Cet article date de plus d'un an.

Prêts à risquer la prison pour alerter sur l'urgence climatique : "Envoyé spécial" a enquêté sur les écologistes radicaux

Bloquer la circulation, asperger de soupe les toiles de maîtres, saboter un site industriel jugé polluant… les actions coup de poing se multiplient pour dénoncer l'inaction des Etats face au dérèglement climatique. Des jeunes souvent urbains et diplômés, et même des scientifiques, entrent en rébellion. Jusqu'où sont-ils prêts à aller dans la désobéissance civile ? "Envoyé spécial" a suivi trois activistes de cette nouvelle génération.
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Soutenant le collectif Dernière Rénovation, Rachel a jeté de la peinture orange sur la statue "Horse and Rider" de Charles Ray, devant la Bourse de commerce à Paris, en novembre 2022. (ENVOYÉ SPÉCIAL  / FRANCE 2)

Ils sont de plus en plus nombreux à franchir le pas de la désobéissance civile : des jeunes angoissés par les incendies à répétition, les sécheresses, les inondations, les tempêtes, la montée des eaux. Pour dénoncer l'inaction des Etats face au dérèglement climatique, ils rejoignent des mouvements comme Dernière Rénovation, Soulèvements de la Terre, ou le collectif anglais Just Stop Oil. Dans un reportage à voir le 9 février 2023, "Envoyé spécial" fait le portrait de trois de ces nouveaux activistes, radicalement engagés pour le climat. 

Rachel : "Il n'y a quasi aucune chance que je meure de vieillesse"

Comme les militantes anglaises de Just of Oil, Rachel a jeté de la peinture sur une œuvre d'art, devant la Bourse du commerce, à Paris. Mais Dernière Rénovation, le collectif qu'elle a rejoint il y a quelques mois, privilégie plutôt le blocage de la circulation pour médiatiser sa principale revendication : la rénovation thermique des bâtiments. Devoir en arriver là ne lui "fait vraiment pas plaisir, et même un peu peur"... Mais "ce qui me fait vraiment peur, ajoute cette animatrice pour enfants, c'est mon avenir." "J'ai 20 ans, poursuit-elle, je me dis que dans dix ans, ce sont des millions de gens sur les routes, que c'est des famines, des guerres, et qu'en plus de ça, il n'y a quasi aucune chance que je meure de vieillesse."

"Quand on a 20 ans et qu'on se dit ça, vous pensez vraiment que c'est possible de faire autre chose que de la résistance civile ?"

Rachel, 20 ans

dans "Envoyé spécial"

Rachel, 20 ans, animatrice pour enfants : "Il n'y a quasi aucune chance que je meure de vieillesse"
Rachel, 20 ans, animatrice pour enfants : "Il n'y a quasi aucune chance que je meure de vieillesse" Rachel, 20 ans, animatrice pour enfants : "Il n'y a quasi aucune chance que je meure de vieillesse" (ENVOYE SPECIAL / FRANCE 2)

Erwan : "Je le fais parce que l'Etat ne le fait pas"

Souvent, Erwan n'a "pas envie d'aller aux actions". Cet informaticien discret préférerait éviter de "passer trente heures en garde à vue, ou avoir un procès dans quelques mois". Quand il pénètre avec d'autres activistes d'Extinction Rebellion sur le site d'Arkema, à Lyon, pour dénoncer une usine polluante, il considère que c'est son "devoir de citoyen" : "Moi, je suis juste là pour demander à l'Etat de faire son travail. Mais si demain, l'Etat fait son travail et protège les citoyens, moi, je n'aurai aucune raison de venir ici." 

Erwan, 27 ans, informaticien : "Je le fais parce que l'Etat ne le fait pas"
Erwan, 27 ans, informaticien : "Je le fais parce que l'Etat ne le fait pas" Erwan, 27 ans, informaticien : "Je le fais parce que l'Etat ne le fait pas" (ENVOYE SPECIAL / FRANCE 2)

Malgré les risques, juridiques (un an de prison et 15 000 euros d'amende pour être entré par effraction sur un site industriel) ou physiques (il a vécu plusieurs interpellations musclées), Erwan sacrifie jours de congé et week-ends à son activité militante, persuadé qu'"il faut agir, il faut agir maintenant". 

Hugo : "Quand nous, scientifiques, on sort dans la rue, on a une crédibilité"

Hugo, 35 ans, maître de conférences : "Quand les scientifiques sortent dans la rue, on a cette crédibilité supplémentaire"
Hugo, 35 ans, maître de conférences : "Quand les scientifiques sortent dans la rue, on a cette crédibilité supplémentaire" Hugo, 35 ans, maître de conférences : "Quand les scientifiques sortent dans la rue, on a cette crédibilité supplémentaire" (ENVOYE SPECIAL : FRANCE 2)

Ses premiers pas d'activiste du climat, Hugo les a faits à l'automne 2022, aux côtés d'une vingtaine de scientifiques en blouse blanche venus de toute l'Europe. Quand astrophysiciens, biologistes ou chercheurs comme lui "sortent dans la rue et disent : 'Je ne peux plus rester chez moi, rester dans mon travail, dans ma salle de cours parce que là, c'est trop grave', forcément, on a cette crédibilité supplémentaire", estime ce trentenaire, maître de conférences en informatique.

Comme Rachel, comme Erwan et les autres militants passés à la désobéissance civile, Hugo n'a pu que constater l'échec des "moyens institutionnels habituels", pétitions et autres marches pour le climat. C'est "la raison pour laquelle on est tous là à se coller à la route, à risquer de la prison, des amendes, etc.", explique-t-il. "Le gap entre ce qu'on sait et ce qu'on fait est tellement énorme..."

Vidéos extraites d'une "Enquête sur les écolos radicaux" à voir dans "Envoyé spécial" le 9 février 2023.

> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique "Magazines".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.