de leur famille. Il entend aussi les empêcher d'exercer des activités de conseil.
Le favori des sondages propose aussi de fiscaliser l'intégralité de la rémunération des parlementaires, notamment l'IRFM (l'indemnité représentative de frais de mandat). Il veut également mettre fin au régime spécial de retraite des parlementaires, et réduire d'un tiers le nombre de parlementaires.
Si un parlementaire a des frais liés à son activité, "il peut les déduire", explique-t-il. "Mais il doit donner ses justificatifs, contrôlables par le fisc." Et "il faudra aussi que des nouvelles règles s'appliquent à toutes les fonctions électives et ministérielles", ajoute le candidat d'En marche !.
Pour les salariés
L'ancien ministre de l'Economie souhaite organiser "la vie économique et sociale au niveau de la branche et de l'entreprise". Les 35 heures pourront être assouplies par des "accords négociés majoritaires". Il promet d'instaurer un bonus/malus pour les entreprises abusant des CDD courts.
Pour les chômeurs
Emmanuel Macron veut créer un système universel d'assurance-chômage financé par l'impôt et piloté par l'Etat. Ce système serait ouvert aux entrepreneurs, aux agriculteurs, aux indépendants, aux professions libérales, ainsi qu'aux salariés qui démissionnent, dans la limite d'une fois tous les cinq ans. Dans ce cadre, il entend supprimer la part salariale des cotisations chômage, en plus de la cotisation maladie, grâce à une hausse de la CSG d'1,7 point.
Le candidat promet une hausse de la prime d'activité de 50% et des aides à la mobilité pour les chômeurs. Il veut, en revanche, suspendre le versement des allocations chômage après le refus de plus de deux offres d'emploi "décent", pour un salaire qui "n'est pas inférieur de plus de 20-25%" à l'ancien poste.
L'ancien ministre annonce un plan d'investissement de 50 milliards d'euros dont 15 milliards pour la formation des chômeurs et jeunes sans qualification.
Pour les retraités
Nouveau gros chantier social proposé par le candidat d'En marche !, là où Alain Juppé avait échoué en 1995 : la création d'un "système universel de retraite" et la fin des régimes spéciaux, avec une harmonisation progressive des règles "qui seront les mêmes pour tous les régimes" et une "vraie fin des inégalités entre fonctionnaires et salariés du privé".
En revanche, contrairement au projet de François Fillon, l'âge de la retraite et le montant des pensions resteraient inchangés, tandis que le minimum retraite et l'allocation des handicapés seraient augmentés de 100 euros par mois.
Pour les entreprises
L'ancien ministre de l'Economie promet la pérennisation du CICE (le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) sous la forme d'un allègement de charges pérenne. Il propose aussi une baisse de l'impôt sur les sociétés de 33,3% à 25% pour rejoindre la moyenne européenne.
Pour les ménages imposables
Emmanuel Macron promet la transformation de l'ISF en "impôt sur la fortune immobilière" : le patrimoine financier et en actions ne serait plus assujetti.
Lors des trois premières années de son mandat, il propose d'exonérer 80% des foyers de la taxe d'habitation, pour un coût global estimé à 10 milliards d'euros.
Pour l'éducation
L'ancien ministre de l'Economie promet de revenir sur deux réformes engagées sous l'actuel quinquennat : celles des rythmes scolaires et du collège. "Chaque commune pourra adopter la semaine qu'elle souhaite. Je laisserai vraiment la possibilité aux maires de sortir de la réforme des rythmes", explique-t-il.
Emmanuel Macron souhaite que les écoles soient autonomes "en termes de recrutement" au niveau pédagogique. Il offre une prime de 3 000 euros nets par an pour les enseignants en zone prioritaire REP+. Dans ces zones, il propose la division par deux du nombre d'élèves en CP et CE1, pour atteindre 12 élèves par enseignant.
Il promet la création de 4 000 à 5 000 postes d'enseignants, le rétablissement des classes bi-langues et des études dirigées "partout", en mobilisant "les enseignants, des retraités volontaires et des étudiants". "Dans le parcours de tous les étudiants de France, il y aura ainsi un trimestre dédié à cette activité", assure le candidat.
Autre proposition : l'interdiction de l'usage des téléphones portables dans l'enceinte des collèges et des écoles primaires.
Pour la sécurité
En matière de sécurité, Emmanuel Macron avance des promesses chiffrées : la création de deux nouvelles écoles de police - l'une de 1 000 places, l'autre de 500, pour la formation initiale et continue des agents - et la création de 10 000 postes de policiers et gendarmes.
Il annonce la mise en place d'une "police de sécurité quotidienne" et la recréation d'un vrai renseignement territorial. Le candidat veut également créer un état-major centralisé du renseignement rapportant directement au Conseil de défense auprès du président de la République.
Il veut lancer des centres pénitentiaires ad hoc pour les "foreign fighters", les combattants revenus de Syrie ou d'Irak, par exemple, et renforcer la coopération européenne en matière de sécurité. Il souhaite aussi la création de 5 000 postes de policiers aux frontières au niveau de l'Union européenne.
Pour l'environnement
Emmanuel Macron promet 15 milliards d'euros dans le cadre d'un plan d'investissement consacré à la transition écologique et la réduction à 50% de "la part du nucléaire dans [la] production d'énergie".
Il entend réduire de moitié le nombre de jours de pic de pollution atmosphérique, grâce au remplacement des véhicules anciens. Pour atteindre cet objectif, il mise sur la création d'une prime de 1 000 euros pour l'achat d'un véhicule moins polluant, neuf ou d'occasion.
Il veut aussi rénover un million de logements mal isolés. Et, d'ici à 2022, 50% des aliments des cantines scolaires ou d'entreprises devront être bio, écologiques ou issus des circuits courts.
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