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Jeunesse, modernité affichée, volonté réformatrice : Emmanuel Macron lointain héritier de Valéry Giscard d'Estaing ?

Entre Emmanuel Macron et Valéry Giscard d'Estaing, on peut voir des parallèles entre la trajectoire mais aussi entre les ambitions des deux hommes.

Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Emmanuel Macron salue Valéry Giscard d'Estaing au Conseil constitutionnel à Paris, le 4 octobre 2018. (THOMAS SAMSON / POOL)

L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing, surnommé VGE, est mort à l'âge de 94 ans des suites du Covid-19 mercredi 2 décembre. En réaction, Emmanuel Macron s'adressera aux Français à 20 heures, jeudi, pour rendre hommage à son prédécesseur. Quarante-cinq ans les séparent, et pourtant, le parallèle est inévitable.

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Quand ils arrivent au pouvoir, chacun est à son époque le plus jeune président de la Ve république : 47 ans pour Valéry Giscard d’Estaing, contre 39 ans pour Emmanuel Macron, qui naît... durant le mandat du premier, en 1977. Tous deux sont brillants, sportifs, vus comme des "Kennedy à la française". Énarques, inspecteurs des Finances, les deux hommes ont été les patrons de Bercy avant de se lancer dans la course à la présidentielle... tous les deux en outsiders.

L'actuel président de la République tisse des points communs avec l'ancien chef de l'État. Il y a chez eux la volonté réformatrice, l'ambition de transformer le pays, de le moderniser. Ils sont tous deux des tenants du libéralisme. Le communiqué de l'Élysée installe d'ailleurs le parallèle. Valéry Giscard d'Estaing avait voulu fonder un pôle réformateur, centriste, européen. C'est comme cela qu'Emmanuel Macron concevait La République en marche. Le septennat giscardien a transformé la France, et cela reste l'ambition de l'actuel président pour son mandat. "C'était un grand Européen", une image que le chef de l'Etat entend se forger.

Pas de filiation pour Emmanuel Macron

Pourtant, Emmanuel Macron ne revendique pas plus que cela l'héritage, parce que "parallèle ne dit pas filiation", confie l'un des vieux amis du président, pour qui chez Emmanuel Macron, il y a "du De Gaulle, du Mitterrand, du Chirac et un peu de Sarkozy, mais pas de Giscard". D'ailleurs, selon cette source, cette affaire de filiation ne plaît pas du tout à l'actuel président, parce que la France n'est plus la même, et les défis non plus. VGE voulait casser les codes mais il l'a souvent fait avec beaucoup de raideur. La proximité avec les Français est souvent apparue forcée, artificielle, pas complètement un modèle en matière de communication.

Les deux hommes avaient dîné ensemble il y a encore quelques mois. Tous deux ont commencé à se voir en 2012, quand Emmanuel Macron n'était encore que secrétaire général adjoint de l'Elysée, dans l'appartement particulier de l'ancien président, situé rue de Bénouville dans le 16e arrondissement de Paris, ou pour des dîners chez Valérie-Anne, l'une de ses filles. Mais c'est François Fillon que Valéry Giscard d'Estaing soutient en 2017. Et il n'est pas vraiment sur la liste de ceux qu'Emmanuel Macron consulte régulièrement.

Une vision différente de l'Europe

S'ils étaient tous les deux des Européens convaincus, ils n'en avaient pas tout à fait la même vision. Emmanuel Macron veut refonder l'Europe, Valéry Giscard d’Estaing était attaché au projet des origines. L'idée d'un budget européen cher à son successeur, il ne la trouvait pas bonne : lui défendait une confédération.

Il y a peut-être une piste qui explique qu'Emmanuel Macron n'ait pas très envie d'installer la comparaison. Le septennat de VGE et son ambition réformatrice se sont fracassés sur la crise économique. C'est la pire crainte des macronistes, alimentée en 2019 par le mouvement des "Gilets jaunes" et cette année par la crise du Covid-19.

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