Primaire de la gauche : cinq questions-clés avant le second tour
Le second tour de la primaire de la gauche désignera dimanche qui, de Benoît Hamon ou de Manuel Valls, portera les couleurs du Parti socialiste et de ses alliés.
C'est la dernière ligne droite. Le second tour de la primaire de la gauche désignera, dimanche 29 janvier, qui, de Benoît Hamon ou de Manuel Valls, portera les couleurs du Parti socialiste et de ses alliés pour la présidentielle. Franceinfo revient sur les modalités et les enjeux de ce scrutin.
Qui est le favori du second tour ?
Après les résultats du premier tour, Benoît Hamon fait figure de favori. Avec 36,03% des voix, il a devancé de près de cinq points Manuel Valls (31,48%). Outre la dynamique liée à cette première place surprise, les reports de voix lui sont a priori plus favorables.
Le troisième homme, Arnaud Montebourg (17,52%), a en effet appelé très rapidement à voter pour Benoît Hamon. Malgré sa déception, l'ancien ministre de l'Economie a même participé à une sortie de terrain, vendredi, au côté du finaliste. A l'inverse, Manuel Valls ne peut compter que sur le soutien de Sylvia Pinel (et de ses maigres 2%), tandis que Vincent Peillon, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias n'ont pas fait part de leur préférence.
Sur le terrain aussi, l'élan semble être du côté de Benoît Hamon. Continuant sur la lancée de sa campagne, il a réussi à réunir près de 3 000 personnes jeudi soir à Montreuil (Seine-Saint-Denis), tandis qu'au même moment, Manuel Valls n'en attirait que 600 du côté d'Alfortville (Val-de-Marne). Le verdict des urnes est attendu dimanche dans la soirée.
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Entre Benoît Hamon et Manuel Valls, comment choisir ?
L'affiche du second tour oppose deux candidats qui représentent deux lignes opposées. Benoît Hamon, devenu frondeur après son éviction du gouvernement en 2014, a toujours creusé son sillon au sein de l'aile gauche du Parti socialiste. Au contraire, Manuel Valls est la principale figure de la frange réformiste du PS.
Ces différences de parcours se retrouvent dans leurs propositions. Benoît Hamon et Manuel Valls ont des avis diamétralement opposés sur de nombreuses mesures phares. Exemple emblématique : le revenu universel, défendu par l'ancien ministre de l'Education, est fermement rejeté par Manuel Valls.
Règle des 3% de déficit budgétaire, énergie nucléaire, cannabis, temps de travail, laïcité, sont autant de pommes de discorde entre les deux prétendants. Une aubaine pour les électeurs, qui se retrouvent ainsi devant un choix clair entre deux visions de la société.
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Pourquoi ce vote est-il décisif pour la présidentielle ?
Dans un cas comme dans l'autre, la question sera de savoir si le vainqueur sera capable ou non de rassembler la gauche. La participation, plutôt décevante lors du premier tour, pourra donner un premier élément d'analyse. Mais selon qu'ils choisissent Benoît Hamon ou Manuel Valls, les électeurs de cette primaire peuvent bouleverser la donne de la course à la présidentielle.
En cas de victoire de Manuel Valls, les partisans d'une gauche réformiste auront le choix entre lui et Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon pourrait s'en trouver mécaniquement favorisé, attirant à lui les déçus du quinquennat de François Hollande
Une victoire de Benoît Hamon, au contraire, pourrait ouvrir un boulevard à Emmanuel Macron. Entre un François Fillon aux discours ultralibéraux et un représentant socialiste perçu comme utopiste jusque dans son propre camp, l'ancien ministre et conseiller de François Hollande pourrait apparaître comme un recours pour toute une frange modérée de l'électorat.
Quelles conséquences pour le PS et la gauche ?
Quel que soit le résultat de dimanche, ce duel entre Benoît Hamon et Manuel Valls aura des conséquences sur l'avenir du Parti socialiste, voire sur sa survie. Avant même le second tour, des voix s'élèvent, dans un camp comme dans l'autre, évoquant l'impossibilité de soutenir le candidat adverse à la présidentielle en cas de défaite de leur champion. Des députés réformateurs ont ainsi préparé un texte évoquant un "droit de retrait" de la campagne de Benoît Hamon en cas de victoire de ce dernier.
Au-delà de l'élection présidentielle, ce vote donnera une indication claire de l'orientation que les électeurs de gauche souhaitent donner au PS : un parti recentré sur ses fondamentaux historiques avec Benoît Hamon, ou une formation au social-libéralisme franchement assumé ?
La grande explication au sein du parti n'aura lieu que lors du prochain congrès, vraisemblablement organisé à l'automne. La présidentielle sera passée par là et le score du vainqueur de la primaire confirmera ou non l'ascendant pris par sa ligne politique lors du vote de dimanche. Dans l'hypothèse où le candidat du PS se retrouverait cinquième de la présidentielle, derrière Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, un éclatement du parti refondé par François Mitterrand en 1971 ne serait plus à exclure.
Comment faire si j'ai envie de voter ?
Comme pour le premier tour, toute personne majeure inscrite sur les listes électorales peut voter, ainsi que les mineurs d'au moins 16 ans qui sont membres d'un parti organisant la primaire.
Pour voter, il faut se rendre dans l'un des 7 530 bureaux de vote mis en place par le comité d'organisation. Pour trouver son bureau de vote, il suffit de renseigner son adresse dans le moteur de recherche prévu à cet effet, sur franceinfo ou sur le site des primaires citoyennes.
Il sera demandé aux électeurs de signer une charte d'adhésion aux valeurs de la gauche, et de s'acquitter d'un euro pour couvrir le coût des opérations électorales.
>> Horaires, bureaux de vote… Comment voter au second tour ?
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