Chute du gouvernement Barnier : les agences de notation estiment que la censure va peser sur "la consolidation" des finances publiques de la France

Moody's et S&P ont mis en garde contre les défis budgétaires qui attendent la France.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre Michel Barnier quitte la tribune de l'Assemblée nationale, le 5 décembre 2024. (EDOUARD MONFRAIS-ALBERTINI / HANS LUCAS / AFP)

La chute du gouvernement de Michel Barnier "est un événement est négatif pour le crédit [de la France]", estime Moody's. Pour S&P, cela "complique la perspective budgétaire". Alors que la deuxième économie de la zone euro est épinglée par Bruxelles pour son déficit excessif, les agences de notation mettent en garde, jeudi 5 décembre, sur de possibles conséquences de ce rebondissement politique sur la note de la deuxième économie de la zone euro.

Dans un communiqué, Moody's juge ainsi que "cet événement (…) réduit la probabilité d'une consolidation des finances publiques, et contribue à une prime de risque plus grande [pour les marchés], ainsi qu'un coût de la dette plus élevé".

Evoquant la censure du gouvernement mercredi soir par les députés, l'agence ajoute que "ce vote reflète l'environnement politique fracturé du pays" et "aggrave les défis budgétaires" qui attendent le prochain gouvernement. "Un nouveau Premier ministre a des chances de faire face aux mêmes difficultés que Michel Barnier a rencontrées", résume-t-elle.

Un déficit qui devrait rester "bien au-delà des plafonds" de l'UE

S&P estime pour sa part que "la possibilité qu'un projet de budget amendé pour 2025 soit validé avant la fin de 2024 est faible". "A ce stade, le scénario le plus probable est que les autorités" aient recours "à une loi spéciale", continue l'agence, qui souligne cependant les atouts de la France : "la diversité de son économie", "les liquidités dans son secteur financier", "les amples réserves de son secteur privé" ou encore "son appartenance à la fois à l'Union européenne et à la zone euro". 

L'objectif du gouvernement Barnier était de réduire le déficit public à 5% du produit intérieur brut (PIB) en 2025. "Actuellement, nous nous attendons à ce que le déficit annuel du pays atteigne 6,3% du PIB en 2024, 5,3% en 2025 et 4,7% en 2026, bien au-dessus des plafonds de l'Union européenne", estime Moody's. 

Moody's et Fitch avaient lancé en octobre un avertissement à la France en abaissant sa perspective à négative. Le 30 novembre, S&P avait maintenu inchangées la note "AA-" du pays ainsi que sa perspective stable.

Quant à l'agence Scope Ratings, elle avait abaissé à l'automne la note française à "AA-" avec perspective stable. Elle estime désormais que "la censure contre Michel Barnier fait dérailler la mise en œuvre du plan budgétaire pluriannuel de la France et son programme de réformes".

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