"Dépassé" par les événements, "amateurisme"... En coulisses, certains ministres démissionnaires taclent Michel Barnier
A quand un gouvernement Michel Barnier ? La question reste toujours sans réponse, jeudi 19 septembre alors que le nouveau Premier ministre l'avait promis pour cette semaine. Mercredi, ce dernier a rencontré Emmanuel Macron à l'Elysée, après avoir annulé deux réunions : l'une avec le chef de file des députés macronistes, Gabriel Attal, l'autre avec les ténors des Républicains. Faut-il y voir une preuve que la composition de son équipe gouvernement semble patiner, voire vire au casse-tête ?
Dans les coulisses, en tout cas, chacun s'agace... et certains lâchent les coups. "Emmanuel Macron rend la vie de Michel Barnier impossible !", confie ainsi un ténor des LR, qui met le report de la réunion sur le dos du président de la République. "Il se mêle de tout, tout le temps alors qu'il avait promis à son Premier ministre de lui laisser les mains libres", tempête un député. En jeu : les postes-clés du futur gouvernement et notamment le ministère de l'Intérieur qu'Emmanuel Macron ne semble pas prêt à céder à la droite.
Et pour sa part, Emmanuel Macron n'en démord pas : il réclame un gouvernement d'union nationale, rien qu'un gouvernement d'union nationale. "Le Premier ministre a la main, le mandat n'a pas changé", se justifie l'Elysée, quand un conseiller encore en poste précise : "C'est la patate chaude, Barnier a une boule de feu dans les mains".
"A sa place, je démissionnerai !"
Aux yeux de plusieurs proches et amis du président, Michel Barnier est "dépassé" par les événements, "incapable d'ouvrir la porte", à des personnalités de gauche. "Il veut faire rentrer Retailleau et Wauquiez au gouvernement, ça bloque tout le monde", s'étouffe l'un d'eux, incapable de dire quelle sera sa politique : hausse des impôts ou pas.
Mais "Michel Barnier est en colère", raconte un LR, qui dénonce l'attitude de certains ministres démissionnaires qui agiraient "en service commandé pour le chef de l'Etat". Objectif : mettre la pression sur le nouveau locataire de Matignon. "Mais attention, il n'aime pas ça la pression", prévient un conseiller.
"Il s'y prend comme un manche, c'est de l'amateurisme !", embraye l'entourage d'un ministre démissionnaire, qui lâche même : "A sa place, je démissionnerai !"
Michel Barnier songe-t-il sérieusement à jeter l'éponge ? "C'est le risque, reconnaît un député du camp présidentiel. Que Michel Barnier nous dise : allez vous faire voir. Mais on est encore très loin !" Un autre député macroniste confie son inquiétude : si le nouveau Premier ministre claque la porte, la France file vers une crise de régime assurée. Et de conclure : "Le sujet suivant, c'est Macron démission".
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