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Départementales : le succès de l'UMP est-il une victoire de Nicolas Sarkozy ?

Le président de l'UMP a enregistré sa première victoire électorale depuis son retour à la tête du parti. Les proches de l'ancien chef de l'Etat jubilent.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, lors d'un meeting à Palaiseau (Essonne), le 16 mars 2015. (MAXPPP)

Une victoire, pour oublier un retour laborieux. Quatre mois après le retour de Nicolas Sarkozy à sa tête, l'UMP a remporté dimanche 22 mars un net succès au premier tour des élections départementales. Selon les résultats du ministère de l'Intérieur, les listes soutenues par l'UMP (c'est-à-dire estampillée UMP et Union de la droite) ont obtenu 27,45% des voix, devant le Front national (25,24%) et les listes soutenues par le PS (21,47%).

Ses soutiens voient dans ce résultat une validation de sa stratégie droitière et un avantage pris dans la course à l'investiture pour la présidentielle 2017. Une analyse contestée par ses rivaux en interne. Francetv info pèse le pour et le contre.

Oui, l'UMP est le premier parti de France

Devancée par le Front national aux élections européennes lorsqu'elle était présidée par Jean-François Copé, l'UMP est en tête cette fois-ci. Une victoire symbolique pour Nicolas Sarkozy qui avait reproché à ses successeurs d'avoir laissé à Marine Le Pen, pendant ses deux ans d'absence, "le monopole de l'opposition à François Hollande".

Elle lui permet de s'affirmer comme l'unique alternative au Parti socialiste. "Voter dimanche prochain pour les candidats de la droite et du centre est la seule façon de préparer l'alternance", a-t-il martelé dimanche dans son allocution. "On nous prédisait qu'on serait derrière le FN, on est largement devant", se félicite Sébastien Huyghe, porte-parole de l'UMP et soutien de l'ancien président, contacté par francetv info.

Non, le FN est en tête dans de nombreux cantons et départements

Si l'UMP est en tête au niveau national, certains résultats locaux nuancent cette hiérarchie. Selon les derniers résultats du ministère de l'Intérieur, le Front national devance les listes UMP-Union de la droite et PS-Union de la gauche dans 27 départements et 343 cantons. Dans trois départements supplémentaires, la Meurthe-et-Moselle, la Haute-Vienne et l'Ariège, le FN est la première force de droite, devant les scores agrégés des listes UMP, UD et divers droite. Les listes UMP-UD sont elles en tête dans 42 départements et 829 cantons, les listes divers-droite dans 8 départements.

Oui, sa stratégie de "rassemblement de la famille" a fonctionné 

Pour les sarkozystes, cette victoire est celle de la ligne du président de l'UMP. "La stratégie de Nicolas Sarkozy, celle du rassemblement de la famille, de la fin des querelles de personnes et de la dénonciation entre le FN et le PS, a payé", se félicite Sébastien Huyghe. "C'est une belle vague bleue et une formidable victoire pour Nicolas Sarkozy. La victoire lui revient, car il a réussi à rassembler le parti et à le mettre en ordre de marche pour cette élection", jubile pour sa part le sénateur Pierre Charon dans les colonnes du Monde.

Une lecture contestée par les autres ténors de l'UMP. "Le président de l'UMP , il a gagné l'élection comme tous les membres de l'UMP ont gagné cette élection. Il a sa part de mérite naturellement, mais il n'est pas tout seul, c'est une équipe, on a travaillé ensemble", a estimé François Fillon sur RTL. "Je ne suis pas sûr que les électeurs UMP qui ont voté à Boulogne-Billancourt, à Gap ou à Saint-Nazaire ont voté pour un leader UMP ou un autre", abonde le député Thierry Solère, soutien de Bruno Le Maire, contacté par francetv info.

Non, c'est l'alliance avec le centre, défendue notamment par Alain Juppé, qui permet de l'emporter

Certains observateurs et élus estiment que ce premier tour des départementales, avec une alliance UMP-UDI dans 95% des cantons, signe surtout la victoire de la stratégie d'Alain Juppé. "Les proches de Nicolas Sarkozy font un contre-sens. La stratégie qui a fonctionné est le rassemblement de la droite et du centre, préconisée par Alain Juppé", estime Thomas Guénolé, politologue spécialiste de la droite, contacté par francetv info. Pour lui, "il n'y a pas eu d'effet Sarkozy".

De fait, l'alliance avec le centre est la principale différence par rapport aux européennes de 2014. Si l'on additionne les scores réalisés par l'UMP (20,8%) et l'UDI (9,93%) l'an dernier, on obtient 30,73% des suffrages, un score qui leur aurait permis de devancer le FN. En 2015, les listes UMP et Union de la droite (avec l'UDI) réalisent un score légèrement inférieur, à 27,45%. "Cette alliance a été faite par Nicolas Sarkozy, réplique Sébastien Huyghe. Qu'Alain Juppé soit d'accord avec cela, c'est très bien, mais c'est quand même Nicolas Sarkozy qui a été le chef d'orchestre de cette stratégie".

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