Regroupement familial, réforme pénale : Duflot prend le contrepied de Valls
Dans une interview à "Libération", la ministre du Logement s'oppose à différentes prises de position du ministre de l'Intérieur.
Cécile Duflot a enlevé la muselière qui l'empêchait "de l'ouvrir". La ministre du Logement s'oppose radicalement, mercredi 21 août dans Libération (article abonnés), dernières déclarations de son collègue de l'Intérieur, Manuel Valls. Elle évoque notamment l'immigration et la politique pénale, excluant toute remise en cause du regroupement familial des immigrés.
Dans cet entretien, la ministre du Logement et de l'Egalité des territoires estime que la question du regroupement familial, dont Manuel Valls a jugé mardi qu'elle "peut être posée", "ne se pose même pas : le droit à vivre en famille ne souffre pas d'exception. Il est garanti par l'article 8 de la convention européenne des droits de l'homme".
Autre sujet de discorde : la réforme pénale, qui doit être annoncée au mois de septembre. Cécile Duflot appuie la garde des Sceaux, favorable à une individualisation des sanctions et des peines aux dépens de leur automaticité. "C'est une question d'efficacité : ce n'est pas en bourrant les prisons qu'on améliore la sécurité", affirme la ministre Europe Ecologie-Les Verts, qui juge une telle réforme "indispensable".
"Il n'y a qu'une ligne de gauche"
Pour Cécile Duflot, "en matière de justice, il n'y a qu'une ligne de gauche. Elle est très bien portée par Christiane Taubira". Une manière de dire que Manuel Valls incarne une ligne de droite ? "Nul ne doit oublier que pour être dur avec le crime, il faut aussi être dur avec les causes du crime", argumente-t-elle, déclarant faire "entièrement confiance" au Premier ministre qui, dit-elle, "arbitrera le moment venu". Cécile Duflot se félicite également que Jean-Marc Ayrault ait, mardi, "annoncé à Marseille de façon très claire que nous supprimerons les peines plancher".
Alors que sa formation politique tient, à partir de jeudi, ses journées d'été à Marseille, la ministre écologiste rappelle qu'en entrant au gouvernement en mai 2012, elle a "choisi d'agir en gardant toutes (ses) convictions". "Quand j'ai un désaccord majeur avec un membre de la majorité, je n'hésite pas à le dire", proclame-t-elle.
L'ex-numéro 1 d'EELV regrette aussi certaines attaques de Jean-Luc Mélenchon, qui a réitéré le week-end précédent ses attaques contre François Hollande et Manuel Valls. "C'est dommage, car certaines de ses remarques ne sont pas infondées et même parfois pertinentes. Hélas, il tue le débat par le napalm médiatique qu'il ne peut s'empêcher de provoquer", affirme-t-elle. Enfin, elle qualifie de "rendez-vous de vérité" les arbitrages sur la fiscalité verte et la transition énergétique attendus d'ici septembre dans le cadre du projet de loi de finances 2014, et rappelle l'"insatisfaction réelle" des "militants écologistes".
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