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Des magistrats "consternés" demandent à François Hollande de "retirer" ses propos sur la "lâcheté" de la justice

Dans un livre de confidences publié par deux journalistes, François Hollande critique violemment juges et procureurs.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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François Hollande salue des magistrats en arrivant au Congrès de l'USM, à Dijon, le 7 octobre 2016. (ROMAIN LAFABREGUE / AFP)

La "lâcheté" de juges et de procureurs qui "se planquent" et "jouent les vertueux" : ces propos de François Hollande, rapportés dans le livre Un président de devrait pas dire ça, des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ont suscité une très forte indignation parmi les magistrats, mercredi 12 octobre. Les deux plus hauts magistrats de France, le premier président et le procureur général près de la Cour de cassation, se sont immédiatement invités à l'Elysée, pour "essayer de comprendre" les commentaires du président de la RépubliqueBertrand Louvel et Jean-Claude Marin ont été reçus à 20 heures et sont sortis 20 minutes plus tard, sans faire de déclaration.

Dans le livre, François Hollande semble parfois compatir avec les ennuis judiciaires de Nicolas Sarkozy. Evoquant la géolocalisation par les juges de ses téléphones, il déclare: "S'il n'y a rien dans le dossier, c'est choquant, c'est vrai". "C'est hélas le comportement de la justice", tranche-t-il. Puis le président tient des propos franchement critiques : "Cette institution, qui est une institution de lâcheté... Parce que c'est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux... On n'aime pas le politique. La justice n'aime pas le politique..."

"Consternation" face au "double discours"

Ces déclarations risquent de faire voler en éclats une relation plutôt apaisée jusqu'ici entre le chef de l'Etat et les magistrats, au moins sur la forme. L'Union syndicale des magistrats (USM), organisation largement majoritaire et qui avait reçu François Hollande à son congrès vendredi dernier, a fait part de sa "consternation" face à son "double discours". Vendredi à Dijon, le président avait en effet dit son respect de l'institution judiciaire aux membres de l'USM. Le syndicat, qui se définit comme "apolitique", "demande que les propos sur la lâcheté de l'institution judiciaire soient infirmés ou retirés".

Clarisse Tarron, pour le Syndicat de la magistrature, classé à gauche, a quant à elle qualifié la critique faite par François Hollande d'"extrêmement pauvre". "Nous ne considérons pas que l'institution judiciaire soit exempte de critique", a-t-elle dit à l'AFP. Mais elle juge malgré tout "regrettable" que le chef de l'Etat s'en prenne à la justice alors que cette dernière est, selon elle, "marginalisée" face à la multiplication des textes sécuritaires adoptés dans le cadre de la lutte antiterroriste.

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