: Vidéo "Il fait le contraire de ce que réclame sa base" : comment Arnaud Rousseau, patron de la FNSEA, a triplé la surface de ses terres
Il cultive avec sa femme un peu plus de 700 hectares de terres, dix fois plus que la taille moyenne des fermes françaises. En un peu plus de dix ans, il a acquis trois nouvelles exploitations autour de chez lui. Pour ce faire, le discret Arnaud Rousseau a importé les méthodes du monde des affaires dans le monde paysan. Toutes ses surfaces agricoles sont divisées en sociétés, contrôlées par une holding, Spondeo.
Pourquoi un tel montage ? L'objectif est simple : acheter des terres par le biais de la holding, et en plusieurs fois, sous forme de centaines de parts sociales. Légale, cette technique d'achat permet d'éviter le droit de préemption (en France, les terres à vendre sont cédées en priorité aux jeunes qui se lancent ou aux agriculteurs bio).
Des achats sous le radar et "une forme de double discours"
Ce genre de pratique est dénoncé par tous les syndicats agricoles, y compris la FNSEA. En 2020, un haut cadre du syndicat vantait un programme jetant les bases "d'une régulation renforcée de la politique foncière, notamment sur les parts sociales" qui permettent de la contourner. Sous la pression, en 2021, une loi a été votée pour limiter ces achats sous le radar. Spondeo achètera 26% d'une exploitation en parts sociales jusqu'en 2022, en toute légalité.
Une forme de double discours dénoncée dans cet extrait de "Complément d'enquête" par le journaliste Gilles Luneau, qui a été le premier à enquêter sur la FNSEA "Il fait le contraire de ce que réclame sa base ! Les paysans qui étaient dans la rue ces jours-ci réclamaient de faciliter l'installation des jeunes, parce qu'il y a beaucoup de paysans qui partent en retraite. En faisant ça, il n'écoute pas sa base, il écoute ses propres intérêts."
"Une captation d'une mesure de justice au profit des plus gros"
En achetant ses terres avec des sociétés distinctes, Arnaud Rousseau multiplie aussi certaines subventions de Bruxelles. Avec quatre sociétés dont il est actionnaire, il perçoit quatre versements de l'aide aux premiers hectares. "Une captation d'une mesure de justice au profit des plus gros", selon Gilles Luneau, car "cette aide est faite, au départ, pour aider les petites exploitations, et en particulier les bio et les éleveurs, les petites surfaces autour de 70 hectares".
Selon Arnaud Rousseau, ce montage n'est pas fait pour capter plus d'aides de la PAC. Dans le journal en ligne "Réussir", il explique que cette organisation lui permet de sécuriser ses exploitations, comme "n'importe quel chef d'exploitation doit le faire", car "trop de familles se retrouvent dans de très grandes difficultés quand il y a un drame".
Extrait de "Agriculture : pour qui roule la FNSEA ?", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 29 févier 2024.
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