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Affaire Bygmalion : en cinq citations choc, l'interview de Jérôme Lavrilleux à "L'Obs"

L'ancien directeur adjoint de campagne de Nicolas Sarkozy pointe les responsabilités de l'ancien président dans la dérive des comptes de campagne.

Article rédigé par franceinfo
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Le député européen Jérôme Lavrilleux arrive au pôle financier du palais de justice de Paris, le 9 octobre 2015. (THOMAS SAMSON / AFP)

Il dézingue à tout va. Dans une interview donnée à L'Obs le mercredi 14 octobre 2015, Jérôme Lavrilleux enfonce Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bygmalion. Le chef de l'Etat candidat à sa réélection ne pouvait ignorer les dérapages de ses dépenses de campagne, affirme-t-il.

L'ancien directeur adjoint de campagne de Nicolas Sarkozy dit aussi avoir peur. Le député européen affirme subir des pressions pour l'empêcher de déballer à la presse le linge sale de l'UMP (devenue Les Républicains). Résumé de cet entretien en cinq citations choc. 

"Rien n'a été contrôlé"

Dans l'affaire Bygmalion, la justice enquête sur un système de double facturation. Les factures de certains meetings de Nicolas Sarkozy ont été imputées, soupçonne la justice, à l'UMP et non au candidat pour dissimuler le dépassement du plafond autorisé.

Pour Jérôme Lavrilleux, "les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 ont dérapé, et pas seulement le budget consacré aux meetings. Il ne faudrait plus appeler cette affaire 'Bygmalion', mais celle des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy." Il affirme ainsi que "rien n'a été contrôlé". Et d'ajouter : "L'UMP avait prévu de dépenser 2,5 millions d'euros cette année-là. Combien ont été finalement payés par l'UMP ? Dix millions, en plus des fausses factures de Bygmalion !" 

"Toute la hiérarchie a bafoué les règles (...) pour gagner à tout prix"

Autre citation à charge du député européen contre l'équipe du candidat Sarkozy : toute la hiérarchie de l'appareil de campagne, "de haut en bas, a bafoué les règles de façon calculée et admise pour gagner à tout prix", déclare-t-il. Jérôme Lavrilleux enfonce le clou : "L'hypothèse à laquelle je croyais au départ, celle d'une campagne qui a dérapé de façon incontrôlée car Guillaume Lambert [le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy] n'était pas l'homme de la situation, ne me paraît plus valable."

"Je n'ai pas envie d'apprendre à nager dans 20 centimètres d'eau comme Robert Boulin"

Jérôme Lavrilleux affirme aussi craindre pour sa vie : "Je ne protège personne, mais il m'arrive d'avoir peur. Je n'ai pas envie d'apprendre à nager dans 20 centimètres d'eau comme Robert Boulin", le ministre du Travail retrouvé mort le 30 octobre 1979 au bord d'un lac à Rambouillet. La famille n'a jamais cru à un suicide et l'enquête vient d'être rouverte. Et d'ajouter : "J'ai dit à mes proches que, si un jour j'avais un accident de voiture, il faudrait faire une expertise. C'était de l'humour noir… quoique."

"Mais c'est monsieur Lavrilleux, l'homme qui renseigne la presse ?"

Le député européen donne un exemple de pression qu'il affirme subir : "En juillet dernier, un sarkozyste me lance, en me voyant dans un couloir : 'Mais c'est monsieur Lavrilleux, l'homme qui renseigne la presse ?' Ce sont des gens bien qui me disent ça, des futurs Premiers ministres…"

"Contrairement à Claude Guéant, je n'ai jamais eu de coffre-fort dans lequel on pouvait entrer debout"

Ce fidèle de l'ancien président de l'UMP Jean-François Copé affirme que ni lui ni l'agence Bygmalion ne se sont enrichis dans cette affaire. Avant de citer l'ancien ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy en contre-exemple : "Moi, contrairement à Claude Guéant, je n'ai jamais eu de coffre-fort dans lequel on pouvait entrer debout, ni avant, ni pendant, ni après la campagne. Contrairement à ceux de Sarkozy, ni mon actuel ni mon ancien directeur de cabinet n'ont jamais passé une semaine sur le banc des prévenus pour avoir détourné de l'argent public via des primes en liquide."

Comme le rappelle France 3, Claude Guéant a été jugé lundi 28 septembre, pour de généreuses primes en liquide touchées entre 2002 et 2004. La justice accuse l'ancien bras droit de Nicolas Sarkozy de s'être partagé de fortes sommes d'argent avec Michel Gaudin, alors directeur général de la police nationale, et trois autres préfets de police, eux aussi mis en examen. Ces sommes étaient censées couvrir des frais d'investigation policière.

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