: Vidéo "Notre école, elle rate quelque chose", le constat amer du directeur d'un groupe scolaire encerclé par les dealers
Un groupe scolaire encerclé par des dealers, les siestes des petits de maternelle rendues impossibles par les "Arah !" hurlés par les guetteurs... jusqu'à des tirs juste derrière les grilles et des intrusions d'individus armés dans la cour de récréation. Au cœur du quartier nîmois dit du "Chemin-bas d'Avignon", l'école primaire Georges-Bruguier vivait au rythme d'une violence continue, qui faisait les gros titres des journaux. "Envoyé spécial" y avait tourné un reportage choc en mai 2021.
Deux ans plus tard, "c'est Alcatraz"
"A l'époque où vous étiez venus, on ne pouvait pas se concentrer 100% de notre temps sur ce qu'on devait apprendre aux élèves", se souvient Christophe Boissier. On pensait à autre chose : on voulait les protéger, les mettre en sécurité." Ces nuisances et ces menaces à répétition, le fait que l'on s'attaque à l'école, "un sanctuaire, le symbole de la République", mais aussi que l'"on empêche les enfants d'apprendre", tout cela mettait le directeur hors de lui. La situation est aujourd'hui plus calme. Un bâtiment a été détruit par les services de la ville et la clôture de l'école a été réhaussée, rendant les grillages infranchissables. " Le revers de la médaille, reconnaît Christophe Boissier, c'est qu'on est cloîtrés."
"De la peine pour ces gamins qui sont tombés dans les trafics"
De ceux qui sont toujours là, de l'autre côté des grilles, ces dealers et guetteurs qui leur ont rendu la vie impossible, Christophe Boissier dit : "Bien sûr, j'ai de la peine pour eux ! Des gamins qu'on a vus au CP, qu'on a aidés à aller aux toilettes, à qui on a appris la lecture !"
"C'est pas pour ça que je leur ai appris à lire, qu'on leur a appris à compter… Donc, s'ils sont là, c'est qu'ils n'ont pas compris, et qu'on en est responsables."
Christophe Boissier, directeur du groupe scolaire Georges-Bruguierdans "Envoyé spécial"
Au-delà des grilles de Georges-Bruguier, les inégalités scolaires n'en finissent pas de révolter le futur retraité de l'Education nationale : "Pourquoi, quand on regarde les chiffres, le pourcentage d'enfants de catégories sociales défavorisées, ils ne réussissent pas mieux qu'il y a trente ans ? Pourquoi les enfants de familles en difficulté, ils ne sont pas à l'université, pourquoi ils ne sont pas en formation qualifiante ? C'est parce que notre école, elle rate quelque chose… et moi j'y suis, dans l'école. Je suis content parce que je fais tout ce que je peux, mais c'est pas assez... regrette-t-il sans cacher son émotion, parce qu'on ne les sauve pas tous."
Extrait de "Ecole : un directeur face aux dealers", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 1er juin 2023.
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