Hausses d'impôts : comment Hollande tente de faire passer la pilule
Fin mars, le chef de l'Etat avait annoncé qu'il n'y aurait pas de nouveaux impôts. Dans les faits, pourtant, de nombreux contribuables vont devoir payer plus.
Oui, les impôts augmenteront de nouveau en 2014, mais chut ! il ne faut pas le dire. "Il n'y aura aucune autre augmentation d'impôts", l’année prochaine en dehors de la TVA, avait promis François Hollande lors de son intervention sur France 2, fin mars. Le 14 juillet, le discours n’était déjà plus tout à fait le même. Le chef de l’Etat a admis qu’il pourrait y avoir des augmentations d’impôts, avant de nuancer : "dans l’idéal, le moins possible". Le 22 août, l’annonce de la création d’une "contribution climat-énergie" vient anéantir les espoirs des Français qui aspirent à ne pas payer plus.
Pourtant, l’exécutif continue d’assurer qu’il n’y aura pas de nouveaux impôts. A coup de formules, bonnes excuses et non-dits, il espère faire passer la pilule. Quitte à frôler la mauvaise foi ?
La baisse du plafond du quotient familial, une mesure "juste"
Le rétropédalage de François Hollande a commencé par l’annonce de la baisse du plafond du quotient familial, le 3 juin. La mesure pénalisera au moins 12% des ménages en 2014. Le chef de l’Etat s’est justifié en affirmant qu’il s’agissait de la mesure la "plus juste, plus simple et plus efficace", pour réduire le déficit de la branche famille de la Sécurité sociale. Et il en a profité pour taper sur la droite : "la Sécurité sociale emprunte pour payer les prestations familiales (…) Si mes prédécesseurs l'ont admis, moi, pas", a-t-il expliqué à La Provence.
Ce n’est pas la première fois que le chef d’Etat s'en prenait aux anciens gouvernements pour se justifier. Déjà, lors de sa conférence de presse de novembre 2012, à propos de l’augmentation de 4% de la TVA au 1er janvier 2014, il avait tenu à préciser que c’était "quatre fois moins que ce qui avait été prévu par nos prédécesseurs". Une façon de minimiser sa volte-face, après avoir annulé le projet de TVA sociale de Nicolas Sarkozy, peu après son élection.
La taxe carbone "n'est pas un impôt"
Pour la "contribution climat-énergie", nouveau nom de la taxe carbone, la stratégie est tout autre. L'exécutif se refuse à la qualifier de "nouvel impôt". "Il ne s'agira pas d'une taxe nouvelle, supplémentaire", a expliqué le ministre de l'Environnement, Philippe Martin, à la presse, en marge de l'université d'été du PS à La Rochelle. "Ce n'est pas une fiscalité additionnelle mais une fiscalité de substitution", a-t-il assuré. "S'il s'agissait d'une taxe nouvelle, je serais contre, comme j'étais contre la taxe carbone" que Nicolas Sarkozy avait tenté de mettre en place durant le dernier quinquennat, a-t-il martelé.
"Ce n'est pas une fiscalité punitive, c'est quelque chose qui ne devra pas entraîner de recettes nouvelles, mais qui devra changer des comportements" en matière "d'écologie", a assuré vendredi matin sur RTL, le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux. "Il ne s'agit pas de créer une nouvelle taxe, a insisté la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, sur Europe 1. Il s'agit simplement de verdir des taxes déjà existantes sur l'énergie."
Le ministre du Développement, l'écologiste Pascal Canfin, joue, pour sa part, sur les mots. Il a répété lors des journées d'été d'Europe Ecologie-Les Verts, à Marseille, que ce n'était "pas un impôt supplémentaire." "Car d'autres impôts vont être baissés à l'euro près", a-t-il expliqué, selon notre journaliste Bastien Hugues sur Twitter. Le détail de cette "contribution climat énergie" n'est pour l'instant pas connu, mais son principe est de faire payer plus ceux qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre. Ainsi, pour certains Français, notamment pour ceux qui se déplacent en voiture ou qui se chauffent au fioul, elle devrait se traduire par une augmentation des prix. Les entreprises les plus gourmandes en énergie fossile (notamment le gaz) devraient aussi être touchées.
Quant à la probable hausse de la CSG, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a avoué que la piste "était sur la table" pour financer le système des retraites. Mais pour l’instant, le PS continue de se montrer divisé sur la question. L'exécutif assure que rien n’est tranché. Une manière, peut-être, de préparer les Français, en douceur.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.