Congrès du PS : quatre signes que François Hollande garde un œil sur le parti
Samedi se tient un conseil national du Parti socialiste, alors que viennent d'être déposées les motions en prévision du congrès de juin. Une séquence à laquelle le président de la République s'est montré particulièrement attentif.
Même à l'Elysée, François Hollande reste "l'homme de la synthèse" du Parti socialiste. Après la lourde défaite de la gauche aux élections départementales, le président a déployé de nombreux efforts pour rassembler le parti. Son but ? Eviter la division des socialistes, à l'approche du conseil national du PS qui se tient, samedi 11 avril. Les motions en prévision du congrès socialiste, qui se déroulera du 5 au 7 juin à Poitiers (Vienne), devaient en effet être déposées avant vendredi minuit.
Officiellement, François Hollande se tient à l'écart de l'événement. "Il ne faut pas qu'on ait l'air de faire des petits arrangements", a-t-il ainsi déclaré à ses proches jeudi 3 avril, selon Le Figaro. Francetv info a pourtant relevé quatre éléments qui montrent que le président garde un œil attentif sur le parti qu'il a dirigé pendant onze ans.
Il a rencontré les frondeurs
François Hollande a d'abord tenté d'apaiser les plus contestataires. Il s'est entretenu avec 14 députés frondeurs durant près de deux heures, mercredi 11 mars, peu avant les élections départementales. L'occasion pour le chef de l'Etat d'exprimer "sa volonté de rassemblement", selon Pouria Amirshahi, présent durant la rencontre.
Une volonté qu'il a en outre évoquée en tête-à-tête avec le frondeur Jérôme Guedj, contacté par francetv info. "Nous avons discuté de la meilleure façon de rassembler la gauche, explique le socialiste, qui a perdu la présidence de l'Essonne, dimanche 29 mars. Il est normal que le président travaille à créer le compromis au sein du PS, ne pas le faire aurait été une faute."
"Je pense que c'est rassurant. Il ne s'agit pas de magouilles, mais d'écouter ce que les élus de sa majorité ont à dire, estime le député socialiste Arnaud Leroy, interrogé par francetv info. Le quinquennat a donné lieu a une accélération du tempo politique, et François Hollande est obligé de mettre les mains dans le cambouis."
Il a échangé avec Martine Aubry
Le président de la République a aussi tenté d'obtenir le soutien de Martine Aubry, que beaucoup imaginaient prendre la tête d'une fronde anti-Hollande au sein du PS. L'ancienne secrétaire nationale du parti a refusé, jusqu'au dernier moment, d'annoncer sa décision de présenter ou non une motion en vue du congrès, attendant des "signaux clairs" de la part de l'exécutif, rappelle Libération. En acceptant de se rallier à celle de Jean-Christophe Cambadélis, l'actuel patron du parti, elle lui offre finalement l'assurance d'une large majorité en juin. Un soutien qui a été longuement discuté.
Martine Aubry a en effet rencontré Manuel Valls et François Hollande début avril, après l'échec cuisant des élections départementales. A l'époque, l'invitation au dialogue n'aurait pas été suffisante pour convaincre la maire de Lille de se rallier à la cause de l'exécutif, selon le Canard Enchaîné. "Je ne peux pas me contenter de bricoler un texte de motion de congrès avec [Jean-Christophe Cambadélis], ça ne m'intéresse pas, aurait alors déclaré la maire de Lille, faisant pression sur le président. Ce que je veux, c'est une inflexion, à la fois économique, sociale et institutionnelle."
Il a fait des annonces pour rassurer l'aile gauche du parti
Les discussions à l'Elysée n'ayant pas suffi à le réconcilier avec ses détracteurs au sein du PS, François Hollande est allé plus loin. Lors d'un déplacement dans une usine de l'Oise, vendredi 3 avril, le président a annoncé la création d'un "compte personnel d'activité", rapporte Libération. Une avancée vers la "sécurité sociale professionnelle" demandée par Martine Aubry. Manuel Valls a en outre promis un mécanisme fiscal exceptionnel de soutien à l'investissement, un point sur lequel les frondeurs insistent depuis plusieurs mois.
Ces annonces constituent-elles une manœuvre pour rassurer l'aile gauche du parti ? "Ces propositions sont intelligentes car elles sont fédératrices : tout le monde peut s'y retrouver", estime Christophe Caresche, qui s'est rallié à la motion de Jean-Christophe Cambadélis avec les autres réformateurs. Les déclarations de François Hollande, sans être inattendues, sont tombées à point nommé. Martine Aubry avait, après tout, donné une semaine au gouvernement pour lui prouver sa bonne volonté.
Jérôme Guedj, lui, se plaît plutôt à "espérer que les arguments [des frondeurs] commencent à être entendus". Un avis partagé par Arnaud Leroy, qui a rallié la motion indépendante de Karine Berger. "Ce sont des choses que nous demandons depuis plusieurs mois, je ne pense pas qu'elles aient été acceptées uniquement en vue du dépôt des motions", affirme ce proche d'Arnaud Montebourg.
Il garde en tête le remaniement et les régionales
Dernier élément qui a effleuré l'esprit du président de la République : le remaniement. Plusieurs ministres doivent quitter le gouvernement pour se présenter aux élections régionales, l'occasion pour François Hollande d'y faire entrer des frondeurs et des écologistes, selon Les Echos. Parmi les noms avancés, des proches de Martine Aubry comme Jean-Marc Germain ou François Lamy, pourtant éjecté du gouvernement au printemps 2014.
La perspective d'un poste au gouvernement pourrait donc être un moyen d'apaiser les tensions, tout comme celle d'une investiture pour les élections régionales de décembre. Les têtes de liste socialistes doivent encore être désignées par les militants dans quatre des treize circonscriptions d'ici juillet, rappelle le JDD. Un scrutin interne sur lequel le soutien de Jean-Christophe Cambadélis et de l'exécutif peut peser. Les ministres Jean-Yves Le Drian et François Rebsamen pourraient d'ailleurs changer la donne en déclarant leur candidature respectivement en Bretagne et en Bourgogne-Franche-Comté.
Le remaniement et les investitures n'auraient toutefois pas été évoqués lors des entretiens de ces dernières semaines avec les frondeurs et la maire de Lille. Les aubristes affirmaient ainsi à BFMTV que leur entrée au gouvernement n'était pas à l'ordre du jour de ces rencontres, tout comme Jérôme Guedj, contacté par francetv info. Si le frondeur estime qu'un élargissement du gouvernement pourrait permettre de concrétiser la volonté du président de rassembler la gauche, il met toutefois en garde contre un remaniement "simplement pour le casting". Car, une manœuvre électoraliste "finirait par se voir".
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