Mobilisation contre la réforme des retraites, pensions minimales, loi Travail... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Olivier Dussopt
Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, était l'invité du 8h30 franceinfo, lundi 6 mars 2023. Mobilisation contre la réforme des retraites, pension minimale, surcote pour les mères... Il répond aux questions de Salhia Brakhlia et Marc Fauvelle.
Mobilisation contre la réforme des retraites : "Mettre l'économie à genoux, c'est mettre les travailleurs à genoux"
Olivier Dussopt juge "pas entendables" un certain nombre d'expressions lancées ces derniers jours par les syndicats. Le ministre du Travail vise tout particulièrement "l'expression 'mettre l'économie à genoux'", utilisée par le secrétaire général de la fédération CGT de la Chimie, Emmanuel Lépine. Ce lundi, Olivier Dussopt rétorque que "mettre l'économie à genoux, c'est en réalité mettre les travailleurs à genoux, mettre ceux qui rencontrent déjà des difficultés dans des difficultés encore plus grandes". Si "l'expression d'un désaccord est légitime", pour le ministre, ceux-ci ne doivent pas pour autant "entraîner un blocage du pays qui serait dangereux pour notre économie". À la veille justement d'une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle Olivier Dussopt estime que la mobilisation "ne change pas le caractère nécessaire de la réforme et ça ne change pas notre volonté de l'améliorer".
Réforme des retraites : sur la pension minimum à 1 200 euros, "il n'y a eu ni mensonge, ni gonflette"
"Il n'y a ni mensonge ni gonflette" sur la pension minimum à 1 200 euros, se défend ce lundi Olivier Dussopt, accusé d'avoir entretenu le flou sur la revalorisation des petites pensions prévue dans la réforme des retraites. Le ministre du Travail précise sur franceinfo pourquoi il a évoqué plusieurs nombres différents de bénéficiaires de ce futur dispositif dont bénéficieront autant les retraités actuels que les futurs salariés partants à la retraite. Sur les "17 millions de retraités" actuels, "grâce à cette garantie minimale, 1,8 million va avoir une revalorisation au mois de septembre", assure Olivier Dussopt. Il explique que "sur ce 1,8 million, la moitié aura une revalorisation entre 70 et 100 euros bruts par mois" selon "le nombre de trimestres cotisés". À cela, s'ajoutent les futurs retraités : alors que "800 000 personnes partent à la retraite chaque année, grâce à cette réforme 200 000, donc un sur quatre, vont avoir une pension plus importante que sans la réforme". Le ministre du Travail note par ailleurs que cette augmentation sera de 25 à 100 euros par mois. Selon les calculs d'Olivier Dussopt, entre 2032 et 2034, "40 000 personnes auront 100 euros de revalorisation".
Réforme des retraites : "le gouvernement est favorable" à une surcote pour les mères de famille, proposée par le groupe LR
Olivier Dussopt affirme ce lundi que "le gouvernement porte un regard très positif, nous sommes favorables" à la proposition d'une surcote pour les mères de famille portée par le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, dans le cadre de la réforme des retraites, actuellement examinée au palais du Luxembourg. Cet amendement concerne les mères de famille qui ont une carrière complète et "des trimestres de majoration pour droits familiaux". Si cette option est appréciée par le gouvernement, c'est parce que "quatre trimestres surcotés permettent d'avoir une pension revalorisée de 5%", indique le ministre du Travail. Il juge important de prendre en compte une mesure portant sur l'argent, car "même quand la maternité n'empêche pas de cotiser, ça peut être un frein à l'évolution professionnelle".
Olivier Dussopt précise que cela ne veut en rien dire que la réforme des retraites proposée par le gouvernement engendrerait des inégalités entre femmes et hommes. "Notre système de retraites n'est en rien un système anti-femmes, par contre, il calcule des pensions qui tiennent compte des inégalités tout au long de la vie et les femmes sont encore victimes d'inégalités professionnelles", précise-t-il.
Réforme des retraites : "Personne ne peut dire" combien de chômeurs supplémentaires cette réforme engendra
"Personne ne peut dire" combien de chômeurs supplémentaires la future réforme des retraites engendrera, soutient ce lundi le ministre du Travail. Dans un récent rapport, l'Unedic a affirmé que la réforme de 2010 qui décalait l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans avait entraîné une hausse de 100 000 allocataires de plus de 60 ans entre 2010 et 2022. Olivier Dussopt estime cela dit que la hausse sera "beaucoup moindre ", car "la précédente réforme augmentait l'âge de 5 mois par an, et non 3 mois" comme le prévoit l'actuelle réforme. Il ajoute que ce projet de loi maintient les "âges de départ anticipé pour les travailleurs en situation de handicap ou en situation d'invalidité". Cela permet, selon Olivier Dussopt, d'éviter "les effets de déport sur d'autres branches et d'autres administrations sociales".
Réforme des retraites : ce serait une réforme de droite "sans les mesures d'accompagnement"
Olivier Dussopt maintient sur franceinfo ses propos tenus samedi dans les colonnes du Parisien/Aujourd'hui en France, qualifiant la réforme des retraites de "réforme de gauche". Le ministre du Travail, ancien socialiste, considère que cette réforme serait de droite si elle n'avait pas de "mesures d'accompagnement" et qu'elle portait ainsi "uniquement les 64 ans, sans aucune mesure sur les carrières longues et la pénibilité". La dernière réforme des retraites, l'allongement de cotisations, date de 2013, lors du quinquennat de François Hollande.
Loi sur le Travail : "Lorsque l'offre de formation, d'insertion ou d'accompagnement est adaptée, il y aura une obligation d'y participer"
Olivier Dussopt précise les contours de son projet de réforme du RSA, dans le cadre de la future loi sur le plein-emploi, envisagée pour l'été. "Lorsque l'offre de formation, d'insertion ou d'accompagnement est adaptée, il y aura une obligation d'y participer", prévient le ministre du Travail. Il prévoit en cas de non-participation "des sanctions" qui peuvent aller "jusqu'au retrait des allocations".
Olivier Dussopt assure cela dit qu'il y aura une prise en compte des cas particuliers, comme les familles monoparentales. "On ne demande pas à une mère de famille célibataire qui a trois enfants d'aller en formation de 17h à 20h, ou alors il faut trouver un mode de garde", soutient le ministre. Pour prendre en compte ces situations, le gouvernement "fait confiance" aux "conseillers Pôle emploi et conseillers d'accompagnement social". "La puissance publique doit prévoir sur tous les territoires des offres de formation et d'accompagnement avec l'objectif de sortir les gens du RSA", affirme Olivier Dussopt qui plaide pour "une bonne coordination" sur le territoire.
------------------
Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du lundi 6 mars 2023 :
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.