"Petit bras", "éléments de langage", "deux poids, deux mesures"... Les députés s'interrogent sur l'interdiction des manifestations d'ultradroite demandée par Gérald Darmanin
"Quand le ministre reconnaît une erreur, je salue sa lucidité, lance le socialiste Jérôme Guedj. Maintenant, il faut s'assurer en effet que cette visibilité des mouvements de néofascistes ne puisse pas se reproduire." Pour la plupart des députés de gauche, il était grand temps que le ministre de l'Intérieur réagisse et affirme sa fermeté vis-à-vis de la manifestation autorisée à Paris, durant laquelle plusieurs centaines de membres de groupuscules d'ultradroite ont défilé, la plupart masqués, avec des croix celtiques sur des drapeaux noirs.
Trois jours après ce rassemblement, Gérald Darmanin a donc réagi devant les députés. Devant les députés, le ministre de l'Intérieur a jugé, comme la Première ministre Elisabeth Borne avant lui, "inacceptable" cette manifestation de près de 600 militants à l'appel du Comité du 9 mai, samedi à Paris. "J'ai donné comme instruction aux préfets" lorsque "tout militant d'ultradroite ou d'extrême droite ou toute association ou collectif, à Paris comme partout sur le territoire, déposera des [déclarations de] manifestations [semblables à celle de samedi à Paris]" qu'ils prennent "des arrêtés d'interdiction", a déclaré le ministre. "Nous laisserons les tribunaux juger de savoir si la jurisprudence permettra de tenir ces manifestations", a-t-il ajouté.
"Des dissolutions à la carte"
Mais, à l'Assemblée nationale, les députés de gauche se demandent s'ils peuvent vraiment faire confiance à Gérald Darmanin. "Absolument pas, répond l'Insoumis Thomas Portes. On est habitués aux éléments de langage de Gérald Darmanin, qui est un 'deux poids, deux mesures', c'est-à-dire qu'on laisse faire des manifs de nazis, mais par contre, on interdit les gens qui manifestent avec des casseroles. Donc il y a un 'deux poids, deux mesures' qui est irresponsable."
À l'autre bout de l'hémicycle, le Rassemblement national salue les promesses du ministre, même si Franck Alisio aimerait entendre la même fermeté envers les deux extrêmes. "C'est petit bras. S'il veut vraiment agir, il applique la proposition que lui fait Marine Le Pen depuis des années : dissoudre les groupuscules d'ultragauche comme d'ultradroite, qui sont un véritable danger. On a l'impression que ce sont des dissolutions à la carte." Le Rassemblement national condamne fermement la manifestation de samedi, alors que parmi les participants figurent les anciens trésoriers de Jeanne, le microparti de Marine Le Pen.
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