"Je dois pouvoir dire ce que je pense" : menacée d'expulsion d'En marche pour ses propos homophobes, Agnès Thill dénonce une "lapidation"
"Je n’ai rien fait de mal", martèle la députée La République en marche de l'Oise, convoquée mardi 25 juin devant la commission des conflits du parti.
La députée La République en marche Agnès Thill a rendez-vous au siège du parti présidentiel mardi 25 juin à 13 heures. La commission des conflits pourrait l'exclure en raison de propos jugés homophobes y compris par certains de ses collègues de la majorité. Agnès Thill est farouchement opposée à l'ouverture de la Procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes, prévue dans le projet de loi bioéthique.
Elle estime pêle-mêle que la mesure va "évincer les pères de la naissance et de l'éducation des enfants", elle dénonce un "puissant lobby LGBT à l'Assemblée", et compare les "femmes seules" qui veulent recourir à la PMA à des "droguées". Si Agnès Thill dit s'être déjà excusée pour certains de ces propos, elle se voit comme une victime seule contre tous.
Moi je trouve que ça s’appelle de la lapidation.
Agnès Thillà franceinfo
"Il y a des pays comme ça où ils se mettent à plusieurs contre une personne sans une autre forme de procès", ose Agnès Thill. "Je dois pouvoir, dans ce pays, dire ce que je pense. Je n’ai rien fait de mal, je ne fais rien de mal", martèle la députée de l’Oise.
Une posture jugée contre-productive par les opposants à la PMA
Quoi qu'en dise Agnès Thill, un réel débat anime les députés En marche au sujet de ce projet de loi bioéthique. Ainsi, Jean-François Mbaye, certes favorable à l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, voudrait par exemple introduire une "clause de conscience" pour permettre aux médecins qui le souhaitent de refuser la PMA" . Pour autant, le député du Val-de-Marne juge qu'Agnès Thill va trop loin.
Chaque parlementaire est en droit de faire des propositions. Le problème avec Agnès Thill, c’est qu’il n’y en a pas, c’est qu’on est sur des positions où je ne vois pas en quoi on pourrait tirer une quelconque plus-value.
Jean-François Mbayeà franceinfo
Pour le député de Charente-Maritime, Raphaël Gérard, les propos d’Agnès Thill sont sans conteste "homophobes". Il exige son exclusion du parti, et menace de quitter la majorité dans le cas contraire. "Elle a une manière bien à elle de se poser en victime", avance Raphaël Gérard.
Pour lui, la posture d’Agnès Thill est même contre-productive : "Les opposants à l’ouverture de la PMA, qui peuvent exister au sein du groupe LREM, sont empêchés de parler parce qu’ils ont tellement peur d’être assimilés aux outrances de Mme Thill que, de fait, leur parole s’en trouve verrouillée."
Agnès Thill veut en tout cas se battre jusqu'au bout. Elle se rend à la convocation du parti accompagnée de son avocat et se dit prête à déposer un recours en cas d'exclusion.
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