Consultations à l'Elysée : avant sa rencontre avec Emmanuel Macron, le RN discret sur sa stratégie

Marine Le Pen et Jordan Bardella doivent rencontrer le président de la République lundi, mais entretiennent le mystère quant à leurs intentions.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, devant l'Assemblée nationale, à Paris le 10 juillet 2024. (QUENTIN DE GROEVE / HANS LUCAS / AFP)

Sonnées par leur relatif échec lors du second tour des élections législatives du 7 juillet, les troupes du Rassemblement national (RN) se sont faites discrètes durant l'été. Troisième force de l'Assemblée nationale avec 126 députés - 142 avec ses alliés proches d'Eric Ciotti - contre 89 dans la précédente législature, le RN entretient le flou autour de ses intentions. Ses chefs, Marine Le Pen et Jordan Bardella, seront reçus lundi 26 août par Emmanuel Macron à l'Elysée. Une rencontre qui s'inscrit dans le cadre des "consultations" du chef de l'Etat, toujours à la recherche d'un Premier ministre, six semaines après les élections législatives.

La stratégie qu'adoptera la cheffe des députés d'extrême droite demeure pour l'instant vague. Inscrite dans l'opposition à l'Assemblée nationale en juillet et sans volonté de participer au futur gouvernement, elle n'a "pas grand-chose" à en attendre, selon Philippe Ballard, député de l’Oise et porte-parole du RN interrogé sur franceinfo jeudi. La ligne du parti sur cette réunion avec le président peut être résumée par la formule du député RN Franck Allisio d'"artifice de communication" macroniste, entendue sur France Inter.

Menace de censure contre la gauche

Une chose reste certaine : la volonté de ne pas laisser le Nouveau Front populaire (NFP) gouverner. Marine Le Pen s'était montrée très claire début juillet. "Il y a une chose qui est sûre : le groupe RN censurera tout gouvernement où des LFI et des écologistes auraient des responsabilités ministérielles.", avait-elle asséné sur X. Le groupe est "assez nombreux", en effet, "pour déposer des motions de censure", a également prévenu la vice-présidente du RN Edwige Diaz sur franceinfo mardi. Sur le reste, le parti d'extrême droite veut se montrer ouvert. "On se posera la question. Nous sommes responsables et comme lors de la précédente législature, on ne s'opposera pas à tout", a ainsi affirmé à l'AFP Thomas Ménagé, député du Loiret.

De là à ne pas censurer un Premier ministre de centre droit ? "La censure a un sens en politique. L'utiliser comme on utiliserait un rappel au règlement pour "guignoliser" l'Assemblée, ce n'est pas notre méthode, c'est celle de LFI", a répondu le député Franck Allisio. Une "grande coalition qui pourrait aller du PS aux Républicains (...) ne tiendra pas parce qu’ils ont des objectifs différents", a de son côté prédit Edwige Diaz.

Travailler à l'Assemblée malgré l'isolement

Si le parti, comme lors de la précédente législature, cherche à dégager une impression de sérieux, il se retrouve pour l'instant isolé. Le RN n'a pas été destinataire du "pacte d'action" du camp présidentiel, une base de travail concoctée mi-août pour faire émerger un accord gouvernemental plus large.

Le groupe RN reviendra-t-il au Palais-Bourbon animé d'un sentiment de revanche, après avoir été écarté de tous les postes à responsabilité à l'Assemblée ? "On sera sans doute un peu moins conciliants face à ce mépris de nos électeurs. Mais nous ne sommes pas dans un esprit de revanche", a rapporté Thomas Ménagé, qui juge que "l'important sera de faire basculer les projets de loi du bon côté". Si la gauche vient à proposer l'abrogation de la réforme des retraites, Philippe Ballard assure ainsi que les parlementaires du RN voteront pour, parce que "ça va dans l'intérêt des Français".

Les cadres du parti comptent sur un premier rendez-vous pour visibiliser leur action : le 31 octobre, date de la niche parlementaire du groupe. Le RN promet de mettre sur la table un sujet brûlant, l'abrogation de la réforme des retraites. Avant ça, une autre actualité mettra Marine Le Pen sur le devant de la scène. Elle et 26 autres personnes seront jugées à partir du 30 septembre pour détournement de fonds publics, suspectées d'avoir détourné des fonds de l'Union européenne pour rémunérer des assistants d'eurodéputés travaillant en réalité pour le parti.

Au-delà du travail à l'Assemblée, les troupes de Marine Le Pen se projettent plus loin et parient surtout sur une nouvelle dissolution de la Chambre basse l'été prochain. C'est "la seule issue politique possible" pour sortir la France de la "paralysie", a insisté Edwige Diaz. C'est même, pour Philippe Ballard, "la seule façon d'avancer (...) pour sortir la France de ce bourbier". En attendant, le parti compte peaufiner son casting pour éviter de nouvelles polémiques sur ses candidats à la députation. Une mission pour faire "le point fédération par fédération" a été confiée au député européen RN Aleksandar Nikolic, rapporte Le Parisien.

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