Présidentielle : quatre questions sur 2F Conseil, la société de François Fillon critiquée par ses adversaires
Le candidat de la droite toucherait près de 18 000 euros par mois grâce à la société de consulting qu'il a créée en 2012. Plusieurs responsables politiques lui demandent de donner le nom de ses clients.
Un nom court, 2F Conseil. Deux "F", qui ramènent évidemment aux initiales de François Fillon. Derrière se cache une entreprise de consulting, créée en 2012, et qui rapporte beaucoup d'argent à l'intéressé, à en croire Le Canard enchaîné. En trois ans, elle aurait permis au candidat de la droite pour 2017 de toucher plus de 600 000 euros de salaire net, assurait l'hebdomadaire, mercredi 30 novembre.
Ces activités annexes ressurgissent en pleine campagne pour l'Elysée. Arnaud Montebourg, candidat à la primaire de la gauche, a évoqué une situation "problématique", mercredi 7 décembre, sur franceinfo. Franceinfo vous résume la polémique en répondant à quatre questions.
C'est quoi cette entreprise ?
Elle a été créée en juin 2012, c'est-à-dire entre son départ de Matignon et son arrivée comme député à l'Assemblée nationale. Les locaux de 2F Conseil se trouvent dans un immeuble du 7e arrondissement de Paris, au numéro 6 du square de la Tour-Maubourg, près des Invalides. D’après les statuts, consultés par Rue 89, la société a pour objet social "le conseil, l’assistance, la formation, la réalisation d’études, de veille, d’audits, d’analyses ou de prestations (…)" en faveur "de toute personne physique (…), personne morale (…), tout Etat et de tout organisme international européen, national, étatique, régional, départemental, municipal ou local (…)".
Combien rapporte-t-elle à François Fillon ?
Selon Le Canard enchaîné, qui a eu accès à ses comptes, 2F Conseil aurait rapporté plus de 600 000 euros de salaire net à François Fillon entre 2012 et 2015. Soit un environ 18 000 euros par mois. Cette société est une véritable "vache à lait" va jusqu'à écrire le journal satirique.
Franceinfo a consulté la déclaration de patrimoine que François Fillon a soumise, le 24 janvier 2014, auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Le vainqueur de la primaire de la droite et du centre indique avoir touché "70 000 euros" en 2012 pour ses activités de conseil.
Pourquoi fait-elle polémique ?
Parce que le consulting peut être source de conflits d’intérêts, dénoncent certains des adversaires de François Fillon. Cela fait d'ailleurs partie de la liste des activités jugées incompatibles avec celles d’un député qui est nouvellement élu. C'est écrit noir sur blanc dans l’article 146-1 du code électoral : "Il est interdit à tout député de commencer à exercer une fonction de conseil qui n'était pas la sienne avant le début de son mandat."
"Avant le début de son mandat." Ce bout de phrase est important dans le cas de François Fillon. Parce que le candidat de la droite a fait les choses dans les règles : il a pris soin de déposer les statuts de son entreprise au greffe du tribunal de commerce de Paris le 6 juin 2012. C'est-à-dire onze jours avant d'être élu député de Paris, le 17 juin.
François Fillon est donc dans son bon droit. Sauf que les sommes évoquées dans la presse choquent certains de ses adversaires dans la course à l'Elysée. A commencer par Yannick Jadot. Sur BFMTV, mardi 6 décembre, le candidat EELV à l’élection présidentielle a expliqué vouloir savoir "qui sont les clients de François Fillon. Il est indispensable qu’on sache quels étaient les clients de François Fillon, quelle entreprise a financé n’importe quel candidat. Vous n’avez pas envie de savoir pour quelles boîtes a travaillé un candidat ? S’il a travaillé pour des états étrangers ou pour des intérêts d’états étrangers avant qu’il prétende à la plus haute fonction de l’Etat ? C’est une question de souveraineté de la France, d’indépendance."
Quand on est parlementaire, on ne peut pas avoir d'activités parallèles.
"Elles sont très réglementées et elles sont soumises au contrôle de la Haute Autorité indépendante, celle qui surveille la transparence de la vie politique (...), a expliqué le candidat à la primaire de la gauche Arnaud Montebourg, invité de franceinfo, mercredi 7 décembre. En ce qui me concerne, comme ancien ministre, je suis assujetti et, à chaque fois que je passe un contrat avec quiconque, je pose la demande d'autorisation."
Que dit François Fillon ?
Rien ou presque. Il n'aime pas qu'on parle de cette société. Sollicitée par Le Canard enchaîné, l’équipe du candidat a, par exemple, refusé de dévoiler le nom des clients de l’entreprise. "L’essentiel de l’activité de 2F Conseil est constitué des conférences données par François Fillon", a-t-elle répondu, sans s'étaler davantage.
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