Cet article date de plus d'onze ans.

L'UMP gênée par l'inventaire des années Sarkozy

Le président du parti, Jean-François Copé, accepte l'idée, mais de nombreuses voix s'élèvent contre un débat qui pourrait tourner au procès.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy et son fils Louis quittent le siège de l'UMP, le 8 juillet 2013. (FRED DUFOUR / AFP)

L'UMP est désormais prête à débattre du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Son président l'est en tout cas. Jean-François Copé, d'abord réticent, a fini par accepter l'idée d'un "débat", qu'il souhaite "sérieux et objectif", sur les cinq ans au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Il répond ainsi à la demande de plusieurs ténors du parti, mais en dérange quelques autres, qui expriment leurs doutes dans la presse, samedi et dimanche 17 et 18 août.

Ils veulent un "débat"…

Depuis le début de l'été, des voix réclament un "inventaire" du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Parmi ces voix, celles des anciens Premiers ministres, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin. Au fil des semaines, les langues se délient, parfois avec sévérité contre l'ancien président : Laurent Wauquiez déplore des "réformettes", Hervé Mariton des "erreurs".

Pour Laurent Wauquiez, vice-président de l'UMP, favorable à l'examen de la décennie durant laquelle la droite a été au pouvoir (2002-2012), "on ne construit pas l'avenir sans tirer les leçons du passé". Ce travail d'inventaire est "essentiel", faute de quoi "nous nous condamnons à la paralysie et à la politique du perroquet", plaide l'ancien ministre Patrick Devedjian.

Jean-François Copé a voulu reprendre la main, samedi, en recadrant les uns et les autres. Oui à un "débat" (il n'a pas prononcé le mot "inventaire", qui fâche les amis de Sarkozy) mais à plusieurs conditions : il servira "exclusivement l'avenir", aura lieu à l'UMP et devra être clos à la mi-octobre, suffisamment longtemps avant les prochaines élections municipales.

Mais craignent un "procès"…

Surtout, le "débat" ne devra pas devenir un "procès personnel contre Nicolas Sarkozy et François Fillon, qui ont ensemble gouverné la France pendant cinq ans". Subtil coup de griffe de Jean-François Copé à son adversaire pour la présidence de l'UMP, François Fillon, qui réclame ce droit d'inventaire.

"Procès", "règlements de comptes à la Tontons flingueurs", c'est la crainte que Luc Chatel exprime dans le JDD. L’ancienne ministre Michèle Alliot-Marie y voit même un "certain masochisme de la part de la droite". Avis partagé par l'un des leaders de la Droite forte, Geoffroy Didier, qui estime que "la gauche et une partie de la presse" ont déjà "fait le procès de Sarkozy".

La déléguée générale de l'UMP Nadino Morano est clairement contre. Dans un entretien au Parisien, dimanche, elle regrette que "certains de [sa] famille politique aient la mémoire courte ou sélective". "J'aurais aimé qu'ils mettent autant d'énergie à soutenir en son temps notre bilan qu'à réclamer aujourd'hui un inventaire".

Et préféreraient un "bilan" de la présidence Hollande

Malgré toutes les précautions prises par le patron de l'UMP, des proches de l'ancien président ont vu rouge, Patrick Balkany les résumant avec son franc-parler habituel : "Copé ferait mieux de faire l'inventaire des conneries de la gauche", lâche le député-maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) à francetvinfo. Plus diplomate, Brice Hortefeux, président de l'association Les Amis de Nicolas Sarkozy, estime que "si on s'occupe de nous, on s'occupe moins du gouvernement et de la majorité. Moi, je ne suis pas pour qu'on laisse du répit à la majorité".

Même discours pour Lionnel Luca, député des Alpes-Maritimes. "On ferait mieux de s’occuper du bilan de la première année de François Hollande", dit-il à Europe 1. "Je pense que nous prenons le risque d’un nouveau psychodrame", ajoute-t-il. Car il sait que l'inventaire, ou débat, quel que soit son nom, va mettre en évidence les divergences au sein de l'UMP.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.