: Vidéo Penelope Fillon : l'interview oubliée
Nouvelles révélations dans le "Penelope Gate" : les journalistes d'"Envoyé spécial" ont retrouvé un document qui compromet un peu plus la défense du candidat à la présidentielle. Voici le récit complet de leur enquête.
Le magazine révèle de nouveaux éléments compromettants pour François Fillon : des extraits d'un entretien vidéo accordé par sa femme, en mai 2007, au quotidien britannique Sunday Telegraph. Penelope Fillon y déclare : "Je n'ai jamais été son assistante, ou quoi que ce soit de ce genre-là." Elle ne s'est "pas occupée de sa communication non plus", précise-t-elle.
Soupçons d'emploi fictif
Des propos tenus quelques jours après la nomination de François Fillon au poste de Premier ministre, qui confirment les révélations parues dans Le Canard enchaîné. L'hebdomadaire soupçonne François Fillon et son suppléant à l'Assemblée Marc Joulaud d'avoir rémunéré son épouse Penelope en tant qu'assistante parlementaire pour plus de 830 000 euros. Ces soupçons d'emploi fictif ont justifié l'ouverture d'une enquête par le parquet financier.
Un sujet de Tristan Waleckx, Yvan Martinet, Pierre Monégier et Elise Le Guevel, diffusé dans "Envoyé spécial" le 2 février 2017.
COMMUNIQUE DE LA SOCIETE DES JOURNALISTES DE FRANCE 2
La Société des journalistes de France 2 s’associe à la rédaction d’"Envoyé spécial" pour démentir catégoriquement les propos tenus par François Fillon lors de sa conférence de presse du lundi 6 février 2017.
Le candidat des Républicains a accusé "Envoyé spécial" d’être "une émission à charge, où l’on a sciemment pris des morceaux de phrases retirés de leur contexte", faisant allusion à l’interview donnée par son épouse en 2007 à une journaliste du Sunday Telegraph et diffusée à la télévision pour la première fois jeudi 2 février 2017 sur France 2. Cette remise en cause du professionnalisme d'une émission de service public reconnue est totalement infondée.
François Fillon a prétendu que Kim Willsher, la journaliste du Sunday Telegraph, s’était "manifestée personnellement auprès de [s]on épouse pour lui dire à quel point elle était choquée par l'utilisation qui avait été faite des morceaux de cette interview".
Dès la fin de la conférence de presse, les dires de M. Fillon ont été démentis à de multiples reprises par Kim Willsher elle-même, y compris auprès de l’AFP. Par téléphone, elle nous a indiqué n’avoir "jamais appelé Penelope Fillon ni François Fillon". "Je n’ai même pas leur numéro, s’est-elle étonnée. J’ai envoyé un mail à Penelope Fillon pour l’informer que ce n’était pas moi qui avais fourni les images, mais je n’ai jamais dit que les propos rapportés dans le reportage d’‘Envoyé spécial’ avaient été tronqués, déformés ou sortis de leur contexte."
Agacée de se voir attribuer par François Fillon des propos qu’elle n’aurait pas tenus, Kim Willsher a tweeté à 18h28 : "Non, M. Fillon, les propos d’‘Envoyé spécial’ n’ont pas été sortis de leur contexte. Le reportage ne m’a pas choquée. SVP, cessez de m’attribuer ces propos."
Malgré ces précisions, à 22h08, François Fillon a posté sur son compte Twitter les deux mails envoyés par Kim Willsher à Penelope Fillon, deux mails antérieurs à la diffusion d'"Envoyé spécial" et qui, de facto, ne remettent nullement en cause le travail de France 2. Encore une fois, François Fillon semble avoir parlé un peu vite.
Le reportage d’"Envoyé spécial" était un travail équilibré, donnant la parole à toutes les parties concernées. Les "morceaux de phrases [sic]" de l’interview de 2007 ont été précisément replacés dans leur contexte et diffusés sans montage sur plusieurs minutes. A la question "Est-ce que vous vous êtes impliquée dans ses campagnes ou sa carrière politique ?", la réponse complète de Penelope Fillon – déjà diffusée en l’état dans "Envoyé spécial" – était la suivante : "Oui, je l’ai fait. Je l’ai toujours accompagné dans ses campagnes électorales, les meetings, pour aider… Je faisais ce genre de choses, glisser des prospectus. Parce que j’aime bien… J’aime bien me mettre au fond de la salle et écouter les commentaires que les gens font sur ce qu’il dit. C’est quelque chose que je faisais quand il était maire de Sablé. J’allais dans les associations de personnes âgées, des choses comme ça, mais rien de plus, rien. Je n’ai jamais été son assistante ou quoi que ce soit de ce genre. Je ne m’occupe pas non plus de sa communication."
La Société des journalistes de France 2 et la rédaction d'"Envoyé spécial" réaffirment leur refus de voir leur travail – libre et indépendant – être ainsi injustement dénigré à des fins politiques par un candidat à l’élection présidentielle.
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