Garde à vue de Sarkozy : faire la lumière ou "s’acharner" ?
Les réactions au placement en garde à vue de Nicolas Sarkozy ce mardi sont très contrastées, selon l'endroit où l'on se tient. Les amis de Nicolas Sarkozy dénoncent un acharnement. "A chaque fois qu'il évoque son éventuel retour aux affaires, étonnamment il est inquiété par une affaire de justice qui immédiatement fait pschitt" , estime Valérie Debord, déléguée générale adjointe de l'UMP. Même opinion du côté de Sébastien Huyghe, député UMP du Nord, "cette coïncidence de temps est très surprenante ".
"A chaque fois qu’on a entendu parler du retour possible de Nicolas Sarkozy, il s’est produit un évènement judiciaire le concernant" (Sébastien Huyghe, député UMP du Nord)
Daniel Fasquelle, député-maire UMP du Touquet souligne quant à lui que certains magistrats qui s’occupent de ce dossier sont à l’origine du "Mur des cons" ou ont "écrit des tribunes virulentes à l’égard de l’ancien président de la République ".
A gauche on parle d’un "justiciable ordinaire"
A gauche, on relativise, à l'image de Julien Dray, vice-président PS de la région Ile-de-France : "Le fait d'être entendu n'est pas une preuve de culpabilité, c'est pour lui l'occasion de s'expliquer sur le fond du dossier" . Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, juge quant à lui que Nicolas Sarkozy était "un justiciable comme les autres ". Il rejette les accusations, à droite, d’une instrumentalisation politique des procédures judiciaires :* "Ceux qui font ça" veulent "essayer de donner l'impression que c'est ailleurs que ça se passe* ".
"Avec Nicolas Sarkozy, on est habitué à l’inédit" (François Rebsamen, ministre du Travail)
Invité par nos confrères de France Culture, le ministre du Travail François Rebsamen attend lui d’avoir "les conclusions de l’action judiciaire ", en glissant tout de même qu’avec l’ancien président, "on est habitué à l'inédit. Hier, c'étaient de hauts magistrats (...) aujourd'hui l'ancien président de la République. C'est une affaire sérieuse, mais je n'ai pas à apporter de commentaire ". Pour Olivier Faure, porte-parole du Parti socialiste, n’y voit "rien que de très normal ".
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"Il faut se réjouir du fait que nos institutions marchent" (Eva Joly, Europe Ecologie Les Verts)
La député européenne Eva Joly, ancienne candidate d'Europe Ecologie les Verts à la présidentielle de 2012 et ancienne juge d'instruction ayant mis au jour les scandales de corruption et de trafic d'influence dans l'affaire ELF, se félicite, elle, du bon fonctionnement de la justice française. "Il faut se réjouir du fait que nos institutions marchent et que Nicolas Sarkozy soit traité comme n'importe quel citoyen ".
Au FN, on est "triste pour la France"
Marine Le Pen estime que ce nouvel épisode est révélateur de la pratique du pouvoir de l'ancien président. "*La garde à vue n'est pas un élément en soi, ce qui en est qu'il y est une multitudes d'affaires autour de Nicolas Sarkozy qui démontre
la manière dont Nicolas Sarkozy envisageait le pouvoir et la manière dont l'UMP était dirigée* ".
Interrogé par France Info, Florian Philippot, le vice-président du FN, confie qu’il est "triste pour la France ". Certains responsables, "du fait de leur comportement, de leur absence de morale publique nous ont amené là ", estime-t-il. Pour lui, c’est un "symbole de la nécessité absolue de tourner la page de cette vieille classe politique ".
Au centre, on attend
Au centre, Rama Yade, vice-présidente de l’UDI et ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, invitée de France Info, préfère écarter le sujet. "J'attends en termes de fonctionnement de la démocratie, le respect de deux principes : la présomption d'innocence et l'indépendance de la justice ".
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Une affaire "hors norme" pour les magistrats
Sur France Info, Françoise Martres, présidente du syndicat de la magistrature, explique que cette affaire est hors norme. "Hors norme par les personnalités qui sont mises en cause, par les faits qui sont en cause puisqu’il s’agit de trafic d’influence au plus haut niveau de la justice ".
L’ancien magistrat Philippe Bilger a également commenté cette garde à vue, "c’est une première pour un ancien président mais je n’ai éprouvé aucune stupéfaction civique ", déclare-t-il, "procéduralement c’est inédit ". L’ancien magistrat estime, "qu'il y a un réseau de connivence, de complicité, d’informations qui a été mis en place ". La justice "avance à grand pas ", reste qu’il y a encore à faire du ménage.
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