Valls : "Votre confiance, c'est la force que nous allons donner à la France"
Dernier oral pour Manuel Valls avant un nouveau vote de confiance. Le Premier ministre s'est exprimé 46 minutes devant les députés mardi après-midi, pour tenter une dernière fois de convaincre, notamment les socialistes "frondeurs" qui menacent de s'abstenir. "L'exigence que je me suis fixé : la clarté, la cohérence et la vérité, vis-à-vis du Parlement et des Français. Voilà pourquoi, le vote de confiance d'aujourd'hui n'est pas banal mais déterminant, et il engage chacun d'entre nous ", a indiqué Manuel Valls.
Gouvernement guidé par "des valeurs chères à la gauche"
Le Premier ministre s'est fendue d'une anaphore, lui aussi : "Gouverner, c'est résister, gouverner, c'est tenir, gouverner, c'est réformer, gouverner, c'est dire la vérité, gouverner, c'est aller chercher la confiance surtout quand c'est difficile. Je sollicite votre confiance car la politique de mon gouvernement est guidée par les valeurs de la République ", avant de compléter "par des valeurs chères à la gauche ".
Le Premier ministre a annoncé que les élections départementales (ex-cantonales) seraient "maintenues en mars 2015 " et que les élections régionales auraient lieu "fin 2015 ".
Réductions d'impôts pour six millions de ménages
Manuel Valls a balayé l'ensemble des thèmes d'actualité. Le Premier ministre a insisté sur la crise économique qui '"alimente tous les malaises, elle ne se résume pas qu'à des chiffres, elle tourmente les vies, les quotidiens, les repères, les familles, les liens qui nous unissent et je comprends les impatiences, les doutes, les colères. Ils sont légitimes quand le chômage atteint des niveaux aussi élevé ".
"Le déficit des administrations publiques devrait se situer à 4,4% cette année. Nous avons comme objectif de le ramener à 4,3% en 2015. Mais rien ne doit nous faire dévier de notre engagement à réaliser 50 milliards d'économies en trois ans ", a expliqué Manuel Valls.
"Les impôts de par leur accumulation depuis 2010 ont atteint un niveau insupportable pour les Français ", a-t-il dit. "Un premier pas a été accompli en direction de plus de quatre millions de ménages, dès cette rentrée. Et nous poursuivrons ce mouvement en 2015 : six millions de ménages seront ainsi concernés par la baisse de l'impôt sur le revenu ", a-t-il lancé.
Minimum vieillessse revalorisé
Manuel Valls a également annoncé une prime exceptionnelle pour les retraités percevant moins de 1.200 euros mensuels. Et un minimum vieillesse revalorisé à 800 euros, contre 792 euros actuellement. Il a également insisté sur l'importance de l'école : "Nous n'acceptons pas que 15% des élèves présentent des difficultés sévères en lecture, écriture, maths, à la sortie du primaire ". Et sur la santé : "Nous devons garantir l'accès à des soins de qualité et permettre à chacun de vieillir dignement ". "Renouer avec l'égalité républicaine, c'est aussi facilité l'accès au logement. C'est pour cela que j'ai annoncé un grand plan de relance. Ce qui compte c'est l'efficacité et pas l'idéologie ".
Pas de remise en cause des 35h ni de la durée légale du travail
Après ses annonces du début de semaine où il proposait la suppression de jours fériés, Manuel valls a mis en garde le Medef contre toute "provocation" ou "surenchère". "Personne - et je le dis clairement au patronat - ne doit prendre le risque d'affaiblir, par je ne sais quelle provocation, par je ne sais quelle surenchère, l'indispensable dialogue social qui est la marque de ce quinquennat ", a déclaré Manuel Valls.
Manuel Valls a souligné que les mesures prises par le gouvernement en faveur de l'activité et de la compétitivité des entreprises, notamment dans le cadre du pacte de responsabilité, nécessiteraient du temps pour porter pleinement leurs fruits. "Investissement : s'il y a un mot qu'il faut retenir ", a-t-il dit.
Le chef du gouvernement a réaffirmé qu'il n'y aurait "pas de remise en cause des 35 heures ni de la durée légale du travail ". "Réformer, ce n'est pas réduire le Smic. Réformer, ce n'est pas supprimer le CDI ", a-t-il dit. "Réformer, ce n'est pas diminuer les salaires dans la fonction publique. Réformer, ce n'est pas casser notre modèle social ", a-t-il poursuivi.
L'Allemagne "doit assumer ses responsabilités"
En ce qui concerne l'Union européenne et la relation avec Berlin, Manuel Valls s'est montré offensif : "La France décide elle seule de ce qu'elle doit faire ". "L'Allemagne doit assumer ses responsabilités pour relancer la croissance et redonner au projet européen son ambition ". "L'accord entre nos deux pays est indispensable pour relancer la croissance et redonner au projet européen sa véritable ambition ", a ajouté Manuel Valls, qui rencontrera le 22 septembre à Berlin la chancelière allemande pour lui présenter sa politique économique.
Evoquant le contexte international, il l'a dit "rempli de menaces ", évoquant la crise en Ukraine, "la guerre à Gaza", les ravages de la fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest, le drame des migrants en Méditerranée. Mais, selon le chef du gouvernement, "le monde est d'abord confronté à une menace terroriste dont l'ampleur et l'évolution sont inédites ". "Dans ces moments, face à ces menaces, sur ces sujets, l'unité nationale s'impose. Je ne doute pas un seul instant qu'elle sera au rendez-vous ", a-t-il conclu sur ce point.
"Les musulmans sont des citoyens de France à part entière"
Manuel Valls l'a répété et répété encore : "Nous ne faisons pas d'austérité ". "Notre modèle social n'a pas vécu. Il n'est pas dépassé", a-t-il. "En refusant l'austérité, nous portégeons les plus fragiles, les plus modestes ". S'en prenant également à l'opposition : "Demander la démission du Président, c'est mettre en cause les institutions, c'est affaiblir la France ", a-t-il dit.
Manuel Valls s'est opposé à toutes les stigmatisations, les inégalités. Les actes antisémites, antimusulmans, homophobes "gagnent du terrain ", a-t-il dit, insistant également sur l'égalité homme/femme. "Arrêtons de stigmatiser les populations, les musulmans sont des citoyens de France à part entière et la République doit protéger l'ensemble de ses citoyens ". "Mon devoir, et notre responsabilité à tous, c'est convaincre chaque Français que la République ne l'a pas abandonné. Que le projet des populistes n'est qu'une impasse ", a lancé le Premier ministre.
"Nous irons jusqu'au bout pour réformer"
"Si certains font le choix du repli, c'est aussi parce que la République n'a pas su tenir ses promesses " et leur donner "la protection que nous ne savons plus leur offrir ". "Je crois que c'est là que se trouve notre principal combat ! " a souligné l'ancien ministre de l'Intérieur. "Ma seule mission c'est d'avancer, contre vents et marées ", a-t-il dit. "Nous irons jusquau bout pour réformer ", "soyons fier de l'oeuvre accomplie et de ce que nous alllons faire ". "La France n'est pas condamnée à être la nation la plus pessimiste. La France est un grand pays ! " "Oui j'ai besoin de cette confiance, car cette confiance c'est la force que nous allons donner à la France ", a conclu Manuel Valls suivi d'une standing ovation sur les bancs socialistes.
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