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"Emmanuel Macron a pris l'habitude de s'attribuer des mérites qui ne lui reviennent pas", juge Olivier Faure

Au lendemain de l'annonce par l'Elysée de plus de trois milliards d'euros de projets, le député de Seine-et-Marne, candidat pour prendre la tête du PS, a estimé que l'attractivité de la France, "largement commencée avant", n'était "pas nouvelle".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Olivier Faure, député socialiste de Seine-et-Marne, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.  (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Interrogé sur franceinfo mardi 23 janvier, sur les projets de grandes entreprises en France annoncés la veille, Olivier Faure, candidat pour prendre la tête du PS, a reproché à Emmanuel Macron de "s'attribuer des mérites qui ne lui reviennent pas".

"Je veux bien dire qu'Emmanuel Macron a du talent, qu'il est charismatique, simplement les trois milliards et demi qu'on nous vend (...) étaient pour la plupart des investissements programmés du temps du gouvernement précédent", a déclaré le président du groupe PS à l'Assemblée nationale.  

Par ailleurs, Olivier Faure a jugé que "l'attractivité de la France n'est pas nouvelle". Selon le député PS, le pays est attractif pour d'autres raisons. "La qualité de formation de ses salariés, ses services publics, la façon dont on y vit, ses infrastructures, c'est ça qu'il faut expliquer", a détaillé Olivier Faure, qui ne salue pas l'initiative d'Emmanuel Macron. "Je n'aime pas cette image qu'il donne de la France qui serait attractive uniquement parce qu'aujourd'hui, il fait une loi Travail qui permet de rendre plus flexible les salariés français", a-t-il lancé.

Le député de Seine-et-Marne a également souhaité que l'"on arrête de laisser penser que les premiers de cordée sont uniquement les grandes fortunes de ce pays". "J'aurais préféré qu'on les invite à l'Exposition universelle de 2025", a ajouté Olivier Faure, regrettant l'abandon du projet "par un simple courrier".

La situation "pénible" des gardiens de prison 

Alors que les surveillants de prison poursuivent leur mouvement de blocage, Olivier Faure a insisté sur la nécessité de "les entendre". "Leur situation est extrêmement pénible, difficile", a-t-il déclaré. Sous François Hollande, la décision a été prise de ne pas poursuivre le programme pour augmenter le nombre de places en prison. "C’est toujours une erreur de ne pas avoir la capacité des sanctions que l’on porte", a-t-il précisé, plaidant pour une prison qui permet de réinsérer, "de réformer les gens". "Là où la prison est censée être un moment qui permet d'aller vers la réinsertion, c’est au contraire un nid à radicalisation, pour la surenchère délictuelle, criminelle" a poursuivi Olivier Faure. "Il faut plus de places ou moins de  prisonniers, a-t-il résumé, donc, les places manquent aujourd'hui".

Une "convention" pour un bilan socialiste

Plusieurs candidats se sont déclarés afin de diriger le PS. Olivier Faure "ne se  considère pas comme le favori". "Il y a deux mois de campagnes pendant lesquels un jour je serai favori, un jour je serai challenger (...) Ce qu'il faut c'est tracer son chemin, expliquer ce que l'on veut faire", a-t-il déclaré, précisant souhaiter "réinventer la gauche et un Parti socialiste spécifique"

Olivier Faure : "je ne me considère pas comme le favori" pour remporter la présidence du PS
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Entre 30 000 et 40 000 votants sont attendus lors du Congrès des 7 et 8 avril prochains à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). "Cela dit la crise profonde que nous traversons et le fait que de très nombreux Français ou militants nous aient quittés. Toute la question est de savoir si nous sommes capables de relever le défi. Les autres ne nous ont pas remplacés", estime Olivier Faure. Pour avancer et "ne pas être dans un règlement de compte entre les uns et les autres", Olivier Faure propose "une convention qui réunisse tous les socialistes mais pas seulement" pour faire un bilan avec un regard extérieur.

Quand Olivier Faure tirait la sonnette d'alarme

Interrogé sur le bilan du quinquennat de François Hollande, Olivier Faure a estimé que "c’était un bilan plutôt positif, parce qu’il a permis de faire évoluer la société française dans le bons sens", mais qu'"il n’a pas toujours été compris". Selon le député PS, "par ailleurs, des erreurs manifestes ont totalement brouillé l’intégralité du message". Le député assume avoir soutenu la politique de François Hollande pendant cinq ans, et partager "une part de responsabilité dans cette histoire". Il a précisé avoir "parfois tiré la sonnette d'alarme sur la déchéance de nationalité, sur la loi travail, en cherchant des compromis positifs". "Je n'ai pas été entendu mais malgré tout j'ai porté ce bilan", a-t-il estimé. 

Pour Olivier Faure, François Hollande n'a pas réussi "à expliquer quelles étaient les étapes suivantes. Quand on n'a pas la vision, tout devient compliqué". Olivier Faure a expliqué sa position en prenant l'exemple d'une maison achetée à crédit. 

"On paie tous les mois une traite. On finit par considérer que c'est normal parce qu'à la fin on sait qu'on a une maison et on sait à quoi elle ressemble", a développé Olivier Faure qui dit avoir prévenu François Hollande en ces termes : "Avec toi, le problème, c'est que les gens tous les ans paient, mais ils n'ont toujours pas compris où était là maison et à quoi elle ressemblait."

Regardez l'intégralité de l'entretien d'Olivier Faure, le 23 janvier 2018 sur franceinfo.

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