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Six conseils aux politiques pour éviter l'exclusion de leur parti

Menacé d'exclusion de l'UDI pour ses propos sur les gens du voyage, Gilles Bourdouleix, maire de Cholet, a pris les devants et démissionné mercredi. Les recommandations de francetv info aux élus pour ne pas avoir à l'imiter.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Gilles Bourdouleix, le député-maire UDI de Cholet, le 29 janvier 2010 dans son bureau à Cholet (Maine-et-Loire). (DAVID ADEMAS / MAXPPP)

L'Union des démocrates et indépendants (UDI) comptait exclure Gilles Bourdouleix pour ses déclarations sur Hitler et les gens du voyage. Finalement, le député-maire de Cholet a décidé de démissionner lui-même du parti, mercredi 24 juillet. La procédure d'exclusion avait été reportée à septembre car l'instance dirigeante du parti ne pouvait se prononcer qu'après une démarche comparant les différentes versions des faits.

Francetv info a identifié six comportements à bannir pour éviter d'être mis à la porte de sa formation politique.

1Ne pas faire le salut nazi

En mars 2011, Le Nouvel Observateur publie une photo d'un candidat du Front national aux élections cantonales, Alexandre Gabriac, le bras droit tendu. Les clichés, pris à l'époque où le jeune homme était mineur, font scandale. La commission des conflits du parti, dont fait partie Jean-Marie Le Pen, préconise un simple "blâme". Mais la présidente du FN, Marine Le Pen, décide de l'exclure. "C'est la présidente du Front national qui a la décision dernière", tranche-t-elle sur RTL.

En octobre, le jeune homme, par ailleurs conseiller régional Rhône-Alpes, fonde les Jeunesses nationalistes. Mais le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, annonce la dissolution de ce groupe ainsi que celle de l'Œuvre française, le 24 juillet.

2Ne pas minimiser les crimes de la seconde guerre mondiale

En février 2012, le député UMP du Nord Christian Vanneste estime, dans une vidéo diffusée sur internet, qu'il n'y a "pas eu de déportation homosexuelle en France" pendant la seconde guerre mondiale. "C'est une fameuse légende", ajoute-t-il même. 

Des propos aussitôt condamnés par l'ensemble de la classe politique et notamment par son parti, qui amorce une procédure d'exclusion. En pleine campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy assure en avril que Christian Vanneste est écarté de l'UMP.

Sauf que... la situation est différente pour les présidents de parti. Jean-Marie Le Pen, alors patron du Front national, déclare en 1987 que les chambres à gaz sont "un point de détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale". Une sortie qui lui a valu plusieurs condamnations judiciaires, dont une en 1991 pour "banalisation de crimes contre l'humanité" et "consentement à l'horrible". Mais il n'a pas été exclu du parti qu'il a fondé.

3Ne pas s'attaquer aux minorités en France

En 2007, le PS exclut le président de la région Languedoc-Roussillon, Georges Frêche. L'ancien maire de Montpellier a critiqué le nombre important de joueurs noirs en équipe de France de football, rapportait alors L'Express"Dans cette équipe, il y a neuf 'blacks' sur onze", avait-il déclaré en novembre 2006. Ces propos avaient suscité les protestations de l'Elysée, de toute la classe politique et de nombreuses associations. Ces mots "ne sont pas compatibles avec les valeurs d'égalité et de respect des droits humains qui fondent depuis toujours l'engagement du PS", avait écrit le PS pour justifier sa décision.

Georges Frêche, président de l'agglomération de Montpellier, lors de l'inauguration des cinq premières statues des grands hommes qu'il a commandées pour la ville de Montpellier (Hérault), le 17 septembre 2010. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Sauf que... encore une fois, la situation est particulière pour les présidents de parti. En 1991, Jacques Chirac, alors à la tête du RPR, s'attaque à l'immigration en dénonçant le montant des prestations sociales ainsi que "le bruit et l'odeur" des familles immigrées. Et d'insister : "Ce n'est pas être raciste que de dire cela." Aussitôt, le FN se félicite de constater que le RPR adopte un ton frontiste. Avis partagé par la Première ministre d'alors, Edith Cresson. Mais Jacques Chirac n'est pas inquiété.

4Ne pas soutenir le FN

L'UMP a annoncé le 19 juin l'exclusion du conseiller général Olivier Lapierre, ancien maire UMP de Saint-Gilles, dans le Gard. Il a publiquement soutenu la candidature du député Bleu Marine Gilbert Collard dans cette ville, pour les élections municipales de 2014. "Je lui ai simplement dit que s'il se présentait, je serais à ses côtés pour l'aider", avait-il déclaré sur France Bleu.


Le président de l'UMP, Jean-François Copé, rappelle dans un communiqué (PDF"qu'aucun accord d'aucune sorte ne sera accepté avec le Front national et que tout membre UMP qui viendrait à passer un accord avec le FN ou qui soutiendrait une candidature se placerait immédiatement en situation d'être exclu de l'UMP".

Sauf que... pour attirer l'électeur frontiste, l'UMP joue la carte de la droite "décomplexée". C'est la position de la Droite forte, premier mouvement du parti et nostalgique de Nicolas Sarkozy. "Le ton est joyeusement national-populiste et entre en écho direct avec celui du Front national", commentent en 2012 Les Inrocks, alors que Mediapart estime que c'est un "copier-coller du FN". Autre astuce, ne pas soutenir mais apprécier l'éventuelle élection d'un député lié au FN. Par exemple, l'UMP Brigitte Barèges a déclaré en juin 2012 qu'elle serait "ravie" si Marine Le Pen était élue à l'Assemblée nationale, rapportait alors Le Monde.

5Ne pas concurrencer le candidat désigné de son parti

Ce fut le drame des législatives de 2012. Le socialiste Olivier Falorni (Charente-Maritime) présente une candidature dissidente face à la candidate du PS, Ségolène Royal. Dès février, le parti l'exclut. Olivier Falorni finit par battre Ségolène Royal, et se félicite de "la victoire de la démocratie".

Sauf que... les règles sont à géométrie variable. Par exemple, au PS, sur 48 socialistes dissidents, 43 ont été exclus, indique Le Monde. Mais certains ont réintégré le groupe PS à l'Assemblée. "Les statuts du PS se tordent assez facilement", a remarqué le dissident Yves Goasdoué au lendemain de son élection, dans Le Nouvel Observateur.

6Ne pas frauder le fisc

En avril, le Bureau national du PS exclut l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac à l'unanimité. Il estime qu'en mentant sur son compte suisse, à la représentation nationale, au président et au gouvernement, il "a porté gravement préjudice au PS, et à ses principes". Voici quelques-uns des mensonges de Jérôme Cahuzac dont un à l'Assemblée nationale, lors d'une séance de questions au gouvernement. 

 

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