Cet article date de plus de quatre ans.

Infographies Un homme, de droite, déjà élu… Découvrez le portrait-robot du candidat LREM aux élections municipales

Qui sont les têtes de liste soutenues ou investies par La République en marche pour les élections municipales ? Franceinfo a passé en revue les 538 candidats déjà connus dans les villes de plus de 9 000 habitants. Et ni la parité, ni le renouveau ne semblent respectés.

Article rédigé par Robin Prudent, Brice Le Borgne
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La République en marche donne une conférence de presse à Paris, le 24 janvier 2019. (MAXPPP)

C'est l'heure de vérité pour La République en marche. Après moins de quatre ans d'existence, le mouvement va se frotter à un scrutin bien particulier : les élections municipales des 15 et 22 mars. La bataille s'annonce difficile au beau milieu d'un mandat d'Emmanuel Macron chahuté et avec un ancrage territorial encore très mince. D'autant que le parti ne semble pas avoir réussi à réunir ce qui a fait sa spécificité : la parité, le renouveau et, "en même temps", l'équilibre entre la gauche et la droite. Franceinfo dresse le portrait-robot de la quasi totalité* des têtes de liste investies ou soutenues par LREM dans les villes de plus de 9 000 habitants, soit 538 candidats.

Des candidats LREM très masculins…

Trois hommes pour une seule femme. Voilà le ratio, pas très paritaire, des candidats têtes de liste LREM pour les municipales. La secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, avait pourtant sonné l'alerte dès le mois de juillet en appelant les femmes à s'engager. Mais le résultat n'est pas à la hauteur. Dommage, surtout lorsque le parti note en bleu sur blanc dans ses "10 engagements éthiques de l'élu local progressiste" qu'il s'engage à mettre en place des "politiques ambitieuses en matière (…) d'égalité entre les femmes et les hommes".

Il faut dire aussi que la fonction de maire est encore très peu féminisée : aujourd'hui, seules 5 906 municipalités sur 34 970 comptent une femme à leur tête, soit 16,9%. La République en marche fait donc un peu mieux que la situation actuelle, mais on est encore très loin de la parité, pourtant exigée par Emmanuel Macron jusque dans son gouvernement. De son côté, le parti reconnaît avoir des difficultés à recruter des candidates, malgré plusieurs appels lancés dès le début de la campagne.

… pas si nouveaux en politique…

Où est passé le renouvellement ? Longtemps martelé comme mantra du parti lors des élections, le renouvellement des élus a pris du plomb dans l'aile pour ce scrutin. Une majorité des candidats têtes de liste LREM aux municipales ont en réalité déjà été élus (51,5%), que ce soit comme conseiller municipal, départemental, régional, intercommunal, député ou sénateur. Ils ne sont que 261 à être réellement novices en politique. L'engagement du parti pour une liste "de renouvellement et qui donne sa place à la société civile" ne semble avoir été que partiellement respecté.

LREM se défend : "Quand il s'agit de candidats soutenus, oui, une large majorité ont déjà été candidats à une élection. Mais dans les candidats que nous avons investis, il y en a moins. Par ailleurs, si un candidat a été jusque-là conseiller municipal, cela participe tout de même du renouvellement", juge Marie Guévenoux, coprésidente de la commission nationale d'investiture et porte-parole du parti.

La République en marche a donc misé sur des alliances de circonstance pour espérer conquérir davantage de villes. Une tête de liste sur cinq soutenue ou investie par LREM est en réalité… le maire sortant de la commune. Vingt-trois édiles installés depuis trois mandats (ou plus !) dans leur hôtel de ville ont même été choisis : c'est le cas notamment d'André Santini, maire d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) depuis 1980.

LREM a aussi parié sur de rares "revenants" qui ont déjà été maires par le passé et qui retentent leur chance avec l'étiquette du parti. Au total, pas moins de 47 têtes de liste cumulent aujourd'hui trois mandats différents. Ce renouvellement en demi-teinte a aussi entraîné des déceptions… et de nombreuses candidatures dissidentes.

… et majoritairement issus de la droite (parmi les élus sortants)

De droite, et "en même temps"… de droite. A l'occasion de ces élections municipales, La République en marche a montré de quel côté elle penchait avec ses soutiens à d'anciens élus, très majoritairement de droite. En effet, près de 67% des maires sortants qui ont obtenu l'étiquette LREM en 2020 sont issus des rangs de la droite, contre 29% de la gauche. Cet écart ne s'estompe que légèrement quand on prend en compte tous les candidats qui ont un mandat d'élu municipal (62% issus de la droite). Contacté, le parti explique que cet écart est dû au fait qu'il y a, depuis 2014, plus de maires de droite que de gauche. "Nous avons recherché à soutenir des candidats qui correspondaient à notre socle d'idées, de centre droit et de centre gauche. Mathématiquement, il y avait plus d'élus de droite avec lesquels on pouvait se retrouver sur un projet commun", explique Marie Guévenoux.

Certains candidats portent même deux étiquettes : La République en marche et Les Républicains. Une double investiture pour une vingtaine de candidats, selon le décompte du Figaro. Parmi eux, des ténors de la droite comme Patrick Ollier à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) ou encore Jean-Luc Moudenc à Toulouse (Haute-Garonne).

* Pour réaliser ces calculs, nous nous sommes basés sur la liste des candidats investis ou soutenus par LREM dans les villes de plus de 9 000 habitants, telle qu'elle apparaissait sur le site du parti le 25 février. Nous avons écarté les candidats dits "chefs de file", qui ne sont pour l'instant ni soutenus ni investis par LREM, et avons ainsi obtenu 538 candidats. Il a fallu ensuite croiser cette liste avec le Répertoire national des élus (RNE) pour déterminer si les candidats LREM avaient déjà un ou plusieurs mandats électifs.

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