Vœux d'Emmanuel Macron : "Il avait à cœur de corriger son image de président des riches"
Arnaud Mercier, professeur en communication à l'université Paris 2 spécialisé en communication politique, a analysé les vœux du président de la République pour franceinfo.
L'exercice est classique. Emmanuel Macron a adressé ses vœux aux Français, dimanche 31 décembre, depuis le palais de l'Elysée. S'est-il distingué de ses prédécesseurs ? Quelle image a-t-il voulu faire paraître ? Franceinfo a demandé à Arnaud Mercier, professeur en communication à l'université Paris 2 spécialisé en communication politique, d'analyser cette séquence télévisée.
Franceinfo : Que peut-on retenir de ces vœux ?
Arnaud Mercier : Leur longueur [17 minutes et 51 secondes]. Il a vraiment voulu faire une sorte de discours de la méthode, pour cadrer son action et la replacer dans une philosophie globale. Ces vœux sont souvent l'occasion de donner une ligne directrice pour les lois et les réformes à venir.
Il ne s'est donc pas distingué de ses prédécesseurs lors de cet exercice ?
Pas spécialement. Sur le fond, c'était très classique. Il a fait un petit bilan de 2017, puis un plan de travail pour 2018. C'est un genre obligé. Il a aussi profité de ces vœux pour montrer comment son action s’inscrit dans une philosophie politique.
Sur le fond, le cadre était extrêmement classique. Il avait fait monter la mayonnaise et laissé penser qu'il y aurait des différences, mais c'était un pétard mouillé.
Arnaud Mercier, spécialiste en communication politiqueà franceinfo
Il a choisi de s'exprimer depuis l'Elysée, dans le bureau dans lequel on l'a déjà vu lors d'une interview télévisée. Ce n'est pas inédit par rapport à sa propre communication. Certes, ça fait un petit peu moins solennel que s'il avait été dans le bureau présidentiel mais on reste dans le palais, avec les jardins derrière... C'est très classique.
Rien de très innovant donc ?
Si, il y a eu un point intéressant, qui était inédit de mon point de vue : il s'est à un moment adressé à nos concitoyens européens. Il a appelé à la mise en place d'une concertation de l'ensemble des peuples d'Europe pour relancer le débat sur la construction européenne. Il s'est adressé aux gens des autres pays.
De ce point de vue-là, il marche sur une poutre. D'un côté, il y a le classicisme car il a cette idée de redonner du lustre à la fonction présidentielle. De l'autre, il veut incarner la rupture, la modernité.
Est-ce que des éléments de langages sont ressortis ?
On peut retenir de ces vœux l'ambition et la volonté de n'oublier personne. Il cite les salariés, les fonctionnaires, les territoires ruraux, les gendarmes...
Il veut couvrir un échantillon très large de la population. Il a donc fait en sorte de n'oublier personne. C'est sans doute pour répondre aux reproches qui lui sont faits de n'être le président que de ceux qui vont bien.
Arnaud Mercier, spécialiste de la communication politiqueà franceinfo
Emmanuel Macron a également insisté sur les mots "humanisme", "solidarité" ou "fraternité", ce qui montre qu'il a cœur de corriger son image. Il sait que la petite musique de l'opposition, qui le désigne comme le président des riches, a porté ses fruits. Il a voulu mettre la barre à gauche. S'il doit être le président des riches, il n'est pas que cela.
"Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays" : pourquoi cette référence à John Fitzgerald Kennedy ?
Ce n'est pas la première fois qu'il le fait. Avec cette phrase, il veut montrer que chacun a sa part de responsabilité.C'est là toute sa philosophie politique : la mise en responsabilité des gens. Il dit : "Je vous donne les moyens d'être responsables de vos actes". C'est en ce sens qu'il est libéral, il veut donner la capacité aux gens de s'investir. Dans trois ans, je pense qu'il dira exactement la même chose, c'est structurel chez lui.
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