"On n'allait pas annoncer un Premier ministre à 23 heures !" : pourquoi Emmanuel Macron a-t-il temporisé l'annonce du successeur d'Elisabeth Borne ?

Le président Emmanuel Macron a nommé mardi à Matignon Gabriel Attal, 34 ans, qui devient le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la République.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron dans la cour des Invalides le 5 janvier 2024. (STEPHANIE LECOCQ / AFP)

Un tweet en guise d'au revoir, les hommages de la droite avec qui elle a ferraillé sur les retraites ou la loi immigration, et une passation de pouvoir qui tarde à s'organiser : Elisabeth Borne a donc démissionné lundi 8 janvier après-midi, un peu moins de 20 mois après son arrivée à Matignon. Et finalement, après une nuit de réflexion, le président Emmanuel Macron a nommé mardi à Matignon Gabriel Attal, 34 ans, qui devient le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la République. Le jeune et populaire ministre de l'Education nationale va succéder à Elisabeth Borne, contrainte lundi à la démission après vingt mois passés à la tête du gouvernement.  

Mais reste une question : n'est-ce pas un peu étrange de ne pas avoir annoncé le nom du nouveau du Première ministre dans la foulée de la démission d'Elisabeth Borne ? Emmanuel Macron semble vouloir prendre son temps, ou tarde à se décider : "La nuit porte conseil", ironisait mardi matin un soutien. Et pour cause : la démission d'Elisabeth Borne a été officialisée lundi soir à 18 heures. "On n'allait pas annoncer un Premier ministre à 23 heures", s'agace un conseiller. "C'est totalement inédit, il n'y a pas de remplaçant évident", s'étrangle un autre.

On se souvient de ses vœux du 31 décembre, et de sa volonté de faire de 2024 une année de détermination et d'action. Mais Emmanuel Macron a laissé passer les JT de 20 heures et les bouclages des grands journaux. Ses soutiens le croyaient pour une fois prêt à aller vite, mais après avoir laissé passer le week-end, il s'est donc encore donné quelques heures pour peaufiner.

"Personnes solides et de qualité"

Officiellement, le chef de l'Etat voulait une équipe solide autour de son nouveau Premier ministre, au gouvernement bien sûr, mais aussi dans la composition du cabinet qui va poser ses valises à Matignon, un cabinet qu'il souhaite composé de "personnes solides et de qualité", dit l'entourage du président, ce qui est soit une manière de dire que l'entourage d'Elisabeth Borne péchait un peu sur ce point, soit qu'il mise donc sur le profil jeune de Gabriel Attal.

Ils étaient d'ailleurs beaucoup autour d'Emmanuel Macron à parier sur lui : un profil totalement différent, plus populaire, plus aussi jeune car le ministre de l'Education nationale, seulement nommé en juillet dernier rue de Grenelle, a moins de 35 ans. Ancien porte-parole du gouvernement, il est aussi passé aux Comptes publics pendant un temps.

Mais son nom n'était pas le seul à revenir dans les discussions : ceux de Julien Denormandie, ancien ministre de l'Agriculture et du Logement lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, et de Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées, reviennent régulièrement. "Autour du président, chacun a son favori", résumait ainsi une source, quand d'autres se voulait prudents : "Catherine Vautrin avait choisi ses meubles, et c'est finalement Elisabeth Borne qui avait été nommée", se souvient un député.

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