Gouvernement de Michel Barnier : "Oui, il existe un chemin pour ne pas censurer", affirme Emmanuel Macron en marge de son déplacement en Arabie saoudite
"Oui, il existe un chemin pour ne pas censurer", affirme Emmanuel Macron à des journalistes en marge de son déplacement en Arabie saoudite, mardi 3 décembre. Et le chef de l'Etat de glisser, parlant avec les mains et s'avancant sur son siège comme s'il était prêt à bondir : "Je ne peux pas croire au vote d'une censure. Je fais confiance à la cohérence des gens."
Moins de six mois après le coup de massue de la dissolution, l'Assemblée nationale s'apprête, mercredi 4 décembre, à censurer le gouvernement de Michel Barnier, un geste inédit depuis 1962 qui plongerait le pays dans une grande incertitude politique et budgétaire.
L'Assemblée examinera à partir de 16h les motions de censure déposées par le Nouveau Front populaire quasi au complet et l'alliance entre le Rassemblement national et les ciottistes, pour faire chuter le Premier ministre, nommé le 5 septembre. Celle de la gauche a toutes les chances d'être adoptée, le RN ayant promis de la voter, sans doute aux alentours de 20h.
Ces deux motions ont été déposées lundi dans la foulée du déclenchement par le Premier ministre de l'article 49.3 de la Constitution, pour faire adopter sans vote le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. La gauche reprochant au gouvernement de poursuivre une politique "sanctionnée dans les urnes", et l'extrême droite de porter un projet de budget "dangereux, injuste et punitif".
"Soit on est sérieux, soit on ne l'est pas"
Autant de prises de paroles et de positions qui ont fait sortir le chef de l'Etat du silence qu'il s'était imposé sur la politique française... depuis Riyad, en Arabie saoudite. "Des gestes ont été faits par le gouvernement", estime ainsi le président de la République, qui dit croire "en la cohérence des gens. Je pense que l'intérêt du pays est plus important que celui des partis". Selon lui, "le RN ne peut pas voter une motion qui insulte ses électeurs". "Soit on est sérieux, soit on ne l'est pas", poursuit le chef de l'Etat lors de ces déclarations devant des journalistes : "Ces gens sont des cyniques absolus."
Emmanuel Macron fustige également l'attitude des "députés PS, un parti de gouvernement, qui vont s'amuser à voter une motion de censure avec deux partis extrêmes. Quelle perte de repères..", se désole Emmanuel Macron, qui répète que "[S]a priorité c'est la stabilité."
"Dissolution des esprits"
Rapidement, le président se reprend : "Pas de politique fiction". Une sentence répetée plusieurs fois par Emmanuel Macron, qui ne veut pas tirer de "plans sur la comète". Pourtant, à côté de lui, un conseiller glisse : "Barnier est mort, il n’a aucune chance de survie, c’est terminé". Mais l’entourage d’Emmanuel Macron est catégorique et assure que "le Président est dans son rôle": pointer l’irresponsabilité, l’incohérence, le "cynisme absolu" de ceux qui "pensent que la vie des Français est leur décor".
Si certains l’accusent d’être l’artisan du KO, lui compare la censure à une "dissolution des esprits". Mais pas question de verser dans le catastrophisme ou de "faire peur aux gens" malgré la menace d’une crise financière : "Moi, réplique le Premier ministre, je regarde les marchés…"
Enfin, Emmanuel Macron s’agace à l’idée qu’il puisse démissionner. Il n'est d'ailleurs même pas la peine de lui poser la question, elle l’exaspère ! "Ce n'est pas à la hauteur", tacle le Président. Ses adversaires, qui le demandent de quitter le pouvoir, sont "la proie des idées fixes", tacle-t-il.
D'ailleurs, hasard du calendrier : Emmanuel Macron rentre mercredi soir à Paris : "Pas d’inquiétude, il exercera dans tous les cas ses prérogatives", assure son entourage, à commencer par nommer un nouveau Premier ministre, en cas de censure. Lecornu, Bayrou, Retailleau… Des noms circulent déjà pour Matignon. Emmanuel Macron n’a pas attendu pour y penser. Une seule option semble écartée, celle d'un retour de Michel Barnier. Le toujours Premier ministre l’a dit à la télévision : certes, il a "envie de servir", mais il juge que le renommer n’aurait aucun sens après avoir été renversé.
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