Mort de Robert Badinter : une vie de combats pour la justice
Sa voix résonnait quand il parlait de justice. Plus qu’une passion, ce fut le combat de toute une vie. Robert Badinter, à qui l’on doit l’abolition de la peine de mort, savait convaincre. "Des assassins, il y en aura toujours. Mais une société qui veut avancer (…) doit se dépasser et refuser la loi du Talion, la peine de mort, sinon elle ne progressera pas", déclarait-il. Fils d’immigrés juifs de Russie, il n’a que 15 ans quand son père meurt, déporté dans les camps. Il commence sa carrière d’avocat auprès d'Henry Torrès, son père spirituel.
En 1972, il défend Roger Bontems, jugé complice d’une prise d’otages sanglante et condamné à mort. Un drame pour Robert Badinter. Il n’a pas pu sauver sa tête mais sauvera celle de Patrick Henry, le meurtrier d’un garçon de 7 ans. Inscrit au Parti socialiste, il est nommé ministre de la Justice par François Mitterrand. Le 18 septembre 1981, c’est l’abolition de la peine capitale. Il défend également les droits des homosexuels, permet l’indemnisation des victimes d’accidents de la circulation et tente de s’attaquer au fléau carcéral. Devant l’immensité de la tâche, il avoue son impuissance. Président du Conseil constitutionnel durant neuf ans, il s'oppose aux majorités de droite de l’époque.
Infatigable défenseur des droits de l’homme
En 1992, alors que François Mitterrand rend hommage aux victimes du Vel’ d’Hiv’, certains trouvent le geste insuffisant et protestent bruyamment. Robert Badinter entre dans une colère froide, mémorable. "Vous m’avez fait honte ! Il y a des moments où il est dit dans la parole : les morts vous écoutent !", s’était-il emporté. Trois ans plus tard, il fait son entrée au Sénat, où il restera durant 16 ans non loin du siège de Victor Hugo, son auteur favori.
De retour à la vie civile, il crée un opéra et s'attelle à réformer le Code du Travail. En 2007, l’infatigable défenseur des droits de l’homme obtient l’inscription dans la Constitution de l’abolition de la peine de mort. "J’ai eu le sentiment que les choses étaient en ordre, et que par conséquent je pouvais m’en aller, le travail était achevé", avait-il réagi. Robert Badinter s’est éteint, mais l’histoire retiendra l’empreinte de son humanité.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.